Notion et définition de l’infraction de résultat (Verletzungsdelikt)
L’infraction de résultat (Verletzungsdelikt) est une notion fondamentale du droit pénal et désigne une catégorie d’infractions dans lesquelles la réalisation effective d’un résultat protégé par la loi, c’est-à-dire une atteinte à un bien juridique, est nécessaire. Contrairement aux infractions de mise en danger (« Gefährdungsdelikten »), pour lesquelles la mise en danger concrète du bien juridique suffit déjà, l’infraction de résultat suppose toujours une atteinte réelle ou un préjudice du bien juridique protégé.
L’élément essentiel de l’infraction de résultat réside donc dans l’exigence d’un « résultat » au sens de la loi. En pratique, cela signifie qu’une responsabilité pénale n’est engagée que si le comportement de l’auteur a effectivement causé le dommage ou le désavantage décrit dans l’élément légal de l’infraction.
Classement systématique en droit pénal
Distinction avec d’autres types d’infractions
1. Infraction de mise en danger
Par opposition à l’infraction de résultat, l’infraction de mise en danger suffit déjà lorsqu’il y a danger concret ou abstrait pour le bien juridique protégé, par exemple en cas de conduite en état d’ivresse (§ 316 StGB). Dans l’infraction de résultat, en revanche, le bien juridique protégé est réellement porté atteinte (p. ex. atteinte à l’intégrité physique selon § 223 StGB).
2. Infraction matérielle de résultat
La notion d’« infraction de résultat » (Verletzungsdelikt) recoupe largement celle de l’infraction matérielle de résultat (« Erfolgsdelikt »). Les deux supposent la survenance d’un résultat légalement typifié, résultant d’une atteinte au bien juridique. Dans la doctrine, ces termes sont parfois employés comme synonymes, parfois avec des nuances.
3. Infraction d’activité
Les infractions d’activité n’exigent qu’un certain acte, sans nécessiter la survenance d’un résultat. Ainsi, une infraction type de résultat s’oppose aux infractions purement d’activité, car le simple fait d’agir sans qu’un résultat dommageable ne se produise ne conduit pas à la punissabilité.
Biens juridiques protégés dans les infractions de résultat
Les biens juridiques protégés sont nombreux et incluent notamment :
- La vie (par exemple, homicide, meurtre)
- L’intégrité corporelle (p. ex. atteinte à l’intégrité physique)
- La liberté (p. ex. séquestration)
- La propriété (p. ex. dégradation de biens)
- Le patrimoine (p. ex. escroquerie, vol)
Éléments constitutifs et infractions de résultat typiques
Résultat typique prévu par la loi
Le cœur d’une infraction de résultat réside dans la survenance d’un résultat prévu par la loi. Ce résultat peut consister en un dommage matériel, comme dans le cas de l’atteinte à l’intégrité physique, c’est la lésion corporelle, ou en une atteinte immatérielle, comme dans l’atteinte à l’honneur.
Causalité et imputation objective
Dans l’infraction de résultat, il est nécessaire qu’il existe un lien de causalité entre l’acte de l’auteur et la survenance du résultat. Autrement dit, le résultat doit avoir été causé par l’acte de l’auteur. L’imputation objective exige en outre que le résultat puisse être attribué juridiquement à l’auteur.
Exemples d’infractions classiques de résultat
Parmi les infractions de résultat les plus courantes figurent notamment :
- Atteinte à l’intégrité physique (§ 223 StGB) : Le fait d’infliger des mauvais traitements corporels ou de porter atteinte à la santé d’autrui.
- Homicide volontaire (§ 212 StGB) et meurtre (§ 211 StGB) : Le fait de tuer une personne.
- Dégradation de biens (§ 303 StGB) : La détérioration ou la destruction d’un bien appartenant à autrui.
- Vol et escroquerie (selon leur forme) : Dans la mesure où ils entraînent un préjudice patrimonial ou une perte de propriété.
Tentative et commission consommée de l’infraction de résultat
Commission consommée
Une infraction de résultat est consommée lorsque le résultat typique prévu par la loi s’est entièrement réalisé ; par exemple, l’atteinte à l’intégrité physique est consommée par la survenance effective des coups ou des blessures.
Tentative
Lorsque l’auteur commence l’exécution de l’infraction sans que le résultat ne survienne, il s’agit d’une tentative d’infraction de résultat (§§ 22, 23 StGB). La tentative est toujours punissable pour les crimes, pour les délits seulement si la loi le prévoit expressément.
Conséquences juridiques et individualisation de la peine
En cas de commission consommée, l’infraction de résultat prévoit généralement des peines plus sévères que pour les infractions de mise en danger, car le bien juridique protégé n’a pas simplement été mis en danger, mais effectivement lésé. L’apparition concrète du dommage a un effet aggravant sur la peine.
Lors de l’individualisation de la peine, sont notamment pris en compte la gravité de la lésion, les circonstances des faits et le degré de culpabilité de l’auteur.
Importance en dogmatique et en pratique
Le concept d’infraction de résultat revêt une grande importance en doctrine et en jurisprudence car il est déterminant pour la fixation du moment de commission, la punissabilité de la tentative et la distinction avec d’autres types d’infractions. Il joue notamment un rôle central lors de l’examen de l’élément objectif de l’infraction.
Il convient de souligner l’importance d’une juste qualification dans les cas concrets, car cela conditionne la possibilité de poursuite d’autres participants (par exemple, complices ou coauteurs) et des actes de tentative.
Résumé et perspectives
L’infraction de résultat se caractérise, comme catégorie spécifique du droit pénal, par la nécessité d’une atteinte effective à un bien juridique pour justifier la punissabilité. Grâce à la distinction claire avec les infractions de mise en danger et d’activité, ce concept favorise la différenciation en droit pénal et influence de façon déterminante l’application de la loi dans les infractions usuelles. Parmi les infractions typiques de résultat figurent les homicides, les atteintes à l’intégrité physique et les dégradations de biens. Les conséquences pénales des infractions de résultat sont généralement plus graves, car la sphère protégée par la loi a effectivement été atteinte dans le cas concret.
Une analyse approfondie de l’infraction de résultat est incontournable dans le cadre du traitement des cas en droit pénal et en doctrine, afin d’évaluer et d’appliquer correctement les aspects complexes de la structure des éléments constitutifs, de la punissabilité de la tentative et de l’individualisation de la peine.
Questions fréquentes
Qui est protégé en tant que victime typique dans l’infraction de résultat ?
Dans le cadre des infractions de résultat, seules les personnes vivantes sont en principe protégées en tant que victimes selon les éléments constitutifs. La protection vise essentiellement à prévenir les atteintes à l’intégrité physique ou à la santé d’une personne physique. Selon l’opinion dominante, les enfants à naître et les personnes décédées ne sont pas considérés comme des victimes éligibles au sens des §§ 223 et suivants du StGB. Toutefois, le champ de protection peut varier : tandis que, pour des infractions générales comme la simple ou dangereuse atteinte à l’intégrité physique, toute personne peut être victime, certaines situations particulières – par exemple en cas de mauvais traitements envers des personnes à protéger (§ 225 StGB) – requièrent des liens personnels spécifiques. Les animaux sont protégés par des lois distinctes et ne relèvent pas de l’infraction de résultat à titre personnel.
Quelles sont les différentes formes d’atteinte à l’intégrité physique d’un point de vue juridique ?
D’un point de vue juridique, le code pénal distingue différentes formes d’infractions de résultat. L’atteinte simple à l’intégrité physique (§ 223 StGB) constitue l’infraction de base, caractérisée par un seuil de gravité relativement bas. Il existe en outre des circonstances aggravantes et des infractions à qualification de résultat, tel que l’atteinte dangereuse à l’intégrité physique (§ 224 StGB), où le recours à des armes, des moyens ou à une action collective accroît le danger de l’agression. L’atteinte grave à l’intégrité physique (§ 226 StGB) et celle suivie de la mort (§ 227 StGB) supposent, en tant qu’infractions à qualification de résultat, un préjudice corporel d’une gravité importante ou même la mort. Parmi les formes particulières figurent l’atteinte par négligence (§ 229 StGB) et l’atteinte par un agent de l’État (§ 340 StGB).
Quels sont les éléments constitutifs typiques d’une infraction de résultat ?
Les éléments constitutifs d’une infraction de résultat incluent généralement l’action (comportement actif ou par omission), la réalisation d’un résultat prévu par la loi (atteinte à l’intégrité corporelle, préjudice à la santé) ainsi que le lien causal entre l’acte et le résultat (causalité). L’acte doit en outre être objectivement illicite et subjectivement commis intentionnellement ou par négligence, selon la disposition pénale applicable. S’agissant des infractions aggravées, certaines circonstances (par exemple, usage d’objets dangereux, commission en groupe) doivent également être réunies.
Quels sont les motifs de justification applicables aux infractions de résultat ?
Les motifs de justification jouent un rôle central. En présence d’un motif général de justification – en particulier la légitime défense (§ 32 StGB) ou l’état de nécessité justifiant (§ 34 StGB) – l’illicéité de l’acte disparaît. Le consentement (§ 228 StGB) est également l’un des motifs les plus importants. Un traitement médical licite après consentement éclairé du patient constitue, au regard de la loi, une atteinte à l’intégrité physique mais est justifié par le consentement. Dans certains cas, d’autres motifs de justification comme le consentement présumé ou même des excuses (§ 35 StGB, état de nécessité excusant) peuvent jouer un rôle.
Quel est le rôle du consentement de la victime ?
Le consentement constitue un motif de justification particulier, spécifique à l’infraction. Il doit être donné avant l’acte, de façon volontaire et en pleine connaissance de cause par la victime et ne doit pas être contraire aux bonnes mœurs (§ 228 StGB). Il est contraire aux bonnes mœurs si l’acte heurte sentiment moral commun ; par exemple en cas de consentement à des atteintes graves à la santé sans raison valable. Le consentement revêt une importance particulière en cas d’interventions médicales, d’activités sportives ou d’évènements de combat. S’il fait défaut, même un acte socialement admis comme une opération devient juridiquement répréhensible.
Les infractions de résultat peuvent-elles être commises par omission ?
Une responsabilité pénale par omission peut exister dans les infractions de résultat si l’auteur omet d’accomplir un acte imposé par la loi, alors qu’il aurait pu et dû agir pour éviter le résultat (§ 13 StGB, infraction omissive impropre). La condition préalable est l’existence d’une position de garant, par exemple du fait de liens familiaux étroits (parent – enfant), de l’exercice d’une obligation spéciale de protection (p. ex. médecin – patient) ou lorsque l’auteur a lui-même créé la situation de danger. Exemple typique : l’omission de porter assistance médicale à une personne en détresse.
Existe-t-il, en cas d’infraction de résultat, une obligation de dépôt de plainte pénale ?
L’atteinte simple à l’intégrité physique (§ 223 StGB) est en principe une infraction poursuivie sur plainte. Cela signifie que la poursuite pénale n’a généralement lieu que si la victime porte plainte dans les trois mois à compter de la connaissance de l’infraction (§ 230 StGB). Il existe une exception dans le cas où un intérêt public particulier est avéré ou en présence de circonstances aggravantes, comme dans l’atteinte dangereuse à l’intégrité physique (§ 224 StGB). Celles-ci sont toujours poursuivies d’office. Le législateur cherche ainsi à protéger la vie privée et à éviter les conflits pour les délits mineurs, tandis que les atteintes graves sont toujours poursuivies par l’État.