Notion et définition de la criminalité nucléaire
Le terme « criminalité nucléaire » désigne l’ensemble des actes illicites dirigés contre l’utilisation, le stockage, le transport, la manipulation, la fabrication ainsi que la valorisation et le traitement sûrs des matières nucléaires ou des substances radioactives, ou liés à ceux-ci. Cette notion recouvre notamment les infractions impliquant l’utilisation abusive, le vol, le trafic illégal, la diffusion ou l’utilisation de combustibles nucléaires ou de substances radioactives mettant en danger la vie, la santé ou l’environnement. L’évaluation juridique de ces actes concerne tant le droit national qu’international, avec pour objectif de prévenir et de sanctionner les risques découlant d’activités non autorisées en relation avec les matières nucléaires.
Fondements juridiques de la criminalité nucléaire
Droit national
Code pénal (StGB, Allemagne)
En Allemagne, les §§ 307 à 309 du StGB revêtent une importance centrale. Ils traitent notamment de la provocation d’une explosion par énergie nucléaire en tant que crime particulièrement grave. Les dispositions comprennent :
- § 307 StGB : Provocation d’une explosion par énergie nucléaire ; l’auteur est menacé d’une lourde peine d’emprisonnement si une explosion mettant des personnes en danger est provoquée par énergie nucléaire.
- § 308 StGB : Manipulation illicite de substances radioactives et autres substances et marchandises dangereuses ; inclut la gestion par négligence.
- § 309 StGB : Mise en danger par émission de rayonnements ionisants ; vise les actes relatifs à la diffusion ou la libération négligente de substances radioactives.
Par ailleurs, la gestion des substances radioactives et des combustibles nucléaires est régie par la Loi sur la radioprotection (StrlSchG) et la Loi sur l’énergie atomique (AtG) Les deux lois contiennent des dispositions relatives aux obligations d’autorisation, à la surveillance, aux obligations de déclaration ainsi qu’à la protection contre les effets nocifs des rayonnements ionisants.
Loi sur l’énergie atomique (AtG)
La loi sur l’énergie atomique constitue la base juridique de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et réglemente également les infractions administratives et pénales liées à la manipulation des combustibles nucléaires et des substances radioactives (§§ 43-46 AtG). Cela inclut, par exemple, les infractions aux obligations d’autorisation, l’utilisation non autorisée ou la non-observation des prescriptions de sécurité.
Loi sur la radioprotection (StrlSchG)
Cette loi vise à protéger l’homme et l’environnement contre les dangers des rayonnements ionisants. Elle régit notamment la responsabilité en matière de radioprotection ainsi que la répression des infractions liées aux substances et appareils radioactifs.
Droit international
Convention sur la protection physique des matières nucléaires
Cette convention de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) oblige les États parties à assurer la sécurité des matières et installations nucléaires et prévoit des sanctions pénales en cas de violation, notamment pour vol, détournement et sabotage de matières nucléaires.
Convention sur le terrorisme nucléaire
La convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire (Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, 2005) oblige les États parties à sanctionner et à poursuivre certaines infractions liées à l’utilisation abusive de substances radioactives, d’installations et de matières nucléaires.
Règlement CE sur les biens à double usage
Le règlement (UE) 2021/821 (règlement sur les biens à double usage) réglemente le contrôle de l’exportation, du transfert, de la médiation et du transit de biens à double usage, dont les technologies nucléaires. Les violations constituent des infractions administratives graves ou des délits.
Formes de la criminalité nucléaire
Vol et trafic illégal de matières nucléaires
L’appropriation et la vente illicites de substances ou d’équipements radioactifs constituent une infraction centrale de la criminalité nucléaire. L’acquisition illégale peut servir à préparer des attentats, des extorsions ou la prolifération vers des États tiers.
Sabotage et actes terroristes
Les actes de sabotage contre des centrales nucléaires ou des installations de stockage de matières radioactives, mais aussi la menace ou la réalisation d’actes terroristes impliquant des substances radioactives (appelées « bombes sales »), constituent des infractions graves dans le contexte de la criminalité nucléaire.
Importation, exportation et transit non autorisés
Les infractions à la réglementation relative à l’importation, l’exportation et le transit lors du transport de substances nucléaires ou radioactives sont également qualifiées de criminalité nucléaire, car ces actes contreviennent aux intérêts de sécurité internationale et présentent un danger considérable.
Infractions administratives dans la gestion des matières nucléaires
Outre les infractions graves, les infractions administratives sont également poursuivies dans le contexte des matières nucléaires, par exemple les manquements aux obligations de déclaration et de documentation, l’insuffisance de la radioprotection ou le stockage inapproprié.
Peines et conséquences juridiques
Les infractions en matière de criminalité nucléaire sont en règle générale sanctionnées par des peines de prison, des amendes et/ou des interdictions professionnelles. En cas d’infractions particulièrement graves, impliquant un danger concret pour la vie ou la santé d’un grand nombre de personnes ou un dommage substantiel à l’environnement ou aux biens, des peines d’emprisonnement de longue durée voire à perpétuité sont également possibles. En outre, des mesures telles que la confiscation, la destruction des substances saisies, l’interdiction d’exercer une activité commerciale ainsi que l’entraide judiciaire et l’extradition internationale peuvent être appliquées.
Prévention et coopération internationale
Au niveau national, de nombreuses mesures visent à contrôler et surveiller la manipulation des installations nucléaires, des matières nucléaires et des substances radioactives. Cela inclut les autorités de surveillance, les concepts de sécurité, une documentation complète ainsi que la vérification régulière des stocks, des transports et du personnel.
Au niveau international, une grande importance est accordée à la coopération dans la protection contre la criminalité nucléaire. Par l’intermédiaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique, d’Interpol, d’Europol et d’autres institutions, les informations sont échangées, des approches communes d’enquête et de prévention sont développées et le commerce international de substances sensibles est surveillé.
Cas particuliers et domaines de droit connexes
Règlements, directives et dispositions particulières
En plus des lois et conventions mentionnées, des prescriptions administratives, arrêtés ministériels et normes techniques (telles que DIN, ISO) s’appliquent dans le domaine de la criminalité nucléaire, régissant la manipulation des matières radioactives.
Rapport avec d’autres infractions
La criminalité nucléaire recoupe fréquemment dans la pratique d’autres infractions, telles que la criminalité environnementale, le terrorisme, les délits relevant de la sûreté de l’État, la contrebande, l’espionnage ainsi que les infractions mettant en danger la paix publique.
Résumé
La criminalité nucléaire désigne toutes les infractions aux normes nationales et internationales relatives à la gestion des matières nucléaires et radioactives, du vol au trafic illégal en passant par les actes terroristes. Les bases juridiques sont multiples et englobent le Code pénal, la Loi sur l’énergie atomique, la Loi sur la radioprotection ainsi que les conventions internationales. Les infractions sont poursuivies tant au niveau national qu’international, la prévention et la coopération internationale occupant un rôle central. L’objectif du cadre réglementaire est d’exclure les dangers pour l’homme, l’environnement et la sécurité internationale, et de prévenir et sanctionner efficacement les actes criminels à caractère nucléaire.
Questions fréquemment posées
Quelles sont les infractions couvertes par la criminalité nucléaire selon le droit allemand ?
La criminalité nucléaire désigne, dans le contexte juridique, une multitude d’infractions relatives à la gestion illicite de matières nucléaires, de substances radioactives et à leur utilisation. Les principales dispositions figurent dans le Code pénal (StGB) de la République fédérale d’Allemagne. Sont particulièrement concernés le § 307 StGB (provocation d’une explosion par énergie nucléaire) et le § 308 StGB (provocation d’une explosion d’explosifs), dans la mesure où la substance nucléaire est utilisée pour une réaction explosive nucléaire. En outre, la Loi sur l’énergie atomique (AtG), combinée à des dispositions pénales (notamment § 328 StGB : manipulation illicite de substances radioactives et d’autres marchandises dangereuses), précise en détail quels actes (tels que l’obtention, le transfert, la transformation ou l’utilisation non autorisés) relèvent du pénal. Les actes préparatoires d’infractions nucléaires, comme la préparation d’un acte de violence grave menaçant l’État par l’obtention ou le stockage de matières nucléaires, sont également punissables. Enfin, les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, comme le § 89c StGB (« Infractions terroristes impliquant des substances radioactives ou des combustibles nucléaires »), sont applicables. Les sanctions vont des amendes aux peines de prison de plusieurs années et concernent aussi bien les personnes physiques que morales ou les entreprises.
Quel rôle jouent les conventions internationales dans la poursuite de la criminalité nucléaire ?
Les conventions internationales jouent un rôle essentiel dans la poursuite de la criminalité nucléaire, car les matières nucléaires et les substances radioactives sont souvent transportées ou échangées au-delà des frontières. La convention la plus significative est la « Convention sur la protection physique des matières nucléaires » (Physical Protection of Nuclear Material – CPPNM), entrée en vigueur en 1987 et supervisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Par sa ratification, l’Allemagne s’est engagée à garantir des mesures de protection spécifiques et à coopérer étroitement avec d’autres États et organisations internationales. La convention des Nations Unies pour la répression des actes de terrorisme nucléaire (2005) est également très importante. Ces accords internationaux obligent les États parties à sanctionner des infractions telles que le vol, la contrebande, le sabotage et l’abus de matières nucléaires et à extrader ou poursuivre les auteurs. Au sein de l’Union européenne, de nombreuses directives et règlements définissent également des normes minimales pour la sécurité des matières nucléaires et les obligations de déclaration. Ces accords visent non seulement à harmoniser l’espace juridique, mais aussi à garantir un échange d’informations fluide et une poursuite judiciaire conjointe.
Quelle est la procédure en cas de suspicion d’actes criminels nucléaires ?
En cas de soupçon d’actes criminels nucléaires, les règles générales de procédure pénale (StPO) s’appliquent tout d’abord. En Allemagne, les services compétents sont généralement les services spécialisés de la police, de l’Office fédéral de police criminelle (BKA) ainsi que les parquets ; dans les cas particulièrement graves, aussi le Parquet fédéral et les services de protection de la Constitution. En raison du contexte à risque particulier et du potentiel important de dommages, voire du contexte terroriste, les enquêtes sont menées avec une sensibilité accrue et des pouvoirs d’enquête spécifiques, par exemple la surveillance, l’interception des télécommunications ou l’entraide judiciaire internationale. La sécurisation et l’évaluation des preuves, notamment la découverte, l’identification et la conservation des matières nucléaires, sont effectuées dans le strict respect des règles techniques et juridiques afin de ne pas mettre en danger la population et d’assurer la valeur probante. Des organismes internationaux (par exemple Interpol, AIEA) sont aussi souvent associés.
Quelles sanctions prévoit le droit allemand en cas de criminalité nucléaire avérée ?
Les sanctions en cas de criminalité nucléaire avérée sont très variées dans le droit allemand. Selon la gravité et la nature de l’infraction, les peines peuvent aller de l’amende – par exemple pour des infractions moins graves aux prescriptions de la loi sur l’énergie atomique – à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans, voire à la perpétuité, notamment si des personnes ont été effectivement mises en danger ou tuées, ou si l’infraction s’inscrit dans un contexte terroriste (§§ 306b, 307, 89c StGB). Outre les peines, des mesures de sûreté sont aussi possibles, comme l’internement. Dans le cadre des infractions administratives, des amendes peuvent être infligées, en particulier en cas de manquement à la loi sur l’énergie atomique ou aux règlements afférents. D’autres conséquences accessoires peuvent également survenir, telles que le retrait d’autorisations pour les entreprises ou des interdictions d’exercer une activité professionnelle.
Dans quelle mesure les entreprises ou personnes morales peuvent-elles aussi être tenues pénalement responsables ?
En droit allemand, seules les personnes physiques peuvent en principe être pénalement responsables. Toutefois, en lien avec la criminalité nucléaire, de nombreuses possibilités existent pour infliger des amendes aux entreprises ou autres personnes morales. Selon la loi sur les infractions administratives (OWiG), notamment le § 30 OWiG, de lourdes amendes peuvent être prononcées contre une entreprise lorsque les organes dirigeants ou les employés commettent ou permettent par négligence des actes de criminalité nucléaire dans le cadre de leur activité. En outre, le saisie des profits illégalement obtenus est possible dans le cadre de la procédure (§ 73ss. StGB). Le retrait d’autorisations et de licences peut aussi être envisagé, ce qui peut priver l’entreprise de son activité dans le secteur sensible du nucléaire.
Quelles mesures préventives la législation allemande impose-t-elle pour prévenir la criminalité nucléaire ?
Le droit allemand prévoit de nombreuses mesures préventives pour éviter la criminalité nucléaire, touchant aussi bien aux domaines techniques qu’organisationnels. Citons en particulier les nombreuses prescriptions de la loi sur l’énergie atomique et des règlements qui en découlent, qui fixent des exigences détaillées pour le stockage, le transport, le traitement et le contrôle d’accès aux matières nucléaires. Les obligations d’autorisation, les contrôles de fiabilité du personnel, les concepts de sécurité et les contrôles réguliers par les autorités sont obligatoires. De plus, les exploitants d’installations nucléaires doivent remplir de vastes obligations de déclaration : toute irrégularité ou disparition de matière nucléaire doit être déclarée immédiatement (selon le règlement de déclaration atomique). La collaboration avec la police et les services de renseignement est également inscrite dans la loi afin de détecter et contrer précocement les dangers.
Quelles possibilités de coopération internationale existent dans la lutte contre la criminalité nucléaire ?
La lutte contre la criminalité nucléaire s’appuie sur divers instruments juridiques permettant une coopération internationale étroite. Il s’agit principalement d’accords bilatéraux d’entraide judiciaire, de conventions européennes et de coopérations spécifiques dans le cadre d’Interpol, d’Europol et de l’AIEA. La principale réglementation concernant la poursuite pénale internationale est la loi relative à l’entraide judiciaire internationale en matière pénale (IRG), qui fixe les conditions d’extradition, d’entraide judiciaire pour les mesures d’enquête (telles que perquisitions ou auditions de témoins) et d’échange de preuves. Il existe aussi des mécanismes d’échange européens comme le mandat d’arrêt européen qui facilite considérablement la poursuite des infractions graves telles que la criminalité nucléaire à l’échelle transfrontalière. L’un des objectifs centraux de cette coopération est la communication rapide en cas d’incident et la prévention conjointe des transports ou du trafic illicite de matières nucléaires. L’interconnexion facilite en outre l’identification des groupes criminels opérant à l’international.