Lexique juridique

Crémation

Crémation : Fondements juridiques et définition

Die Crémation (également appelée incinération ou crémation) désigne la pratique funéraire consistant à incinérer le corps d’une personne décédée dans une installation spécialement destinée à cet usage, le crématorium. Cette procédure constitue, à côté de l’inhumation, l’une des deux principales formes de sépulture reconnues et obéit à des prescriptions juridiques strictement réglementées. En Allemagne, en Autriche et en Suisse, ainsi que dans de nombreux autres pays, la crémation est une pratique courante, motivée aussi bien par des raisons confessionnelles que non religieuses.

Ce qui suit présente de manière systématique les multiples aspects juridiques de la crémation.


Réglementations légales relatives à la crémation

Législation générale sur les funérailles

La crémation est régie en République fédérale d’Allemagne, en Autriche et en Suisse principalement par les lois funéraires propres à chaque Land ou canton. La loi fédérale ne prévoit aucune règlementation uniforme au niveau national en Allemagne concernant la crémation, si bien que les modalités, procédures et conditions sont stipulées dans les lois funéraires des Länder et les règlements afférents. Ceux-ci régissent notamment :

  • Conditions d’autorisation et de réalisation de la crémation
  • Exigences applicables aux crématoriums
  • Déroulement de la crémation
  • Gestion des cendres

Exigence de consentement et devoir d’assurer les soins au défunt

Consentement fondé sur la volonté du défunt

La condition préalable à la crémation réside, en vertu des lois funéraires, généralement dans l’expression expresse de la volonté du défunt de son vivant. À défaut, le consentement écrit des proches parents est nécessaire. L’ordre de priorité des personnes autorisées à veiller aux intérêts du défunt est défini par les lois des Länder et parfois aussi par le Code civil. Les personnes donnant leur consentement assument la responsabilité de l’organisation et du type de la sépulture.

Obligation d’inhumer et devoir de soins au défunt

L’obligation d’assurer des funérailles conformes, y compris la crémation, incombe aux personnes dites responsables de la sépulture – en règle générale les proches parents. La crémation ne peut intervenir qu’après présentement d’une déclaration claire sur la volonté relative au mode de sépulture.


Déroulement et conditions de la crémation

Deuxième examen du corps (examen médico-légal en crématorium)

Une condition impérative de la crémation est la réalisation d’un second examen, indépendant, du corps, appelée examen médico-légal au crématorium (§ 16 Gesetz sur les funérailles du NRW ou articles similaires dans d’autres Länder). Ce second examen vise à écarter tout indice non détecté d’une mort non naturelle, car une autopsie judiciaire ne serait difficilement réalisable après incinération. L’examen est généralement effectué par un médecin légiste ou une autorité sanitaire compétente.

Obligations de documentation et d’information

Toute crémation doit faire l’objet d’une documentation. Les pièces requises comprennent notamment :

  • Acte de décès ou certificat de décès
  • Certificat médical relatif au second examen du corps (certificat d’incinération)
  • Justificatif du consentement à la crémation
  • Actes d’autorisation dans des cas particuliers (par ex. en cas de mort non naturelle)
  • Procès-verbaux de vérification de l’identité du corps avant la crémation

Exigences techniques pour les crématoriums

Les crématoriums nécessitent une autorisation administrative et sont soumis à des prescriptions strictes en matière technique, hygiénique et environnementale. Les cendres sont placées après combustion complète du corps dans une urne scellée portant une identification claire, afin d’éviter toute confusion.


Gestion des cendres du défunt

Situation juridique concernant l’urne cinéraire

La loi impose que les cendres du défunt soient exclusivement placées dans une urne cinéraire. Mélanger les cendres de différentes personnes décédées est interdit. L’urne est généralement munie d’un élément d’identification clair ainsi que des informations nécessaires concernant le défunt.

Inhumation des cendres

Le cadre légal relatif à l’obligation d’inhumer et au monopole des cimetières (dite « obligation de cimetière » en Allemagne) prévoit que les cendres issues d’une crémation doivent être inhumées dans un cimetière, dans un site destiné aux urnes, ou dans certains cas autorisés (par exemple immersion en mer). La conservation de l’urne à domicile est en principe interdite en Allemagne, tandis que l’Autriche et la Suisse prévoient des réglementations distinctes.

Exceptions : formes alternatives de sépulture

Dans certains Länder et États, il est permis, sous conditions, de procéder à des formes alternatives de dispersion des cendres (par exemple, sépulture en prairie d’alpage, inhumation sous un arbre ou transformation en diamant), à condition que le respect et la dignité envers le défunt soient garantis.


Réglementations transfrontalières et aspects internationaux

Transfert des cendres à l’étranger

L’acheminement des cendres à l’étranger et leur inhumation sont soumis à la réglementation du pays de destination ainsi qu’à des conventions internationales (par ex. la Convention de Berlin sur le transport de corps). Le transfert requiert une urne contenant une capsule de cendres scellée, accompagnée des documents adéquats (passeport mortuaire international, acte de décès, certificats officiels).

Importation d’urnes depuis l’étranger

En cas d’importation d’une urne en Allemagne, les règlements des Länder s’appliquent. Il convient de s’assurer que le mode d’inhumation est conforme à la législation allemande sur les funérailles, et particulièrement à l’obligation de cimetière.


Particularités et règles spéciales

Exceptions en cas de décès à implication policière ou judiciaire

En cas d’indices laissant présager une mort non naturelle, l’intervention de tiers ou une cause du décès non élucidée, il est impératif, avant toute crémation, d’obtenir l’accord des autorités d’enquête ou du parquet compétent. La crémation n’est pas autorisée tant que l’autorisation définitive n’a pas été délivrée.

Décès de personnes mineures ou incapables de consentir

En l’absence de déclaration de volonté préalablement exprimée par un défunt mineur ou une personne incapable de consentir, la décision quant au mode de sépulture revient aux proches responsables. Si ceux-ci ne remplissent pas leur obligation, le tribunal administratif ou l’autorité compétente peut intervenir de manière prescriptive.


Aspects financiers et taxes administratives

Les crémations sont soumises à des frais. Les coûts résultent des grilles tarifaires des crématoriums et des règlements communaux. Peuvent s’ajouter des frais pour le second examen du corps, l’obtention des documents, le transfert et la forme de sépulture. Les proches sont principalement tenus de supporter ces coûts ; à titre subsidiaire, les collectivités locales peuvent s’en charger au titre de leurs obligations de sûreté publique (§ 8 des lois funéraires des Länder).


Statut juridique vis-à-vis des communautés religieuses

La crémation est aujourd’hui acceptée ou du moins autorisée de façon équivalente à l’inhumation dans presque toutes les communautés religieuses. Historiquement, certaines réserves religieuses existaient, notamment dans le catholicisme et le judaïsme orthodoxe, mais elles se sont largement libéralisées. Le déroulement concret des rituels religieux peut être influencé par les prescriptions légales, notamment en ce qui concerne la gestion des cendres et la forme de la sépulture.


Résumé

La crémation constitue une forme de sépulture strictement encadrée par la loi, soumise à de nombreuses prescriptions relevant du droit régional, administratif, et dans certains cas du droit fédéral ou européen. De la déclaration de volonté jusqu’à la double expertise du corps, l’inhumation liée à un cimetière et le respect du traitement digne des cendres, de nombreuses conditions légales doivent être respectées. Des différences et particularités existent selon le Land, l’État ou le cas d’espèce, notamment lors d’inhumations à l’étranger ou de formes alternatives de sépulture. Le respect de ces prescriptions vise à assurer la dignité humaine, la sécurité publique, l’hygiène et la préservation de l’ordre relatif aux défunts.

Questions fréquentes

Qui peut, légalement, demander la crémation d’un défunt ?

Selon le droit funéraire allemand, la crémation d’un défunt ne peut être ordonnée que par certaines personnes. En règle générale, il s’agit des plus proches parents, notamment le conjoint, le partenaire enregistré, les enfants, les parents ou – à défaut – d’autres membres de la famille, conformément à ce qu’on nomme le devoir d’assurer les soins au défunt. L’ordre de priorité concret est régi par la loi funéraire du Land concerné. En outre, il convient en tout état de cause de respecter la déclaration de volonté du défunt, si ce dernier a exprimé de son vivant la décision en faveur ou à l’encontre de la crémation. À défaut d’une telle déclaration, les proches disposent du droit, voire de l’obligation, de prendre la décision en fonction de la volonté présumée du défunt. Par ailleurs, la crémation n’est autorisée que si tous les documents requis par la loi sont disponibles et qu’aucun obstacle juridique ne s’y oppose.

Quels documents juridiques sont nécessaires pour une crémation ?

La réalisation d’une crémation requiert plusieurs documents et justificatifs juridiques. Tout d’abord, le certificat de décès, établi par un médecin après le décès, doit être présenté. De plus, dans la plupart des Länder, un second examen du corps, appelé examen médico-légal en crématorium, effectué par un médecin légiste ou un médecin officiel, est légalement obligatoire. Il vise à vérifier l’absence de cause de décès non naturelle ou non élucidée. Il faut également un consentement écrit à la crémation – soit sous forme de déclaration de volonté manuscrite du défunt, soit, à défaut, de la part des proches dans le cadre du droit au soin du défunt. Par ailleurs, dans certains Länder, une autorisation de l’état civil ou de l’autorité locale compétente est nécessaire. La présentation de la carte d’identité ou du passeport ainsi que de justificatifs de lien familial est courante lors du dépôt de la demande.

Quels sont les délais légaux à respecter pour la crémation ?

Les délais de crémation sont fixés par les lois funéraires de chaque Land et peuvent varier. En règle générale, la crémation ne peut avoir lieu avant un délai minimum de 48 heures après le décès, afin de garantir toutes les exigences médico-légales, en particulier en cas de suspicion d’intervention extérieure. Il est généralement également imposé un délai maximal dans lequel la crémation ou l’inhumation des cendres doit avoir lieu : dans de nombreux Länder, il va de 4 jours (après la délivrance du certificat de décès) jusqu’à un maximum de 10 à 14 jours après la constatation du décès, avec possibilité de prolongation en cas d’exception. Des retards juridiques peuvent survenir si une enquête sur la mort est ouverte ou si le second examen du corps n’a pas encore eu lieu.

Une crémation peut-elle être autorisée en cas d’enquête en cours ?

Pendant une procédure d’enquête pénale en cours, par exemple en cas de suspicion de cause non naturelle du décès, la crémation n’est en principe pas autorisée. La crémation est un acte irréversible qui empêche en grande partie toute autopsie ou expertise médico-légale ultérieure. Pour la conservation de preuves, une attention particulière est donc exigée : en cas de cause du décès non élucidée ou de possible intervention de tiers, le parquet ordonne généralement une autopsie judiciaire et peut interdire la crémation tant que l’enquête n’est pas terminée. Ce n’est que lorsque la cause du décès a été définitivement et sans doute possible établie comme naturelle et qu’aucune autre investigation n’est nécessaire que la crémation peut juridiquement être exécutée.

Quelles particularités s’appliquent à la crémation de mineurs ?

La crémation de personnes mineures est soumise à des contrôles juridiques particuliers. Dans ces cas, les parents ou tuteurs légaux doivent impérativement donner leur consentement écrit. La loi sur les funérailles impose en outre un examen particulièrement attentif des circonstances du décès, car le risque de causes non naturelles est plus élevé chez les jeunes défunts. Le second examen médico-légal est toujours obligatoire pour les mineurs et est souvent effectué par des médecins légistes. En cas de doute sur la cause du décès ou sur le consentement des titulaires de l’autorité parentale, le parquet est saisi et peut interdire la crémation jusqu’à la levée de toutes les incertitudes juridiques.

Le devenir des cendres est-il régi par la loi ?

En Allemagne, s’applique la réglementation dite de l’obligation de cimetière ou de sépulture, selon laquelle les cendres du défunt doivent exclusivement être déposées dans un cimetière agréé ou un site spécifique d’inhumation d’urnes. La conservation, la dispersion ou l’emport des cendres hors de ces lieux ne sont autorisés que dans de très rares exceptions et sous strictes conditions, par exemple dans des sites de dispersion homologués ou, dans certains Länder, sur des terrains privés avec autorisation administrative préalable. Les règles varient selon les Länder et sont en partie très restrictives. Le non-respect constitue une infraction administrative, voire un délit.

Les décisions déjà prises concernant la crémation peuvent-elles être contestées en justice ?

Les dispositions prises concernant la crémation, par exemple par le défunt lui-même dans une directive funéraire ou un testament, sont en principe valides et contraignantes juridiquement. Une contestation n’est possible que s’il existe des indices concrets de tromperie, d’erreur, de contrainte ou d’incapacité juridique au moment de l’expression de volonté. Si des proches souhaitent s’opposer à la crémation, ils doivent faire valoir des raisons juridiques ou factuelles probantes. En cas de litige, c’est le tribunal des successions ou administratif compétent qui statue sur la validité et l’applicabilité de la disposition. La crémation peut être suspendue jusqu’à la décision définitive du tribunal.