Enseignement de l’éthique – Fondements juridiques, organisation et importance dans le système éducatif
Introduction
L’enseignement de l’éthique, en tant que matière scolaire, constitue un élément intégral du système éducatif dans de nombreux Länder en Allemagne ainsi que dans d’autres États. Il prend notamment de l’importance lorsqu’il s’agit d’offrir une alternative à l’enseignement religieux. Les cadres juridiques, l’organisation ainsi que les objectifs de l’enseignement de l’éthique sont principalement déterminés par le droit constitutionnel, les lois des Länder et les règlements internes des établissements scolaires.
Bases juridiques de l’enseignement de l’éthique
La Loi fondamentale et le droit à la liberté de religion et de conviction
La Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne garantit, à l’article 4, la liberté de croyance, de conscience, ainsi que la liberté d’affirmation religieuse et philosophique. L’article 7, alinéa 3 de la Loi fondamentale dispose en outre que l’enseignement religieux « est matière ordinaire dans les écoles publiques, à l’exception des écoles non confessionnelles ». Cette situation juridique donne naissance à l’obligation, pour les écoles publiques, de proposer une alternative à l’enseignement religieux lorsque les élèves ou leurs représentants légaux ne souhaitent pas d’enseignement religieux ou que le nombre d’élèves d’une confession donnée est insuffisant.
Lois scolaires spécifiques aux Länder
L’organisation de l’enseignement de l’éthique relève de la compétence des Länder, car selon les articles 30 et 70 de la Loi fondamentale, la souveraineté en matière d’éducation appartient aux Länder. Chaque Land définit l’étendue, les contenus, l’organisation et les conséquences juridiques de l’enseignement de l’éthique dans ses lois scolaires respectives et décrets d’application.
Exemples :
- Bade-Wurtemberg : La loi scolaire prévoit l’enseignement de l’éthique comme matière ordinaire à partir de la 5e classe pour les élèves ne suivant pas l’enseignement religieux.
- Bavière : En Bavière, l’enseignement de l’éthique est une matière obligatoire pour les élèves sans confession ainsi que pour ceux qui, sur demande, ont été dispensés d’enseignement religieux. L’organisation est régie par la Loi bavaroise sur l’éducation et l’enseignement (BayEUG).
- Berlin : À la suite du référendum « Pro Reli » (2009), l’éthique (sous l’intitulé « Éducation à la vie – Éthique – Connaissance des religions ») a été introduite comme matière obligatoire au secondaire, tandis que l’enseignement religieux est resté facultatif.
Accès, participation et dispense
La participation à l’enseignement de l’éthique est généralement obligatoire pour les élèves ne suivant pas l’enseignement religieux. Les conditions juridiques pour l’exemption de l’enseignement religieux et l’affectation à l’enseignement de l’éthique varient selon les Länder. En règle générale, une demande informelle de l’élève majeur ou de ses représentants légaux suffit.
Pour les élèves de moins de 14 ans, ce sont en principe les représentants légaux qui décident de leur participation à l’enseignement religieux ou à l’enseignement de l’éthique. À partir de 14 ans révolus, cette décision revient aux élèves eux-mêmes, car ils disposent alors de la majorité religieuse (§ 5 Loi sur l’aide à l’enfance et à la jeunesse).
Organisation et contenus de l’enseignement de l’éthique
Programmes scolaires et objectifs éducatifs
Les contenus de l’enseignement de l’éthique sont définis de façon spécifique à chaque Land via les programmes et curriculums. Les objectifs communs sont :
- Développement de la capacité de jugement moral et éthique
- Transmission des valeurs fondamentales d’une société démocratique
- Compréhension des différentes conceptions du monde et convictions religieuses
- Éducation à l’autonomie et à l’action respectueuse
L’accent est toujours mis sur l’éducation aux valeurs dans un contexte laïque, ainsi que sur la réflexion autour des questions éthiques de la vie quotidienne.
Structure des cours et évaluation des performances
L’enseignement de l’éthique est une matière obligatoire notée ou à option obligatoire qui entre dans la moyenne annuelle. L’évaluation se fait selon les principes des décrets régionaux en matière d’évaluation scolaire.
Aspects constitutionnels et jurisprudence
Jurisprudence relative à l’enseignement de l’éthique
La légalité constitutionnelle et l’organisation de l’enseignement de l’éthique et de ses alternatives ont à plusieurs reprises fait l’objet de décisions judiciaires de niveaux supérieurs, notamment :
- Cour constitutionnelle fédérale, décision du 31 mars 2006 (2 BvR 2233/02) : La Cour a confirmé que, à Berlin, l’introduction de l’enseignement de l’éthique comme matière ordinaire dans le secondaire est conforme à la Constitution et compatible avec la liberté religieuse.
- Tribunal administratif supérieur de Bavière, arrêt du 28 février 2011 (7 BV 09.1624) : Il a été décidé que l’obligation faite aux élèves de participer à l’enseignement religieux ou, à défaut, à l’enseignement de l’éthique est conforme au droit à la liberté religieuse, dans la mesure où un choix existe.
Rapport entre enseignement religieux et enseignement de l’éthique
La coexistence de l’enseignement religieux et de l’enseignement de l’éthique en tant que matières équivalentes est constitutionnellement autorisée, à condition que la liberté négative de religion (droit de ne pas suivre l’enseignement religieux) soit respectée et qu’aucune forme de désavantage n’intervienne.
Comparaisons internationales et évolutions du droit
De nombreux autres pays européens connaissent des réglementations comparables, parfois sous d’autres dénominations (par ex. éducation aux valeurs et à la société, philosophie, éducation morale). La Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) garantit à l’article 9 et au Protocole n°1 art. 2 le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. L’enseignement de l’éthique constitue un instrument de réalisation de ces droits fondamentaux dans une société pluraliste.
Résumé et perspectives
Dans le cadre juridique allemand, l’enseignement de l’éthique constitue un pilier essentiel pour garantir la neutralité religieuse et philosophique, ainsi que pour assurer une éducation complète aux valeurs. Les fondements juridiques relèvent de la Loi fondamentale, des lois des Länder ainsi que de la jurisprudence y afférente. L’organisation concrète relève de la législation des Länder et s’adapte en permanence aux évolutions sociétales. L’enseignement de l’éthique demeure un élément central dans le débat sur l’égalité des chances, la tolérance et la diversité culturelle au sein du système éducatif scolaire.
Sources :
- Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne
- Lois scolaires spécifiques aux Länder et règlements d’application
- Décisions de la Cour constitutionnelle fédérale et des tribunaux administratifs
- Programmes des ministères de l’éducation des Länder
- Convention européenne des droits de l’homme
Remarque : L’organisation exacte et la situation juridique peuvent varier en fonction du Land et de la législation en vigueur. Il est recommandé de consulter les dispositions légales applicables et les décisions de justice récentes.
Questions fréquemment posées
Qui a droit à l’enseignement de l’éthique en Allemagne ?
En Allemagne, c’est la législation de chaque Land qui détermine les ayants droit à l’enseignement de l’éthique, car les questions éducatives relèvent de la compétence des Länder. En principe, l’enseignement de l’éthique doit être proposé aux élèves qui ne participent pas à l’enseignement religieux, que ce soit pour des raisons d’appartenance confessionnelle, de convictions religieuses personnelles ou sur demande expresse des parents ou des élèves majeurs eux-mêmes. Dans certains Länder comme Berlin, l’enseignement de l’éthique est une matière obligatoire pour tous, indépendamment de la participation à l’enseignement religieux. Dans d’autres, il s’agit d’une matière de remplacement ou d’alternative. Le droit au cours d’éthique découle des principes juridiques tels que la Loi fondamentale (notamment art. 4, liberté de conscience, et art. 7, liberté religieuse et organisation du système scolaire) ainsi que des lois scolaires spécifiques aux Länder. Celles-ci régissent les procédures de dispense de l’enseignement religieux et les modalités d’inscription à l’enseignement de l’éthique.
L’enseignement de l’éthique est-il obligatoire dans tous les Länder ?
L’obligation de suivre l’enseignement de l’éthique varie d’un Land à l’autre. À Berlin et dans le Brandebourg, l’enseignement de l’éthique est obligatoire pour tous les élèves à partir de la 7e ou de la 1ère classe. Dans la plupart des autres Länder, il n’est obligatoire que pour ceux qui se sont désinscrits de l’enseignement religieux ou qui n’appartiennent à aucune communauté religieuse reconnue. Les lois scolaires des Länder (par exemple, Loi bavaroise sur l’éducation, Loi scolaire NRW) définissent précisément dans quelles conditions et pour qui l’enseignement de l’éthique est obligatoire. Parfois, un choix est possible entre l’éthique et l’enseignement religieux, mais celui-ci est souvent soumis à des formalités telles qu’une demande écrite.
Comment la dispense de l’enseignement religieux et le passage à l’enseignement de l’éthique s’effectuent-ils juridiquement ?
La dispense de l’enseignement religieux est réglementée par chaque Land, souvent en s’appuyant sur le droit fondamental à la liberté de croyance (art. 4 GG). En règle générale, les parents doivent déposer une demande écrite de dispense auprès du chef d’établissement ou de l’administration scolaire pour les enfants mineurs. Les élèves majeurs peuvent le faire eux-mêmes. Après vérification, les écoles sont tenues d’accepter la demande sans que celle-ci doive être justifiée. Une fois la dispense accordée, l’enseignement de l’éthique est proposé comme matière de remplacement. L’organisation (par exemple, la répartition en groupes, l’emploi du temps, la modalité du cours) dépend des consignes scolaires et juridiques de chaque Land et relève de la direction de l’établissement.
L’enseignement de l’éthique est-il noté et a-t-il une incidence sur le passage en classe supérieure ?
Oui, dans la plupart des Länder, l’enseignement de l’éthique est une matière régulière soumise aux standards d’évaluation scolaire classique. Il figure, comme toute autre matière notée, sur le bulletin scolaire et, en général, a une incidence sur le passage en classe supérieure. Les paragraphes correspondants figurent dans les règlements scolaires et les arrêtés relatifs aux bulletins des Länder. Avoir une note insuffisante en éthique peut compromettre le passage en classe supérieure si la moyenne générale s’en ressent. Des exceptions ou règles particulières peuvent s’appliquer selon le Land ou le type d’établissement.
Qui est autorisé à enseigner l’éthique selon les dispositions juridiques ?
Les conditions légales pour enseigner la matière éthique sont définies par les règlements sur les examens d’aptitude à l’enseignement et les dispositions spécifiques à chaque Land concernant la délivrance des cours. En principe, seuls les enseignants ayant une formation pédagogique spécifique ou une qualification complémentaire en éthique, philosophie ou disciplines similaires peuvent enseigner l’éthique. En cas de pénurie, certains Länder autorisent temporairement des exceptions, permettant à des enseignants d’autres matières de sciences sociales de dispenser ces cours, sous réserve qu’ils remplissent les exigences minimales disciplinaires et pédagogiques. Cela nécessite toujours une base légale spécifique ainsi que des autorisations particulières.
Comment la parité entre enseignement éthique et religieux est-elle garantie juridiquement ?
La parité juridique entre enseignement de l’éthique et enseignement religieux découle des principes de la Loi fondamentale, notamment l’interdiction de la discrimination et l’égalité de traitement (art. 3 GG), ainsi que le droit à la liberté religieuse et philosophique (art. 4 GG). Elle est mise en œuvre par des réglementations scolaires qui inscrivent l’éthique et la religion au catalogue des matières obligatoires avec les mêmes droits et obligations pour enseignants et élèves. Cela se traduit concrètement, par exemple, par un nombre d’heures hebdomadaires identique, une évaluation équivalente et une même importance pour le passage en classe supérieure et l’inscription sur le bulletin. Toute discrimination, qu’elle concerne l’évaluation, les ressources pédagogiques ou la reconnaissance de la matière, est juridiquement inadmissible et peut être contestée devant les tribunaux.
Les parents ou les élèves majeurs peuvent-ils contester l’organisation de l’enseignement de l’éthique ?
Les parents et les élèves majeurs disposent de droits d’audition et de recours dans le cadre des règlements administratifs et du droit administratif. En cas de problèmes formels ou de fond concernant l’organisation, l’emploi du temps, la sélection des enseignants ou l’égalité de traitement entre éthique et religion, il est d’abord possible de recourir aux voies de réclamation internes de l’établissement (professeur principal, direction, conseil d’établissement). Si aucun accord n’est trouvé, une réclamation peut être adressée à l’autorité scolaire compétente. En cas de litige, les personnes concernées peuvent recourir à la voie juridictionnelle devant le tribunal administratif. Les fondements juridiques applicables sont les lois de procédure administrative et les lois scolaires des Länder respectifs.