Définition et genèse de la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM)
Die Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM) est une organisation supranationale fondée en 1957 par le Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (Traité EURATOM) organisation supranationale. Son objectif est de promouvoir et de réguler le développement commun de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire en Europe. Le Traité EURATOM constitue l’un des documents fondateurs de l’intégration européenne et comporte une structure particulière en droit international public et institutionnelle. L’EURATOM dispose d’une personnalité juridique indépendante à côté de l’Union européenne, mais demeure étroitement liée à ses institutions.
Bases juridiques
Traité EURATOM
Der Traité EURATOM (également appelé Traité de Rome), signé le 25 mars 1957 et entré en vigueur le 1er janvier 1958, constitue la base juridique centrale de la Communauté européenne de l’énergie atomique. Le traité a été conclu par les six États fondateurs de la Communauté économique européenne et d’EURATOM – la Belgique, la République fédérale d’Allemagne, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Le traité a été modifié à plusieurs reprises au cours du processus d’intégration européenne, mais il demeure substantiellement inchangé dans ses parties essentielles.
Nature juridique et autonomie
EURATOM est une organisation internationale indépendante disposant de sa propre personnalité juridique. Malgré une forte imbrication institutionnelle avec l’UE, EURATOM doit être distinguée juridiquement et organisationnellement de l’UE conformément à l’article 1 du Traité EURATOM. Les États membres de l’UE sont aussi parties au traité EURATOM.
Rapports avec l’Union européenne
Bien que le traité de Lisbonne visait à unifier la structure de l’Union européenne, le Traité EURATOM est majoritairement demeuré autonome. Les institutions européennes comme le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil de l’Union européenne ainsi que la Commission européenne agissent dans le secteur d’EURATOM sur la base de dispositions spécifiques du Traité EURATOM.
Structure institutionnelle
Institutions
Die Institutions d’EURATOM correspondent en grande partie à celles de la Communauté européenne :
- Commission européenne (compétente spécifiquement pour EURATOM)
- Conseil de l’Union européenne (dans le cadre des réunions du Conseil EURATOM)
- Parlement européen (droits de participation limités conformément au Traité EURATOM)
- Cour de justice de l’Union européenne (compétence judiciaire également en matière d’EURATOM)
- Cour des comptes européenne (contrôle des questions budgétaires d’EURATOM)
Participation des États membres
Les États membres participent aux organes d’EURATOM ; cependant, certaines décisions, notamment en matière de politique nucléaire, restent réservées aux niveaux gouvernementaux nationaux.
Cadre juridique, objectifs et missions
Objectifs principaux
Selon l’article 2 du Traité EURATOM, les principaux objectifs de la Communauté européenne de l’énergie atomique sont :
- la promotion de la recherche et du développement dans le domaine de l’énergie nucléaire,
- l’assurance d’un approvisionnement suffisant en matières nucléaires,
- le contrôle et la garantie de l’utilisation sûre des matières nucléaires et des substances radioactives,
- le développement de normes de sécurité pour la protection de la population et des travailleurs,
- la promotion de la coopération internationale dans le domaine de l’énergie nucléaire.
Contrôle des matières nucléaires et non-prolifération
Un élément central du Traité EURATOM est le contrôle des matières fissiles. Les mesures de garanties (safeguards) visent à prévenir toute utilisation non autorisée, en particulier à des fins militaires. EURATOM est par ailleurs engagée dans les régimes internationaux de non-prolifération (notamment coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA).
Compétences et attributions juridiques
Législation et actes juridiques
Die Compétences d’EURATOM comprennent :
- l’adoption de règlements et de directives pour la promotion de l’énergie nucléaire et la réglementation de l’approvisionnement en matières nucléaires,
- pour garantir les normes de sécurité,
- pour la régulation de la recherche et du développement dans le domaine de la technologie nucléaire.
Dans le cadre législatif, les organes peuvent adopter, selon une procédure spécifique, des mesures pour mettre en œuvre les objectifs du Traité EURATOM. La participation du Parlement européen y est souvent plus restreinte que d’ordinaire pour la législation de l’UE.
Obligations d’autorisation et de contrôle
Le traité oblige les États membres à notifier certaines activités en lien avec les matières nucléaires, les réacteurs et les installations techniques à la Communauté et, le cas échéant, à obtenir une autorisation. La surveillance et l’inspection sont assurées par la Commission européenne.
EURATOM et le droit de la protection contre les radiations
Définition des normes de sécurité
La Communauté est habilitée à arrêter des normes minimales pour la protection de la santé des travailleurs et de la population contre les rayonnements ionisants (art. 30 sq. du Traité EURATOM). Celles-ci sont transposées en droit national sous forme de directives. Le droit EURATOM de la radioprotection a fortement contribué à l’harmonisation des réglementations européennes en matière de radioprotection.
Protection contre les catastrophes et gestion de crise
Le Traité EURATOM comporte des dispositions en matière de protection civile transfrontalière, d’annonce des incidents et de coordination d’actions communes en cas d’accident nucléaire.
Coopération internationale
Accords avec des pays tiers
EURATOM conclut des accords internationaux propres afin de favoriser la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire, par exemple en matière de recherche, d’approvisionnement ou de normes de sécurité, avec des pays tiers et des organisations internationales.
Coopération avec l’AIEA
La coopération avec l’ Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) joue un rôle central dans le respect des normes internationales de non-prolifération et des réglementations de sécurité.
Critiques, pertinence et évolutions récentes
Évaluation critique du Traité EURATOM
Le Traité EURATOM est controversé dans une partie de l’opinion publique et du monde scientifique pour sa promotion et son soutien à l’utilisation de l’énergie nucléaire, mais aussi en raison des droits limités de contrôle démocratique du Parlement européen. Les appels à la réforme ou à l’abrogation du traité se heurtent jusqu’à présent à l’absence d’accord politique entre les États membres.
Importance dans le cadre juridique européen actuel
Malgré les sorties nationales du nucléaire (par ex. l’Allemagne), EURATOM demeure, en particulier du fait de ses réglementations sur la radioprotection, ses mécanismes de contrôle et ses projets de recherche, une composante intégrale de l’ordre juridique européen.
Évolution du droit et perspectives
Le rôle d’EURATOM est constamment débattu au regard de nouveaux défis en matière de sécurité, d’environnement et de politique énergétique. À ce jour, le Traité EURATOM est l’un des rares traités fondateurs originels restés largement inchangés et en vigueur. Les questions d’avenir concernent surtout des adaptations dans les domaines de la transparence, du contrôle démocratique et de l’intégration dans le corpus conventionnel européen général.
Références bibliographiques et informations complémentaires
- Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (version consolidée du Traité EURATOM)
- Commission européenne – EURATOM
- EUR-Lex : Traité EURATOM
- Bungenberg, M./Herrmann, C. (éd.), « Droit européen », éditions actuelles respectives
- König, C. in : Grabitz/Hilf/Nettesheim, Le droit de l’Union européenne, commentaire Traité EURATOM
Remarque : Cet article est destiné à une entrée dans un lexique juridique et offre une présentation complète et juridiquement détaillée du concept et des bases juridiques de la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM).
Questions fréquemment posées
Quelle base juridique internationale possède actuellement la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM) ?
La Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM) repose juridiquement sur le Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique, conclu en 1957 à Rome comme « Traité de Rome » autonome. Ce traité est entré en vigueur en 1958 et a été conclu parallèlement au Traité instituant la Communauté économique européenne, bien que les deux aient des bases et objectifs juridiques différents. Le Traité EURATOM demeure en vigueur jusqu’à aujourd’hui et constitue la source primaire autonome pour les questions relatives à l’utilisation civile de l’énergie nucléaire au sein de l’Union européenne. Dans le cadre du Traité de Lisbonne de 2009, EURATOM n’a pas été entièrement intégré dans le corpus de l’UE, mais a conservé une large autonomie et ses propres organes. Néanmoins, la participation des institutions de l’Union européenne est assurée par fusion institutionnelle (depuis 1967). L’autonomie particulière d’EURATOM se manifeste également par le fait que les modifications du traité sont soumises à des procédures spécifiques de ratification et ne sont pas reprises automatiquement en cas d’évolution du droit de l’UE.
En quoi le Traité EURATOM diffère-t-il sur le fond des autres traités européens ?
Le Traité EURATOM diffère fondamentalement d’autres traités européens tels que le Traité sur l’Union européenne (TUE) ou le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) par son orientation exclusivement thématique sur la promotion, le contrôle et la recherche de l’utilisation civile de l’énergie nucléaire. Contrairement au TFUE, le Traité EURATOM règle principalement des aspects technologiques, de recherche et de sécurité en lien avec l’énergie nucléaire. Parmi les spécificités on compte le propre système de garanties et de contrôle d’EURATOM, la répartition spécifique des compétences en matière de recherche et de développement dans le domaine nucléaire, la réglementation du contrôle des matières fissiles et des mesures de radioprotection, ainsi qu’une procédure autonome de modification du traité. À cela s’ajoutent de nombreuses normes détaillées sur l’approvisionnement en matières nucléaires, la coopération avec des pays tiers et la création de centres de recherche communs, qui ne sont pas régulés dans le TFUE. La résolution des conflits obéit à des mécanismes spécifiques et non exclusivement aux instruments généraux du droit de l’UE.
Quels actes juridiques la Communauté européenne de l’énergie atomique peut-elle adopter et quelle est leur force obligatoire ?
Dans le cadre du Traité EURATOM, la Communauté est habilitée à adopter divers types d’actes juridiques, dont des règlements, directives, décisions, recommandations et avis. Les règlements et directives ont un effet obligatoire immédiat pour les États membres, l’obligation de transposition entraînant pour les directives des mesures nationales distinctes, alors que les règlements sont, en principe, d’application directe. Une signification particulière revient aux règlements EURATOM concernant la radioprotection et les mesures de contrôle relatives à la sécurité d’approvisionnement en matières nucléaires. Les décisions peuvent être adressées tant aux États membres qu’aux entreprises ou particuliers. Les actes juridiques produisent généralement un effet direct et une primauté sur le droit national, mais des exceptions sont possibles au cas par cas selon le droit constitutionnel national, notamment en matière de protection des droits fondamentaux. Comparativement aux actes du TFUE, leur champ d’application est plus restreint mais englobe toutes les activités nucléaires.
Comment sont réparties les compétences entre la Communauté européenne de l’énergie atomique et les États membres ?
Les compétences dans le cadre du Traité EURATOM sont conçues comme une forme mixte entre compétences exclusives, partagées et d’appui. EURATOM dispose de compétences étendues dans des domaines tels que la surveillance des garanties, la radioprotection, la recherche et le contrôle des matières nucléaires. Ces compétences sont détaillées dans les chapitres pertinents du traité, par exemple les chapitres VI (Approvisionnements), VII (Surveillance) et IX (Recherche commune). Cependant, de nombreux domaines, en particulier la politique d’infrastructure et d’approvisionnement énergétique ainsi que la définition des bouquets énergétiques nationaux, restent du ressort des États membres. En matière de radioprotection ou de contrôle à l’exportation et à l’importation de matières nucléaires, une harmonisation poussée et une primauté des normes EURATOM sont garanties, la mise en œuvre nationale restant placée sous le contrôle de la Commission européenne. L’architecture du traité prévient une extension des compétences d’EURATOM à d’autres domaines politiques réservés aux États membres.
Quel rôle la Cour de justice de l’Union européenne joue-t-elle dans le cadre du Traité EURATOM ?
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) joue un rôle central dans le contexte du droit EURATOM, en veillant à l’interprétation et à l’application du traité et en tranchant les litiges entre les États membres et les institutions de la Communauté. La compétence de la CJUE s’étend à tous les domaines du traité, notamment en cas de violation d’obligations résultant du Traité EURATOM, en cas de litiges entre États membres, avec la Commission ou pour des recours en annulation ou pour carence d’actes EURATOM. Des procédures préjudicielles sont également possibles, de sorte que les juridictions nationales peuvent soumettre à la CJUE des questions d’interprétation du Traité EURATOM. La Cour garantit ainsi l’application et l’interprétation uniformes du droit de la Communauté atomique, ses arrêts ayant un effet contraignant et contribuant au développement du droit primaire. Elle joue également un rôle déterminant pour les questions clés de délimitation avec les autres traités européens et pour l’incidence des lois nationales de transposition.
Comment s’articule la relation entre le droit EURATOM et le droit national des États membres ?
La relation entre le droit EURATOM et le droit national des États membres est caractérisée par la primauté du droit communautaire. Cela signifie que les dispositions nationales qui entrent en conflit avec le droit EURATOM doivent rester inappliquées. Les juridictions nationales ont l’obligation d’appliquer le droit EURATOM et de ne pas tenir compte des dispositions nationales contrariantes. Cette primauté existe indépendamment du rang interne des normes nationales et a été confirmée à plusieurs reprises par la jurisprudence de la CJUE. Des limitations existent toutefois dans les domaines particulièrement sensibles, par exemple lorsque les droits fondamentaux des constitutions nationales sont concernés ou que sont en jeu des compétences en dehors du champ d’application du Traité EURATOM. En pratique, la transposition du droit EURATOM se fait souvent par des normes nationales d’exécution qui sont étroitement encadrées par la Commission européenne.
Quelles sont les particularités en cas d’adhésion ou de retrait d’États membres de la Communauté européenne de l’énergie atomique ?
L’adhésion à la Communauté européenne de l’énergie atomique est en principe régie par le Traité EURATOM lui-même (art. 205 et suiv.) et requiert une décision unanime de tous les États membres ainsi que la ratification par le pays adhérent. Jusqu’à présent, seuls des élargissements collectifs concomitamment à l’adhésion à l’UE ont été réalisés, les deux communautés étant étroitement liées. Le traité ne contient cependant pas de dispositions spéciales détaillées sur le retrait ; en pratique, le retrait d’un État membre d’EURATOM a toujours été concomitant au retrait de l’UE, comme dans le cas du Royaume-Uni (Brexit). Les modalités de retrait sont alors fixées dans des accords de sortie spécifiques, une attention particulière étant portée à la responsabilité persistante pour les déchets radioactifs, les obligations de démantèlement ainsi que les projets de recherche en cours. Juridiquement, le Traité EURATOM prévoit que les membres restent en principe tenus aux obligations du traité jusqu’à la pleine mise en œuvre de toutes les dispositions de retrait.