Lexique juridique

Commonwealth

Terme et définition : Commonwealth

Le terme Commonwealth désigne une communauté d’États souverains qui s’unissent formellement à des fins politiques, juridiques ou historiques. Dans la communauté internationale contemporaine, le terme est notamment utilisé en lien avec le Commonwealth of Nations ainsi que dans diverses constitutions et systèmes juridiques. Ce mot est à l’origine issu de l’anglais et signifie littéralement « bien commun » ; il fait référence à une association dont les États membres sont unis par des principes communs tels que la coopération, l’égalité et l’entraide.


Développement et fondements historiques

Origines historiques

Le terme « Commonwealth » apparaît pour la première fois dans le langage politique en Angleterre aux XVe et XVIe siècles et désignait alors la communauté politique dans le sens du bien commun. Cette désignation anglaise a été utilisée de manière importante sous le régime républicain d’Oliver Cromwell (1649-1660) (« Commonwealth of England »). Avec la formation et la dissolution ultérieure de l’Empire britannique, le terme a servi à décrire les nouvelles relations entre la Grande-Bretagne et ses anciennes colonies.

Évolution vers le Commonwealth of Nations

Les relations juridiques entre les dominions britanniques ont été réorganisées par le Statut de Westminster de 1931. Les anciennes colonies ont obtenu une large autonomie juridique. En 1949, le nom a été changé en « Commonwealth of Nations ». Depuis lors, le Commonwealth est une association volontaire d’États souverains dotée de sa propre Charte (« Commonwealth Charter »).


Statut juridique et structure du Commonwealth

Membres et leur souveraineté juridique

Le Commonwealth est composé de plus de 50 États indépendants qui s’engagent, par adhésion volontaire, à collaborer ensemble. Les États membres demeurent souverains ; le Commonwealth ne constitue donc pas un État supérieur au sens d’un État fédéral. L’adhésion ne requiert pas la reconnaissance d’un chef d’État commun ; cependant, de nombreux membres reconnaissent le chef d’État britannique aussi en tant que leur propre chef, par exemple comme monarque d’Australie, du Canada ou de Nouvelle-Zélande.

Nature juridique de l’adhésion

L’adhésion au Commonwealth est un acte de droit international, mais elle n’est pas fondée sur un traité juridiquement contraignant, mais sur la reconnaissance symbolique et l’acceptation de principes communs (par exemple : démocratie, droits de l’homme, État de droit). La charte, dite « Commonwealth Charter », ne contient aucune obligation juridiquement contraignante, mais formule des engagements politiques des États.


Application constitutionnelle du terme

Le terme Commonwealth dans les textes constitutionnels

Divers États utilisent le terme « Commonwealth » dans leur appellation officielle. Exemples :

  • Commonwealth of Australia (Australie)
  • Commonwealth of The Bahamas (Bahamas)
  • Commonwealth of Dominica (Dominique)
  • Commonwealth of Pennsylvania (État américain, à titre purement historique)
  • Commonwealth of Kentucky (État américain, à titre purement historique)

Dans ces cas, le terme ne désigne pas une entité juridique supranationale, mais souligne une référence philosophique à l’idée de bien commun et d’autonomie gouvernementale. Par exemple en Australie, le « Commonwealth of Australia » est la désignation constitutionnelle de l’État fédéral.

Portée juridique en droit australien

En droit australien, le terme « Commonwealth » est régulièrement utilisé comme synonyme du niveau fédéral. Le « Commonwealth » est partie à des procès, peut acquérir des biens et se soumet à des lois. Les compétences entre le « Commonwealth » (fédération) et les « States » (États fédérés) sont détaillées dans la Constitution australienne.


Relations juridiques internationales du Commonwealth

Statut en droit international

Le Commonwealth ne possède pas de souveraineté supranationale ou de caractère juridique international tel que l’Union européenne, par exemple. Cependant, il dispose au niveau international du statut d’observateur auprès de diverses organisations. La coopération interétatique se fait sur une base volontaire, politique et non juridiquement contraignante.

Institutions et nature juridique des décisions

Il existe différentes institutions au sein du Commonwealth :

  • Commonwealth Secretariat : Centre administratif situé à Londres, chargé de l’organisation et de la coordination, sans pour autant disposer de pouvoir décisionnel contraignant.
  • Commonwealth Heads of Government Meeting (CHOGM) : Réunions régulières des chefs de gouvernement où sont prises des décisions de principe.

Les décisions et déclarations du Commonwealth n’ont pas de caractère obligatoire en droit international. Il s’agit d’expressions politiques de volonté qui, toutefois, comptent d’un point de vue factuel du fait du large consensus entre les États membres.


Droits, obligations et règlement des différends

Engagements des membres

Les États membres du Commonwealth s’engagent politiquement à maintenir des valeurs communes, en particulier la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Cependant, il n’existe aucun mécanisme formel de règlement des différends ou de sanction en cas de violation des principes de la communauté. Les sanctions sont généralement appliquées par suspension selon une procédure consensuelle (exemples : Nigeria 1995, Zimbabwe 2003).

Effets juridiques pour les États individuels

L’adhésion au Commonwealth peut avoir des répercussions sur les normes juridiques nationales, telles que :

  • Procédures d’extradition simplifiées entre États membres, fondées sur la confiance mutuelle et des accords bilatéraux.
  • Privilèges dans les règles d’entrée et de séjour pour les citoyens des États du Commonwealth auprès de certains membres.
  • Particularités dans le domaine des relations diplomatiques et de la protection consulaire.

De telles dispositions résultent cependant toujours d’accords bilatéraux ou de réglementations nationales et ne sont pas imposées directement par le Commonwealth en tant qu’organisation.


Commonwealth et systèmes juridiques nationaux

Conséquences ou effets juridiques typiques de l’appartenance au Commonwealth

Bien que l’appartenance n’entraîne pas d’adoption directe de lois, de nombreux États membres du Commonwealth partagent une tradition juridique commune, appelée Common Law. Cette collaboration étroite favorise l’harmonisation dans des domaines comme le droit commercial, le droit civil et le droit pénal, notamment à travers l’échange de principes juridiques et la coopération en matière de formation et de perfectionnement.

Pratique judiciaire et jurisprudence

De nombreux États membres du Commonwealth considèrent les décisions de justice d’autres pays du Commonwealth comme des précédents persuasifs. Le Judicial Committee of the Privy Council à Londres a été, jusqu’au XXe siècle avancé, une instance d’appel pour de nombreux membres et a ainsi marqué le développement du droit dans tout l’espace du Commonwealth.


Commonwealth en comparaison internationale

Distinction par rapport à d’autres communautés d’États

Le Commonwealth diffère d’autres organisations internationales et communautés d’États telles que l’Union européenne, l’Union africaine ou l’Organisation des États américains en ce sens qu’il n’existe pas de base juridique contraignante pour les États membres. La coopération se fait sur une base volontaire et la structure est moins rigide.

Spécificités en droit international

Le Commonwealth joue également un rôle de plateforme pour la promotion du développement et la diffusion de standards juridiques, notamment pour les États partageant des racines historiques et linguistiques communes.


Conclusion

Le « Commonwealth » est un concept complexe et riche en facettes juridiques, qui désigne à la fois une communauté d’États spécifique (Commonwealth of Nations) et apparaît également, de manière historique, dans les constitutions et systèmes politiques individuels. La nature juridique de cette communauté est marquée par le volontariat, des liens politiques et des structures orientées vers la coopération ; l’adhésion en tant que telle n’engendre pas d’obligations juridiques strictes. La coopération repose sur des engagements politiques, des valeurs communes et des traditions juridiques partagées – notamment la Common Law. Le Commonwealth joue ainsi un rôle clé en tant que liaison flexible et traditionnelle d’États souverains, ayant une grande importance en droit international et en histoire constitutionnelle.

Questions fréquemment posées

Quelles sont les bases juridiques qui régissent l’adhésion au Commonwealth ?

L’adhésion au Commonwealth of Nations ne repose pas sur un traité international classique mais constitue plutôt une association volontaire d’États souverains, fondée sur une série de déclarations et d’accords, au premier rang desquels figure la « London Declaration » de 1949. Les principes fondamentaux de l’adhésion sont régulièrement développés lors des conférences des chefs d’État et de gouvernement (Commonwealth Heads of Government Meetings, CHOGM). Le moment et les modalités de l’adhésion relèvent de choix politiques, mais des critères obligatoires existent, énoncés notamment dans la « Harare Commonwealth Declaration » (1991) et la « Edinburgh Declaration » (1997). Ces critères incluent notamment la reconnaissance du chef d’État (pas nécessairement le chef d’État britannique), l’acceptation des principes démocratiques et de l’État de droit, l’indépendance ainsi que le respect des droits de l’homme. L’octroi, le retrait ou la suspension de l’adhésion est décidé à la majorité des États membres, sans qu’il existe d’instance d’arbitrage supérieure. L’adhésion est donc surtout un statut politico-juridique sans droit à l’admission susceptible d’être invoqué en justice.

Quelle est la portée juridique des décisions des organes du Commonwealth pour les États membres ?

Les décisions des principaux organes du Commonwealth – tels que le CHOGM, le Conseil des ministres ou le Secrétariat – ont en général un caractère purement consultatif (« soft law ») et ne lient pas juridiquement les États membres. Il s’agit de lignes directrices et d’objectifs politiques, par exemple en matière de bonne gouvernance ou de coopération au développement, qui déterminent l’agenda interne. Des obligations juridiques internationales ne peuvent naître que de traités multilatéraux ou bilatéraux distincts conclus dans le cadre du Commonwealth. Toutefois, les États se sont engagés envers certaines normes et valeurs en signant les déclarations fondamentales (par exemple la Harare Declaration), ce qui peut dans certains cas conduire à une suspension ou une exclusion, en cas de violation grave des principes fondamentaux. Une sanction au sens strictement juridique est cependant exclue.

Les citoyens des États du Commonwealth peuvent-ils revendiquer des droits fondés sur leur statut au Commonwealth ?

L’adhésion de leur pays au Commonwealth ne confère aux citoyens aucun droit individuel ou créance directement opposable, car il n’existe pas de personnalité juridique supranationale ni de juridiction obligatoire. Toutefois, des règles nationales particulières peuvent prévoir des avantages, tels que des facilités pour le séjour, les études ou le travail dans d’autres pays membres. Ces privilèges relèvent toutefois de la législation nationale et non d’un ordre juridique supranational contraignant pour tous les États membres du Commonwealth. Il n’existe pas de citoyenneté commune officielle.

Quels sont les effets juridiques d’une suspension ou d’une exclusion d’un État membre ?

La suspension ou l’exclusion d’un État du Commonwealth est décidée par les autres membres, le plus souvent en cas de violation de principes fondamentaux comme la démocratie ou les droits de l’homme. Juridiquement, cela signifie d’abord que l’État concerné est exclu de toute participation et prise de décision dans les instances et activités du Commonwealth, et qu’il ne peut plus prétendre aux services administratifs (par exemple ceux du Commonwealth Fund for Technical Cooperation). Ces mesures n’ont toutefois d’effet qu’au sein du Commonwealth ; les accords ou usages bilatéraux existants (par exemple entre certains pays membres) n’en sont pas affectés. Il n’existe pas de voie de recours contre une exclusion.

Comment le rapport entre droit du Commonwealth et droit national est-il défini ?

Le droit du Commonwealth n’est pas supranational ; il demeure subordonné au droit national. Les parlements nationaux sont libres de déterminer s’ils transposent, et dans quelle mesure, les recommandations, normes ou accords-cadres du Commonwealth dans leur droit interne. Cela concerne par exemple les normes sur les droits de l’homme ou la bonne gouvernance. Dans une large mesure, la portée juridique se limite à des déclarations de volonté politique. Dans certains cas, les juridictions nationales peuvent se référer à des « principes du Commonwealth » pour interpréter leurs propres lois, notamment en matière d’évolution constitutionnelle ou de fondement de certains droits fondamentaux.

Existe-t-il au sein du Commonwealth une juridiction propre ou un arbitrage pour les litiges entre États membres ?

Le Commonwealth of Nations ne dispose ni d’une cour supranationale ni d’un mécanisme d’arbitrage formalisé pour résoudre les différends entre membres. Les désaccords sont réglés au niveau politico-diplomatique, principalement lors des réunions régulières ou par la médiation du Secrétariat du Commonwealth. Il n’existe aucune obligation d’exécuter les arbitrages ou jugements, celle-ci ne pouvant résulter que d’accords particuliers entre les parties concernées. Certaines organisations spécialisées du Commonwealth disposent d’organismes de médiation, mais ceux-ci n’ont aucune force juridique contraignante.

Quel impact le statut d’État membre du Commonwealth a-t-il sur les traités internationaux ?

L’adhésion au Commonwealth n’affecte ni la souveraineté d’un État ni sa capacité à conclure, interpréter ou dénoncer des traités internationaux en toute indépendance. Il n’existe aucun effet juridique automatique lié à la conclusion ou à l’application de traités du seul fait du statut du Commonwealth ; tous les droits et obligations en droit international découlent exclusivement des engagements contractuels individuels ou des accords multilatéraux. Même les accords conclus au sein du Commonwealth ne s’appliquent qu’aux États qui y adhèrent explicitement et ne produisent aucun effet automatique pour tous les membres.