Commerce des biens d’occasion : définition et bases juridiques
Le commerce des biens d’occasion désigne la vente professionnelle de choses mobilières ayant déjà été mises en circulation par un premier usage. Presque tous types de biens mobiliers peuvent faire l’objet du commerce des biens d’occasion, notamment les véhicules automobiles, les meubles, les appareils électriques, les vêtements ainsi que les livres et objets de collection. Ce secteur commercial est soumis à de nombreuses réglementations juridiques spécifiques issues du Code civil allemand (BGB), du Code de commerce (HGB), de la Loi sur la taxe sur le chiffre d’affaires (UStG) ainsi qu’à des dispositions législatives spéciales.
Qualification juridique
Principe de la liberté contractuelle
Comme dans le commerce de marchandises en général, le principe de la liberté contractuelle s’applique dans le commerce des biens d’occasion. Les parties au contrat peuvent déterminer librement le contenu, la forme et l’objet du contrat, à condition qu’aucune interdiction légale ou qu’aucune disposition impérative n’y fasse obstacle. Toutefois, dans le commerce des biens d’occasion, il convient de respecter en particulier les dispositions protectrices des consommateurs.
Distinction entre vente privée et commerce professionnel
La distinction entre ventes privées et commerce professionnel de biens d’occasion est juridiquement significative. Les commerçants professionnels sont soumis à des obligations d’information et de garantie accrues, notamment vis-à-vis des consommateurs.
Obligations générales dans le commerce des biens d’occasion
Obligations d’information
Les vendeurs professionnels sont tenus d’informer de manière complète les acheteurs potentiels sur l’état du bien d’occasion. Cela comprend notamment des indications sur d’éventuels défauts, l’âge et l’intensité d’usage. En particulier dans la vente à distance, des obligations d’information supplémentaires s’appliquent conformément au § 312d BGB ainsi qu’à l’art. 246 EGBGB.
Droit de retour et rétractation
En cas de vente à des consommateurs en vente à distance (par exemple via Internet), le BGB accorde, conformément aux §§ 355, 356, un droit de rétractation. Des exceptions existent pour certains types de biens d’occasion, tels que les biens personnalisés ou rapidement périssables.
Garantie dans le commerce des biens d’occasion
Droits légaux à la garantie
Le vendeur de biens d’occasion est responsable des défauts matériels conformément au § 437 BGB. Contrairement aux biens neufs, le délai de garantie dans le commerce des biens d’occasion peut toutefois être réduit à un an à compter de la remise de la chose (§ 476 al. 2 BGB, nouvelle version depuis 2022).
Exclusion de la garantie
Vis-à-vis des consommateurs, l’exclusion totale de la garantie n’est pas autorisée. Une exclusion n’est généralement possible qu’entre particuliers, à condition qu’il n’y ait pas de dol ou de prise en charge de garantie. Dans les relations commerciales entre commerçants, la responsabilité peut en revanche être largement exclue ou limitée.
Garanties
Indépendamment de la réglementation légale sur la garantie, des garanties volontaires peuvent être accordées, qui constituent des engagements distincts venant s’ajouter aux droits de garantie existants.
Particularités fiscales relatives à la TVA
Régime de la marge bénéficiaire selon § 25a UStG
Les commerçants de biens d’occasion sont fréquemment soumis au régime de la marge bénéficiaire. Cette réglementation spécifique selon § 25a UStG s’applique lorsque des biens mobiliers usagés sont acquis auprès de non-assujettis et revendus. La TVA n’est alors calculée que sur la différence entre le prix d’achat et le prix de vente, et non sur le prix de vente total.
Régime normal d’imposition
Si des biens d’occasion sont acquis auprès d’autres assujettis avec mention de la TVA, le régime normal d’imposition s’applique.
Autorisation commerciale et d’activité
Déclaration d’activité commerciale
Le commerce de biens d’occasions constitue une activité commerciale et nécessite, conformément au § 14 GewO, une déclaration auprès de l’administration compétente. L’exercice de l’activité sans déclaration est passible d’amende.
Réglementations spécifiques en droit commercial
Pour certaines catégories de biens, des exigences supplémentaires s’appliquent. Par exemple, le commerce de véhicules d’occasion ou de métaux précieux nécessite souvent des justificatifs ou autorisations supplémentaires conformément aux §§ 34c, 34d GewO ainsi qu’à la loi sur le blanchiment d’argent (GwG).
Protection des données et obligations de traçabilité
Obligations d’identification et d’enregistrement
Dans le cadre de la loi sur le blanchiment d’argent (§§ 2 et suivants GwG), les commerçants de biens d’occasion peuvent être tenus de vérifier et de documenter l’identité de leurs clients, notamment lors de transactions portant sur des objets de grande valeur.
Exigences relatives à la protection des données
La collecte, le stockage et le traitement des données à caractère personnel sont soumis au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Les commerçants doivent respecter les mesures nécessaires en matière de sécurité des données et d’obligations de transparence.
Aspects liés à la protection de l’environnement
Élimination et valorisation des ressources
Le commerce d’appareils électriques et électroniques d’occasion est soumis à des réglementations environnementales spécifiques, notamment en vertu de la loi sur les équipements électriques et électroniques (ElektroG). Les commerçants sont tenus de reprendre les anciens appareils et de les orienter vers une élimination respectueuse de l’environnement.
Loi sur la sécurité des produits
Les produits d’occasion doivent satisfaire aux exigences de sécurité de la loi sur la sécurité des produits (ProdSG). Ceci s’applique également aux biens déjà mis sur le marché, dès lors qu’ils sont réintroduits dans le cycle économique.
Législations et réglementations spéciales dans le commerce des biens d’occasion
Jouets, dispositifs médicaux, denrées alimentaires
Le commerce de certains biens d’occasion tels que les jouets, les dispositifs médicaux ou les denrées alimentaires est soumis à des exigences particulières issues de réglementations spéciales, prévoyant des obligations supplémentaires de contrôle, d’enregistrement ou de documentation.
Risques de droit pénal et administratif
Le commerce de biens d’occasion volés ou contrefaits peut entraîner des conséquences pénales (§ 259 StGB – recel, § 267 StGB – falsification de documents). Les commerçants professionnels doivent examiner soigneusement la provenance des marchandises et signaler aux autorités toute circonstance suspecte.
Conclusion
Le commerce des biens d’occasion est un secteur du commerce professionnel soumis à une réglementation complexe. En particulier, la protection des consommateurs, la prévention de la fraude et la garantie de processus conformes au droit impliquent de se conformer à de nombreuses exigences légales. Outre les aspects de droit civil, les réglementations fiscales, commerciales, environnementales ainsi que celles relatives à la protection des données jouent un rôle déterminant. Les commerçants doivent veiller en permanence au respect des dispositions légales applicables et organiser en conséquence leur fonctionnement interne.
Questions fréquemment posées
### Quels sont les délais de garantie applicables à la vente de biens d’occasion ?
Pour la vente de biens d’occasion, le Code civil allemand (BGB) prévoit en principe un délai légal de garantie de deux ans (§ 438 al. 1 n° 3 BGB). Toutefois, ce délai peut être contractuellement réduit à au moins un an pour les biens d’occasion dans les contrats entre entrepreneur et consommateur (§ 476 al. 2 BGB). Cette réduction doit expressément figurer dans le contrat de vente. Lorsque l’acheteur est également un entrepreneur, la garantie peut même être totalement exclue, à moins qu’il n’y ait dol de la part du vendeur ou qu’une garantie ait été expressément accordée. Une exclusion générale de la garantie pour les opérations avec des consommateurs n’est pas autorisée ; seule une réduction à un an est permise. Par ailleurs, il convient de noter que pour les défauts déjà présents lors de la remise, le vendeur est responsable si l’acheteur n’en avait pas connaissance au moment de la conclusion du contrat ou ne les connaissait pas par négligence grave.
### Comment doit être décrite la nature du bien d’occasion ?
Dans le commerce des biens d’occasion, le vendeur est tenu de fournir une description sincère et complète du bien ainsi que de tout défaut. Selon le § 434 BGB, le « défaut » d’un bien vendu est défini en premier lieu selon la conformité de l’état au contrat. Si, lors de la conclusion du contrat, il est indiqué que le bien est « d’occasion, mais pleinement fonctionnel », le bien ne doit présenter aucun défaut fonctionnel majeur. Tous les défauts connus, traces d’usage ou accessoires manquants doivent être explicitement mentionnés. Les omissions ou la dissimulation de défauts connus sont juridiquement considérées comme des vices et peuvent donner lieu à une résolution du contrat, à une réduction du prix ou à des demandes de dommages-intérêts de la part de l’acheteur. L’accord entre les parties sur l’état du bien lors de la vente est déterminant.
### Existe-t-il un droit de rétractation lors de l’achat de biens d’occasion ?
Le droit de rétractation ne dépend pas du caractère « d’occasion » ou « neuf » du produit, mais du fait qu’il s’agisse d’un contrat conclu à distance (§§ 312g, 355 BGB). Si un bien d’occasion est vendu par un professionnel à un consommateur hors établissement ou à distance (par exemple via une boutique en ligne, par téléphone), l’acheteur dispose d’un droit de rétractation légal de 14 jours. Ce droit peut être ouvert ou éventuellement prolongé en fonction de l’information fournie par le vendeur ; à défaut d’information adéquate, le délai peut être allongé. En principe, les vendeurs particuliers ne sont pas tenus d’accorder un droit de rétractation, sauf s’ils agissent à titre professionnel.
### Quelles sont les obligations d’information lors de la vente de biens d’occasion ?
Dans le cadre de la vente professionnelle de biens d’occasion, les vendeurs sont soumis à des obligations d’information particulières, en particulier prévues par les §§ 312d, 312i et 312j BGB. Il s’agit notamment d’indiquer clairement l’état du bien (par exemple : d’occasion, remis à neuf), de mentionner tous les défauts connus, de fournir des informations sur les conditions de responsabilité et les délais de garantie, ainsi que sur l’existence d’un droit de rétractation, y compris un formulaire type. Les vendeurs doivent également indiquer l’identité et les coordonnées de l’entreprise, le prix total y compris les éventuels frais supplémentaires, les modalités de paiement et de livraison, et, le cas échéant, les garanties existantes. Le non-respect de ces obligations peut entraîner des avertissements et des demandes de dommages-intérêts.
### Quelles particularités juridiques s’appliquent lors de la vente entre particuliers ?
Lorsque des biens d’occasion sont vendus entre particuliers, les droits à la garantie légale conformément au § 444 BGB peuvent en principe être totalement exclus, à condition qu’il n’y ait pas de dol et qu’aucune qualité garantie ne soit invoquée. Dans ce cas, le vendeur n’est pas responsable des vices découverts après la conclusion du contrat. Il est conseillé de préciser explicitement dans le contrat d’achat une clause formulée de manière claire du type « acheté en l’état, exclusion de toute garantie ». Sont exclus les défauts dissimulés intentionnellement. Un droit de rétractation n’est alors pas accordé, sauf si le vendeur agit en tant que professionnel malgré ses indications contraires.
### Existe-t-il des exigences particulières pour le commerce de biens électroniques d’occasion ?
Le commerce de biens électroniques d’occasion est principalement régi par les dispositions de la loi sur les équipements électriques et électroniques (ElektroG). Les commerçants sont en principe tenus de reprendre gratuitement les anciens appareils ou d’indiquer une possibilité de retour appropriée. Par ailleurs, il convient de respecter les prescriptions de sécurité telles que le marquage CE et l’observation des exigences de sécurité des produits (ProdSG). Lorsqu’un appareil est remis à neuf ou reconditionné (« refurbished »), toutes les interventions et l’état exact doivent être documentés en détail. Une attention particulière doit être accordée aux supports de données, notamment en ce qui concerne la protection des données selon le RGPD : toutes les données préexistantes doivent être effacées. Pour les dispositifs électroniques médicaux, d’autres obligations strictes de réglementation et d’homologation s’appliquent également.