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Charte sociale européenne

Notion et principes de la Charte sociale européenne

Die Charte sociale européenne (ESC) est un traité international du Conseil de l’Europe visant à garantir et à promouvoir les droits économiques et sociaux dans les États membres. Elle a été signée le 18 octobre 1961 à Turin et est entrée en vigueur le 26 février 1965. La Charte complète la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) en assurant la protection de droits sociaux étendus.

La version initiale de la Charte a été étendue et modernisée par la Charte sociale européenne révisée du 3 mai 1996. La Charte diffère fondamentalement de la CEDH, car elle n’accorde pas de droits de recours individuels, mais prévoit principalement des mécanismes de protection collective.


Contenu et structure de la Charte sociale européenne

Droits et obligations protégés

La version actuelle et révisée de la Charte sociale européenne contient un large éventail de droits protégés, relatifs au droit du travail, à la sécurité sociale, à la protection de la famille, aux droits des enfants, à la santé, au logement, à l’égalité et à la protection des groupes défavorisés. Parmi les droits les plus importants figurent notamment :

  • Le droit au travail (art. 1)
  • Le droit à des conditions de travail équitables (art. 2)
  • Le droit à des conditions de travail sûres et saines (art. 3)
  • Le droit à une rémunération équitable (art. 4)
  • Le droit à la liberté syndicale et à la négociation collective (art. 5 et 6)
  • Le droit à la protection et à l’assistance sociale (art. 12-16)
  • Le droit à la protection contre la pauvreté et l’exclusion sociale (art. 30)
  • Le droit au logement (art. 31)

Les dispositions de la Charte sont en grande partie programmatiques et définissent des objectifs pour la législation nationale des États parties.

Différence entre la Charte originelle et la Charte révisée

Die Charte révisée de 1996 remplace la version initiale pour les États ayant ratifié cette révision. Elle étend et actualise les droits protégés, notamment par l’introduction de dispositions supplémentaires sur l’interdiction de discrimination ainsi que sur des défis contemporains tels que l’égalité entre les sexes et la lutte contre l’exclusion sociale.


Obligations conventionnelles et champ d’application

Ratification et force obligatoire

Les États membres du Conseil de l’Europe peuvent ratifier la Charte. Ils sont libres d’accepter ou d’exclure certains articles ; cependant, un nombre minimal de droits fondamentaux doit obligatoirement être accepté. En juin 2024, 46 États sont membres du Conseil de l’Europe, mais tous n’ont pas ratifié la Charte révisée. L’Allemagne a ratifié la version originale de la Charte jusqu’en 2024 et envisage de se rapprocher davantage de la version révisée.

La Charte a, pour les États parties, la nature d’un traité international contraignant ; elle exige l’intégration des droits sociaux dans le droit national et dans la pratique administrative.

Rapport avec le droit national et européen

La Charte sociale européenne est étroitement liée au droit national des États parties, qui sont responsables de mettre en œuvre ses dispositions par des mesures législatives, administratives ou autres appropriées. La Charte constitue un droit international directement applicable, mais elle ne confère pas à la plupart des États parties un droit d’action individuel devant les juridictions nationales.

La Charte complète les droits fondamentaux et libertés du droit européen et du droit national, sans les supplanter. Elle existe parallèlement à la CEDH et peut entrer en conflit ou nécessiter une interprétation au cas par cas avec des normes européennes telles que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ; le principe de coexistence s’applique.


Contrôle et mise en œuvre

Comité européen des droits sociaux (ECSR)

La surveillance du respect de la Charte est assurée par le Comité européen des droits sociaux (European Committee of Social Rights ; ECSR), un organe de contrôle indépendant qui examine les rapports annuels des États parties. Le Comité évalue si la législation et la pratique nationales sont conformes aux obligations prévues par la Charte.

Rapports des États et interprétation

Les États parties doivent soumettre régulièrement des rapports sur la mise en œuvre de leurs obligations. L’ECSR examine ces rapports, publie des conclusions et émet des recommandations. Bien que l’appréciation du Comité ne soit pas juridiquement contraignante, elle revêt une importance politique considérable et exerce une pression sur les États.

Procédures de réclamation collective

Le Protocole additionnel de 1995 a introduit la procédure de réclamation collective. Cela permet à des organisations habilitées, telles que les syndicats, associations d’employeurs ou ONG, de saisir le Comité à l’encontre des États parties soupçonnés de violations de la Charte. Les particuliers sont exclus de cette procédure. Les décisions de l’ECSR dans le cadre de cette procédure ne sont pas contraignantes, mais elles sont très significatives pour le Conseil de l’Europe et le public.


Importance en jurisprudence et effets pratiques

La Charte sociale européenne a gagné en importance dans la jurisprudence des tribunaux nationaux et des instances internationales, telles que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Toutefois, en l’absence de droit de recours individuel, elle ne peut pas actuellement fonder de droits directs pour les personnes. Néanmoins, les juridictions nationales et européennes se réfèrent régulièrement aux dispositions et conclusions de la Charte lors de l’interprétation des droits sociaux et de l’examen de la légalité et de la proportionnalité.

Dans la pratique politique, la Charte sert de guide et de cadre de référence pour l’élaboration d’une législation sociale progressiste et la protection des droits sociaux fondamentaux. Elle constitue un étalon pour la dimension sociale des droits de l’homme en Europe.


Développements récents et défis actuels

L’évolution de la Charte fait l’objet de débats permanents, notamment face à de nouveaux défis sociaux tels que la numérisation, le changement démographique, les migrations et la lutte contre la discrimination. Le débat sociétal sur la force juridique et la sanction des droits sociaux au niveau européen se poursuit.


Conclusion

La Charte sociale européenne est un traité international central pour la garantie et la promotion des droits fondamentaux et sociaux en Europe. Elle complète la Convention européenne des droits de l’homme et oriente de manière décisive l’évolution du droit social tant au niveau national qu’européen. Le contrôle est assuré par un mécanisme propre sous l’égide du Conseil de l’Europe, mettant l’accent sur la procédure de réclamation collective et les rapports périodiques des États. La Charte continue de se développer de façon dynamique et contribue fondamentalement à la politique des droits sociaux en Europe.

Questions fréquemment posées

Comment la Charte sociale européenne est-elle juridiquement intégrée en Allemagne et dans d’autres États membres ?

La Charte sociale européenne est un traité international que les États membres du Conseil de l’Europe peuvent ratifier. En Allemagne, la version initiale de la Charte sociale de 1961 a été ratifiée en 1964, tandis que la version révisée de 1996 n’a pour l’instant été que partiellement signée et non ratifiée. Seules les dispositions ratifiées lient juridiquement chaque État pour ce qui le concerne. La Charte s’applique conformément à la loi d’approbation, mais n’est pas du droit interne directement applicable (« self-executing »), ce qui signifie que les États s’engagent principalement à la transposer dans leur législation nationale. En Allemagne, les normes issues de traités internationaux revêtent en principe la valeur d’une loi fédérale ordinaire dès lors qu’elles sont transposées par loi d’approbation, mais doivent être situées, en vertu de la Loi fondamentale (art. 59 al. 2 GG), au niveau législatif. D’autres États membres règlent différemment l’effet de la Charte en droit interne, certains lui accordant également une application directe.

Quels sont les mécanismes de mise en œuvre prévus par la Charte sociale européenne ?

La mise en œuvre de la Charte sociale européenne ne passe pas par des droits d’action en justice classiques pour les citoyens, mais par un système de rapports étatiques et de leur examen. Les États membres sont tenus de remettre régulièrement des rapports sur l’application des droits garantis par la Charte. Ces rapports sont évalués par le Comité européen des droits sociaux (European Committee of Social Rights, ECSR), qui émet des avis et des conclusions. Il existe en outre une procédure de réclamation collective qui, sous certaines conditions, permet à des associations et organisations internationales non gouvernementales de déposer des plaintes pour violation de la Charte. Les décisions du ECSR ne sont toutefois pas contraignantes, mais exercent une pression politique et morale sur les États membres pour qu’ils respectent leurs engagements.

Le statut juridique de la Charte sociale européenne diffère-t-il de celui de la Convention européenne des droits de l’homme ?

Oui, la Charte diffère fondamentalement de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) par son statut juridique. Alors que la CEDH prévoit un système de recours individuel devant une juridiction propre (la Cour européenne des droits de l’homme, CEDH) et que ses arrêts sont contraignants, la Charte ne propose aucun équivalent à ce système. Elle ne prévoit pas de recours individuel, mais repose sur des rapports des États et la procédure de réclamation collective dont les conclusions n’emportent pas de force juridique directe dans chaque cas. Par ailleurs, la CEDH traite principalement des droits civils et politiques, alors que la Charte sociale vise les droits sociaux fondamentaux.

Dans quelle mesure la Charte impose-t-elle la création de normes sociales minimales concrètes ?

La Charte sociale européenne oblige les États parties à mettre en œuvre certains standards sociaux minimaux dans les domaines du droit du travail, de la protection sociale, de l’éducation, de la santé et de l’égalité de traitement. Le contenu précis et la portée des obligations découlent des articles ratifiés et des précisions fournies par l’interprétation de l’ECSR. La Charte constitue un « cadre mesurable » (framework agreement), permettant par son application de préciser des normes minimales notamment pour la rémunération, le temps de travail, les conditions professionnelles ou la sécurité sociale. Les États doivent réaliser les droits énoncés dans la Charte de façon progressive et efficace et ne doivent pas réduire arbitrairement le niveau de protection (« clause de non-régression »).

Quel est le rôle du Comité européen des droits sociaux (ECSR) ?

Le Comité européen des droits sociaux (ECSR) est l’organe principal chargé de l’interprétation et du contrôle de la Charte sociale européenne. Il se compose d’experts indépendants en droit et en politique sociale, et examine aussi bien les rapports des États que les réclamations collectives. Le Comité interprète les dispositions de la Charte et élabore ainsi une jurisprudence évolutive qui contribue au progrès des standards sociaux au niveau européen. Même si ses constatations ne sont pas juridiquement contraignantes, elles ont une forte portée politique et persuasive, tant à destination des États membres qu’en tant que guide pour les juridictions et le législateur national.

Quel rapport existe-t-il entre la Charte sociale européenne et le droit de l’Union européenne ?

La Charte sociale européenne et le droit de l’Union européenne coexistent formellement. La Charte est un instrument du Conseil de l’Europe et ne fait pas partie du droit de l’UE. Toutefois, il existe des points de contact, car de nombreux droits et principes régis par la Charte sociale, tels que le droit du travail, la protection sociale et l’égalité de traitement, figurent également dans le droit de l’UE, notamment dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (CDFUE). Le droit primaire de l’UE fait explicitement référence à la Charte sociale à l’art. 151 TFUE. Dans la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE et dans le contexte du droit social de l’UE, la Charte sert ainsi d’aide à l’interprétation et à l’orientation, en particulier pour la garantie des standards sociaux minimaux à l’échelle européenne. Toutefois, il n’existe pas de force juridique formelle au sens d’une applicabilité directe au sein de l’UE.