Domaine transféré de compétences : Fondements juridiques et signification
Le terme « domaine transféré de compétences » joue un rôle central dans le droit communal allemand et désigne le domaine d’activité administrative dans lequel les communes et les arrondissements accomplissent des affaires publiques pour le compte et selon les instructions d’autres échelons de l’État – en particulier de la Fédération ou du Land concerné. L’attribution des tâches au domaine transféré de compétences se distingue fondamentalement de la mission d’auto-administration exercée dans le propre domaine de compétences. L’article suivant présente en détail les bases juridiques, les conséquences pratiques ainsi que la distinction avec le propre domaine de compétences.
Cadre juridique et systématique
Classement selon le droit constitutionnel communal
Dans le système communal allemand, la distinction entre les compétences propres et transférées (§ 2 al. 2 du Code communal, GO) constitue un instrument essentiel pour définir la relation entre l’auto-administration communale et l’administration sur ordre de l’État. Alors que les affaires du domaine propre sont décidées de manière autonome par les communes dans le cadre des droits constitutionnels d’auto-administration, dans le domaine transféré de compétences, les communes assument des tâches sur la base d’un mandat légal ou réglementaire.
Bases légales
Le transfert de compétences intervient généralement par des lois fédérales ou d’État (par ex. art. 84, 85 GG ainsi que les lois communales et lois particulières des Länder). Sont concernés, par exemple, l’état civil, la gestion des inscriptions domiciliaires ou l’organisation des élections. Dans ces cas, les communes agissent en tant qu’autorités administratives inférieures de l’État.
Caractéristiques du domaine transféré de compétences
Définition et distinction
Le domaine transféré de compétences comprend les tâches qui ne sont pas attribuées à la commune pour décision autonome, mais pour exécution sur instruction juridique et/ou matérielle. La commune est liée aux dispositions et ordres des autorités publiques compétentes, et dans l’exercice de ses tâches, elle doit respecter les lois, les règlements ainsi que les instructions administratives particulières. La liberté de décision y est nettement restreinte par rapport au domaine propre.
Obligation d’obéissance aux instructions et contrôle
Dans le domaine transféré de compétences, il existe une obligation d’obéissance aux instructions. Les communes exercent les fonctions déléguées en tant qu’autorités administratives inférieures et sont soumises au contrôle technique et, le cas échéant, disciplinaire des autorités supérieures. Ce contrôle technique porte sur la légalité et l’opportunité de l’exécution des missions, permettant à l’autorité de surveillance de donner des instructions ou ordres directs. Cela s’oppose au contrôle de légalité dans le domaine propre, lequel est limité au respect des lois (légalité).
Exemples et missions typiques dans le domaine transféré de compétences
Les domaines d’activité classique du domaine transféré de compétences comprennent notamment :
- Affaires relatives à la déclaration de domicile et aux passeports
Exécution de la loi fédérale sur les inscriptions domiciliaires et de la loi sur les passeports conformément aux dispositions d’exécution rédigées par les Länder.
- Missions d’état civil
Établissement des actes de naissance, de mariage et de décès pour le compte de l’État.
- Organisation des élections
Organisation et exécution des élections européennes, fédérales, régionales et communales ainsi que des référendums et consultations populaires conformément aux législations et règlements électoraux.
- Autorité suprême de la protection civile
Mise en œuvre des mesures étatiques de protection civile et de défense sur le plan local.
Effets juridiques sur l’organisation et le personnel
Statut organique et pouvoir d’instruction
Dans le cadre de l’exercice des missions transférées, les organes administratifs de la commune, en particulier le maire ou le chef d’arrondissement, sont tenus d’exécuter les ordres de l’autorité de tutelle même contre leur propre appréciation. Toutefois, la responsabilité fonctionnelle et des ressources incombe en principe toujours à la commune concernée, qui doit se conformer aux cadres juridiques et financiers.
Questions de responsabilité
En cas d’erreurs ou de manquements lors d’activités exercées dans le domaine transféré de compétences, c’est en premier lieu la personne morale de droit public pour laquelle la tâche est réalisée qui engage sa responsabilité, selon les règles de la responsabilité administrative (§ 839 BGB, art. 34 GG). Cela diffère de la responsabilité dans le domaine propre, où la commune répond directement.
Distinction : domaine transféré de compétences versus domaine propre
Le domaine propre comprend toutes les affaires que la commune traite en auto-administration (par ex. infrastructures communales, culture, prestations volontaires), tandis que le domaine transféré de compétences s’exécute exclusivement dans le cadre de missions légales fédérales ou régionales et sur instructions des autorités compétentes. Le cas échéant, la distinction peut se faire à partir des bases juridiques applicables et de la volonté du législateur.
Signification pour l’auto-administration communale
La distinction entre domaine propre et transféré de compétences est essentielle pour le principe de l’auto-administration communale (art. 28 al. 2 GG). Tandis que les missions du domaine propre renforcent la marge de manœuvre et la responsabilité locale, le domaine transféré en limite l’étendue au profit d’une exécution uniforme et efficace des directives de l’État. La bonne qualification des missions a un impact considérable sur la liberté de décision communale, le contrôle de légalité ainsi que sur la responsabilité financière et des ressources des communes.
Conclusion
Le domaine transféré de compétences constitue un pilier central du fédéralisme administratif allemand. Ce concept assure que l’efficacité et la proximité locale du niveau communal soient combinées à l’uniformité et à la soumission aux instructions de l’action administrative de l’État. Une connaissance précise du cadre juridique, des structures d’instruction ainsi que des règles de contrôle et de responsabilité est indispensable pour un accomplissement efficace et juridiquement sûr des missions confiées aux communes.
Questions fréquemment posées
Qui est responsable des actes d’une commune dans le cadre du domaine transféré de compétences ?
Dans le domaine transféré de compétences, la commune n’agit pas de sa propre initiative, mais pour le compte de l’État fédéral ou du Land concerné. Toutefois, la responsabilité de l’exécution des missions transférées reste juridiquement à la charge de l’entité territoriale concernée (ville, commune, arrondissement). Les communes sont soumises aux instructions et doivent respecter les dispositions et instructions émises par l’autorité supérieure. En cas de manquements, la commune répond en principe de ses agents. Une responsabilité directe des dirigeants peut intervenir dans le cadre de la responsabilité administrative générale si ceux-ci ont failli à leurs devoirs de fonction. Le contrôle matériel demeure chez les autorités publiques qui, au moyen du contrôle technique ou de légalité, veillent à la correcte application des lois et règlements.
Quel est le rôle du contrôle technique dans le domaine transféré de compétences ?
Le contrôle technique est un instrument de surveillance essentiel de l’État sur les communes dans le cadre du domaine transféré de compétences. Il comprend le droit de l’autorité de tutelle de vérifier à la fois la légalité (contrôle de légalité) et l’opportunité (contrôle technique) de l’action administrative. L’autorité de tutelle peut ainsi donner des instructions relatives à l’exécution des missions transférées et ordonner des mesures de correction. Ceci garantit que les communes remplissent les missions transférées conformément aux dispositions légales. Le contrôle technique porte sur tous les aspects liés à l’exécution des missions transférées, y compris organisation, procédures et ressources humaines.
Existe-t-il des différences de protection juridique entre les missions propres et celles du domaine transféré de compétences ?
Oui, la protection juridique diffère considérablement selon le domaine de compétences. Dans le domaine propre, la commune peut agir de manière relativement autonome, tandis que dans le domaine transféré, elle est étroitement liée aux instructions et exigences légales de l’État. Les citoyens qui s’estiment lésés dans leurs droits par des actes ou omissions dans le domaine transféré peuvent agir directement contre l’acte administratif concerné. Le contrôle juridictionnel vise alors généralement la commune en tant qu’organe administratif agissant, le contrôle portant aussi sur l’exécution correcte des instructions de l’État. Dans certains cas, il peut également être pertinent d’inclure l’autorité supérieure dans la procédure, par exemple en cas de contestation d’une instruction.
Dans quelle mesure existe-t-il une obligation d’obéissance aux instructions pour les communes dans le domaine transféré de compétences ?
Les communes sont en principe soumises à l’obligation d’obéissance aux instructions pour les affaires relevant du domaine transféré de compétences. Cela signifie qu’elles doivent, lors de l’exécution de missions transférées par l’État ou le Land, respecter les dispositions légales, règlements et prescriptions administratives applicables. Les autorités compétentes sont habilitées à émettre des instructions spécifiques ou générales afin d’assurer la réalisation des missions transférées conformément à la volonté du législateur. Le non-respect de telles instructions peut aller jusqu’à l’engagement de mesures de tutelle ou à la substitution d’office. Dans les cas extrêmes, une procédure disciplinaire peut être engagée contre les fonctionnaires ou agents responsables.
Quels sont les exemples typiques de missions dans le domaine transféré de compétences ?
Les missions typiques dans le domaine transféré de compétences comprennent par exemple l’organisation des élections et référendums publics, la gestion des déclarations domiciliaires et des passeports, les missions d’état civil, le contrôle alimentaire, les autorités de la circulation routière et la prévention des risques selon le droit de la police. Toutes ces tâches sont fixées légalement et attribuées aux communes ou autorités communales non pour décision autonome, mais pour exécution sur la base de règles fixées par l’État. Concrètement, la commune devient ainsi le « bras allongé » de l’État et ne dispose pas de liberté de décision en matière juridique ou politique, devant agir selon des normes uniformes.
Qui prend en charge les coûts liés à l’exécution des missions dans le domaine transféré de compétences ?
La prise en charge des coûts liés à l’exercice de missions transférées est régie par les constitutions communales et les lois spéciales. En principe, il est prévu que les communes et arrondissements reçoivent une compensation pour les coûts engendrés par l’accomplissement des missions d’État déléguées. Les modalités sont fixées par les lois des Länder, qui prévoient souvent des règles particulières pour le remboursement de ces coûts. Cependant, il existe régulièrement des controverses sur le montant et l’adéquation de la compensation, surtout pour les mesures administratives coûteuses, ce qui constitue un sujet de débat politique permanent. Ce débat touche aussi à la question du financement et à la garantie d’auto-administration communale selon l’art. 28 GG.
Comment s’exerce le contrôle de la légalité des actes communaux dans le domaine transféré de compétences ?
Le contrôle de la légalité des actes communaux dans le cadre du domaine transféré de compétences s’exerce à deux niveaux : tout d’abord, il incombe à l’autorité de tutelle du Land ou de la Fédération de vérifier si la commune respecte les dispositions légales lors de l’exécution des missions de l’État. En cas de manquements constatés, des mesures correctives, des instructions ou – dans les cas graves – des substitutions d’office peuvent être ordonnées. Par ailleurs, les tribunaux administratifs assurent également le contrôle juridictionnel en se prononçant, sur demande, sur les décisions ou actes de la commune. Il est essentiel que les recours soient généralement adressés à la commune, qui agit comme autorité exécutive dans ce contexte. Le contrôle technique des Länder vient donc compléter le contrôle des juridictions administratives.