Lexique juridique

Casus belli

Définition et signification du terme Casus belli

Le terme Casus belli provient du latin et signifie littéralement « cas de guerre » ou « motif de guerre ». En droit international public, le Casus belli décrit une circonstance ou un événement qui est invoqué par un État comme justification pour l’utilisation de la force militaire contre un autre État. Le Casus belli constitue généralement la justification juridique ou factuelle présumée pour le déclenchement d’un affrontement militaire.

Définition conceptuelle

Le Casus belli est à la fois un terme politique et juridique qui joue un rôle central dans le droit international moderne lorsqu’il s’agit d’évaluer la légitimité et l’admissibilité du recours à la force par les États. La détermination de ce qui constitue un Casus belli dans un cas concret dépend d’une part des faits survenus, et d’autre part de l’appréciation juridique de la communauté internationale et des instances compétentes du droit international.

Évolution historique et qualification en droit international

Développement dans le droit international classique

Jusqu’au XXe siècle avancé, le droit international dit classique distinguait entre « guerres justes » et « guerres injustes » (bellum iustum). Les États cherchaient à présenter un Casus belli susceptible de convaincre la communauté internationale de la nécessité et de la légitimité de leur action. Les exemples types de Casus belli reconnus étaient, par exemple, les violations de frontières, les attaques contre des ressortissants, la violation de traités ou le soutien à des activités hostiles par un autre État.

Dispositions modernes du droit international

Avec la codification croissante de l’interdiction du recours à la force dans le cadre de la Charte des Nations Unies (Charte de l’ONU), en particulier à travers l’article 2, paragraphe 4, la justification de l’emploi de la force dans les relations interétatiques a été considérablement restreinte. Un Casus belli ne peut aujourd’hui, en principe, n’exister en droit international que dans des cas exceptionnels strictement limités.

Le rôle du Conseil de sécurité des Nations Unies

Selon les articles 39 et suivants de la Charte de l’ONU, seul le Conseil de sécurité est compétent pour constater l’existence d’une menace contre la paix ou d’un acte d’agression et prendre le cas échéant des mesures. Des invocations unilatérales d’un Casus belli sans mandat du Conseil de sécurité vont à l’encontre des principes fondamentaux du droit international moderne.

Bases juridiques pour la reconnaissance d’un Casus belli

L’interdiction du recours à la force et ses exceptions

L’article 2, paragraphe 4 de la Charte de l’ONU énonce une interdiction générale du recours à la force et de la menace d’y recourir dans les relations internationales. Des exceptions n’existent que dans deux situations strictement définies :

Droit à la légitime défense selon l’article 51 de la Charte de l’ONU

Selon l’article 51 de la Charte de l’ONU, un État peut exercer son droit à la légitime défense individuelle ou collective en cas d’attaque armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires au maintien de la paix mondiale. Dans ce contexte, un Casus belli peut correspondre à une attaque armée clairement identifiée.

Mesures du Conseil de sécurité

Sur mandat du Conseil de sécurité, les États peuvent recourir à la force tant que cela est nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales.

Précisions apportées par la jurisprudence internationale

La Cour internationale de Justice (CIJ) a rappelé à plusieurs reprises qu’une attaque armée seule constitue un Casus belli justifiant la légitime défense. Des incidents transfrontaliers, des mesures de coercition économique ou des tensions politiques ne constituent pas, selon la jurisprudence actuelle, un Casus belli reconnu.

Exemples de Casus belli au sein de la communauté internationale

Historiquement, les États invoquaient fréquemment différents droits ou obligations pour justifier un acte de guerre. Les exemples classiques comprennent :

  • Protection de ses propres ressortissants à l’étranger (interventions humanitaires, si autorisées par l’ONU)
  • Attaque armée directe contre le territoire national
  • Violation de traité ayant des conséquences sur la sécurité
  • Provocations internationales, notamment par des actes terroristes dont le soutien étatique peut être démontré

À la lumière du droit international moderne, de nombreux motifs autrefois avancés ne sont toutefois plus reconnus comme Casus belli légitimes.

Critique et abus du terme Casus belli

Instrumentalisation politique

Souvent, le terme Casus belli est utilisé de manière abusive pour générer un soutien interne à des actions militaires ou pour contourner les limites du droit international. Ainsi, l’allégation avancée d’une attaque ou d’une menace comme Casus belli peut servir intentionnellement à justifier une intervention en réalité contraire au droit international.

Évaluation par la communauté internationale

L’évaluation d’un Casus belli relève aujourd’hui principalement des organes collectifs de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’accord de cet organe est déterminant pour la légalité des mesures militaires au regard du droit international.

Distinction d’avec d’autres concepts

Le Casus belli est à distinguer de termes tels que Bellum iustum (guerre juste), Ultimatum ou de mesures destinées à éviter la guerre comme les sanctions et la diplomatie. Tandis qu’un ultimatum offre encore la possibilité d’éviter un conflit armé, le Casus belli décrit le motif effectif ou le prétexte pour entrer en guerre.

Résumé

Le Casus belli désigne en droit international contemporain le motif justificatif du recours à la force militaire entre États. Avec la codification de l’interdiction du recours à la force dans la Charte de l’ONU, la reconnaissance d’un Casus belli est limitée à quelques cas bien définis, en particulier la légitime défense. La légitimité d’un Casus belli ne dépend aujourd’hui plus de la perspective subjective de l’État concerné, mais fait l’objet d’une appréciation collective par la communauté internationale et par les instances du droit international. Les invocations abusives d’un Casus belli ne sont pas fondées juridiquement et peuvent entraîner des sanctions ou des contre-mesures internationales.

Questions fréquemment posées

Quand un Casus belli est-il considéré comme légitime en droit international ?

En droit international, un Casus belli est considéré comme légitime s’il respecte les prescriptions normatives de l’ordre juridique international, en particulier la Charte des Nations Unies. Selon l’article 2, paragraphe 4 de la Charte de l’ONU, le recours à la force est en principe interdit ; des exceptions n’existent que selon le chapitre VII par décision du Conseil de sécurité (sécurité collective) ou en cas de légitime défense individuelle ou collective selon l’article 51. Un Casus belli légitime n’existe donc que s’il y a manifestement une attaque armée et que la partie attaquée doit recourir immédiatement à des moyens militaires pour préserver son intégrité. Les frappes préventives, les situations de menace vague ou les motifs politiques ne suffisent pas en droit international à fonder une guerre licite. Le principe de proportionnalité et de nécessité revêt une importance particulière.

Quel rôle joue le Conseil de sécurité des Nations Unies dans l’évaluation d’un Casus belli ?

Le Conseil de sécurité des Nations Unies détient la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Lorsqu’il évalue un Casus belli, le Conseil de sécurité examine s’il existe effectivement une menace ou une rupture de la paix ou un acte d’agression (article 39 de la Charte de l’ONU). Ce n’est qu’en cas de constatation d’une telle situation que le Conseil peut approuver des mesures contraignantes contre l’agresseur, y compris octroyer un mandat pour l’usage de la force. Sans une telle autorisation, le recours à la force demeure juridiquement inadmissible à l’exception de la légitime défense, et peut être considéré comme un acte d’agression.

Les différends économiques ou politiques peuvent-ils être reconnus comme Casus belli ?

Les différends économiques ou politiques ne sont, selon le droit international actuel, généralement pas acceptés comme Casus belli. La Charte de l’ONU interdit le recours à la force pour des conflits qui ne découlent pas d’une attaque armée immédiate. Ces différends doivent prioritairement être résolus par des moyens diplomatiques et pacifiques, tels que la négociation, la médiation ou l’arbitrage (article 33 de la Charte de l’ONU). Ce n’est que dans des cas d’exception rarissimes et documentés, où des mesures économiques en tant qu’élément de menaces hybrides se transforment en attaque armée, qu’une réévaluation serait possible – ce qui n’a toutefois pas encore été explicitement reconnu en droit international.

Un Casus belli peut-il être vérifié a posteriori et comment ce contrôle s’effectue-t-il ?

Un Casus belli peut toujours faire l’objet d’un contrôle du point de vue du droit international, notamment par des juridictions internationales comme la Cour internationale de Justice (CIJ). Ce contrôle s’effectue sur la base de critères objectifs, comme la plausibilité des faits avancés, le respect du principe de proportionnalité et la question de savoir si la légitime défense invoquée se fonde effectivement sur une attaque armée. La documentation des événements invoqués ultérieurement comme motif de guerre fait l’objet d’un examen critique. Des incidents faux, prétextés ou fabriqués (les soi-disant « opérations sous faux drapeau ») conduisent à l’illégitimité internationale du motif de la guerre et peuvent entraîner des sanctions à l’encontre de l’État agresseur.

Quelles sont les conséquences juridiques lorsqu’un Casus belli est reconnu comme illégal ?

Lorsqu’un Casus belli est considéré illégal, toute action armée s’en revendiquant constitue un acte d’agression. Cela entraîne d’importantes conséquences juridiques internationales, telles que la condamnation par la communauté internationale, des mesures diplomatiques, des sanctions et d’éventuelles poursuites pénales à l’encontre des responsables devant des juridictions pénales internationales, en particulier la Cour pénale internationale (CPI) sur la base du Statut de Rome. De plus, l’État lésé peut, sous certaines conditions, réclamer des réparations en droit international.

Existe-t-il des règles spécifiques concernant le Casus belli en droit international humanitaire ?

Le droit international humanitaire, notamment les Conventions de Genève et leurs protocoles additionnels, ne régit pas directement la légalité d’un Casus belli, mais édicte des normes relatives au comportement des parties pendant un conflit armé. Cependant, le ius ad bellum, c’est-à-dire le droit de faire la guerre, est supposé par ces normes sans que sa légalité ne soit appréciée. Ainsi, même une guerre commencée illégalement lie néanmoins les parties au droit international humanitaire (« le droit de Genève colle au baïonnette »). L’examen de la légitimité d’un Casus belli relève du droit international général, et non du droit international humanitaire de crise.