Lexique juridique

Biodiversité

Définition et importance de la biodiversité

La biodiversité (ou diversité biologique) désigne la diversité de tous les organismes vivants, la diversité génétique au sein d’une espèce, la diversité des espèces ainsi que la diversité des écosystèmes. Elle constitue une ressource fondamentale pour la vie sur Terre et un élément central du développement durable. La biodiversité est à la base de services écosystémiques essentiels tels que la production alimentaire, la purification de l’air et de l’eau ainsi que la stabilité climatique. Dans un contexte juridique, la biodiversité recouvre également de nombreux domaines réglementaires nationaux et internationaux visant à assurer sa protection, son utilisation durable et le partage équitable des avantages issus de son utilisation.

Cadre juridique de la biodiversité

Fondements du droit international

Convention sur la diversité biologique (CDB)

Le document central du droit international est la Convention sur la diversité biologique (Convention on Biological Diversity, CDB) de 1992. Elle poursuit trois objectifs principaux :

  1. la conservation de la diversité biologique,
  2. l’utilisation durable de ses composantes,
  3. le partage juste des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.

La CDB oblige les États parties à élaborer des stratégies, plans et programmes nationaux pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. Elle prévoit également des mécanismes pour le transfert financier, la coopération scientifique et le transfert technologique, mais aussi des procédures de rapport et de contrôle.

Protocole de Nagoya

Le Protocole de Nagoya de 2010 précise et étend la CDB, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources génétiques et le partage équilibré et équitable des avantages découlant de leur utilisation (Access and Benefit-Sharing, ABS). Il impose la transparence, le consentement libre, préalable et éclairé des parties concernées (free prior informed consent), ainsi que la mise en place de points de contact nationaux et de mécanismes de contrôle.

Autres accords internationaux

D’autres accords multilatéraux pertinents sont :

  • la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Convention de Bonn, CMS),
  • la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES),
  • la Convention relative aux zones humides d’importance internationale (Convention de Ramsar),
  • la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Convention de Berne).

Réglementations européennes pour la protection de la biodiversité

Bases juridiques européennes

L’Union européenne poursuit une stratégie globale en matière de biodiversité. La protection de la biodiversité est ancrée dans le droit primaire, en particulier à l’article 191 TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), ainsi que dans le droit dérivé, par exemple :

  • Directive 92/43/CEE (directive « Habitats Faune-Flore », FFH),
  • Directive 2009/147/CE (directive Oiseaux).

Les deux directives forment la base du réseau de zones protégées Natura 2000, principal instrument européen de protection des espèces et des habitats.

Obligations de mise en œuvre et sanctions

Les États membres doivent prendre les mesures appropriées pour préserver ou restaurer les habitats et populations d’espèces concernées. En cas d’infractions ou de manquements, des procédures d’infraction et des sanctions peuvent être engagées.

Droit national en Allemagne

Loi fédérale sur la protection de la nature (BNatSchG)

La loi fédérale sur la protection de la nature de l’Allemagne fixe les objectifs et principes de la protection de la nature, notamment la préservation et le développement de la biodiversité (§ 1 BNatSchG). Les instruments centraux sont la désignation de zones protégées (parcs nationaux, réserves naturelles et paysagères, réserves de biosphère), les réseaux écologiques et la réglementation de la protection des espèces.

Mise en œuvre des obligations internationales

Les prescriptions découlant des accords internationaux comme la CDB et du droit européen sont transposées en droit fédéral ou régional. Dans un système fédéral, les Länder jouent un rôle clé dans la planification et la gestion des zones protégées et des réseaux écologiques.

Instruments de protection de la biodiversité

Zones protégées et protection spatiale

Les zones protégées assurent la préservation de la biodiversité via des restrictions légales d’utilisation des surfaces. Il s’agit notamment de :

  • Parcs nationaux,
  • Réserves naturelles,
  • Zones de protection paysagère,
  • Réserves de biosphère,
  • Zones Natura 2000.

Des interdictions et restrictions différenciées s’appliquent au sein de ces zones. La réalisation de plans de gestion et de mesures de suivi est obligatoire.

Protection des espèces

Outre la protection des espaces, il existe des réglementations spécifiques pour les espèces particulièrement menacées. Elles comprennent des interdictions de destruction, dégradation ou prélèvement des espèces protégées et de leurs habitats. La protection des espèces est régie tant au niveau international (CITES) qu’au niveau national (BNatSchG, ordonnance fédérale sur la protection des espèces).

Réglementation des interventions et mesures compensatoires

Le droit allemand de la protection de la nature prévoit une réglementation des interventions (§§ 13 et suivants BNatSchG) : Pour tout projet impliquant des atteintes à la nature ou au paysage, il convient d’éviter et de minimiser les impacts sur la biodiversité ou, si cela n’est pas possible, de les compenser par des mesures de substitution ou de compensation.

Droit des brevets biologiques, droit des semences et protection des obtentions végétales

Les droits d’exploitation industrielle sur le matériel génétique et les plantes cultivées ont des incidences sur les objectifs de la biodiversité. Alors que les brevets biologiques sont possibles selon le droit des brevets (par ex. § 2a PatG, directive 98/44/CE), la loi sur la protection des obtentions végétales régit les droits exclusifs sur de nouvelles variétés végétales. La protection des variétés traditionnelles (« agrobiodiversité ») représente un véritable défi juridique.

Biodiversité et économie

Conséquences pour la planification, l’agriculture et la sylviculture

Les impacts sur la biodiversité doivent être pris en compte lors des études d’impact environnemental, de la planification forestière et agricole ainsi que dans le développement des infrastructures. La politique agricole commune de l’UE intègre des mesures d’écologisation visant à promouvoir la biodiversité.

Obligations des entreprises et chaînes d’approvisionnement

Les entreprises sont de plus en plus tenues d’adopter des pratiques compatibles avec la biodiversité, notamment par le règlement européen sur la publication d’informations en matière de durabilité et la loi allemande sur le devoir de vigilance dans les chaînes d’approvisionnement. Pour l’importation de ressources génétiques, les exigences du Protocole de Nagoya s’appliquent.

Accès aux ressources génétiques et savoirs traditionnels

Conformément à la CDB et au Protocole de Nagoya, l’accès aux ressources génétiques et au savoir traditionnel des communautés indigènes et locales suppose leur consentement et un partage équitable des avantages (« Access and Benefit Sharing »). Les violations peuvent donner lieu à des sanctions civiles et pénales.

Mise en œuvre du droit et contrôle

La mise en œuvre de la protection juridique de la biodiversité repose sur des contrôles administratifs, des procédures administratives ainsi que sur des mesures de sanctions civiles ou administratives. Des droits de recours existent également pour les associations de protection de l’environnement reconnues (action de groupe) afin de contester les décisions affectant la protection de la biodiversité.

Développements actuels et défis

L’urbanisation croissante, l’agriculture intensive et les effets du changement climatique continuent de représenter des menaces majeures pour la diversité des espèces. Des initiatives internationales comme le « Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal » fixent actuellement de nouveaux objectifs ambitieux. Cependant, la mise en œuvre et l’application juridique restent parmi les plus grands défis pour une protection efficace de la biodiversité.


Conclusion :
La notion de biodiversité présente une dimension juridique complexe englobant différents niveaux réglementaires internationaux, européens et nationaux. La protection de la biodiversité requiert une interaction multidimensionnelle de traités internationaux, de lois nationales, de règlements, de procédures administratives et d’obligations privées ainsi qu’une exécution juridiquement effective. Compte tenu de la crise mondiale de la biodiversité, le développement juridique constant et l’application rigoureuse demeurent essentiels au maintien des fondements naturels de la vie.

Questions fréquemment posées

Quels sont les principaux accords internationaux régissant la protection de la biodiversité ?

L’accord international central en matière de biodiversité est la Convention sur la diversité biologique (Convention on Biological Diversity – CDB), adoptée en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Elle engage les États Parties à préserver la diversité biologique, à garantir son utilisation durable et à partager équitablement les avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. S’y ajoutent la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et le Protocole de Cartagena sur la biosécurité. Au sein de l’Union européenne, des directives spécifiques telles que la directive « Habitats Faune-Flore » (FFH) et la directive Oiseaux organisent la protection de la biodiversité à l’échelle européenne.

Quelles obligations découlent pour les États des accords sur la biodiversité ?

Les États parties doivent élaborer et actualiser régulièrement des stratégies et plans d’action nationaux pour la protection et l’utilisation durable de la diversité biologique. Cela inclut la surveillance de la biodiversité, la communication de rapports aux organes internationaux et l’intégration de la protection de la biodiversité dans d’autres politiques. Les États doivent pratiquer des mesures pour la préservation des espèces et écosystèmes menacés, tels que la désignation de zones protégées, le développement de mesures de restauration et le contrôle des espèces invasives. Ils doivent également garantir la participation du public et réglementer l’accès aux ressources génétiques.

Quel est le rôle de la Convention d’Aarhus pour la protection de la biodiversité ?

La Convention d’Aarhus (adoptée en 1998) garantit au public des droits d’accès à l’information environnementale, de participation aux procédures décisionnelles et d’accès à la justice en matière d’environnement, y compris en relation avec la biodiversité. Elle oblige les autorités publiques à diffuser activement les informations pertinentes et à associer le public de manière complète, précoce et effective à toutes les procédures susceptibles d’avoir un impact sur la diversité des espèces – par exemple lors de la planification de zones protégées ou de la délivrance d’autorisations pour des projets ayant un impact sur les habitats.

Comment la biodiversité est-elle juridiquement protégée dans le cadre de la réglementation des interventions ?

En droit allemand de la protection de la nature, la réglementation dite des interventions (§§ 13 et suivants BNatSchG) revêt une importance centrale pour la préservation de la biodiversité. Toute atteinte significative à la nature ou au paysage (par exemple, projets de construction ou infrastructures) doit être évitée ou limitée au strict nécessaire. Les atteintes inévitables doivent être compensées au moyen de mesures compensatoires ou de remplacement. Cette réglementation vise à préserver durablement les fonctions du milieu naturel et la diversité biologique. Les exigences et leur concrétisation sont, au cas par cas, l’objet de vastes procédures de planification et d’autorisation.

Quel rôle jouent les directives Habitats et Oiseaux pour la biodiversité dans l’UE ?

La directive « Habitats Faune-Flore » (FFH) et la directive Oiseaux constituent la pierre angulaire du droit européen de la protection de la nature. Elles obligent les États membres à désigner et assurer la préservation de zones protégées (réseau Natura 2000) pour les espèces et habitats menacés. Ces directives fixent des obligations détaillées d’évaluation et de rapport, interdisent la détérioration ou la destruction de certains habitats ainsi que la perturbation ou la destruction d’espèces protégées. Cela concerne aussi bien les interventions publiques que les projets d’acteurs privés. Des actes nationaux de transposition définissent les exigences concrètes et les mesures à prendre.

Comment les activités économiques sont-elles réglementées en tenant compte de la biodiversité ?

Les activités économiques sont soumises à de nombreuses procédures d’examen et d’autorisation ayant pour objectif la protection de la biodiversité. En particulier, dans le cadre de la procédure d’autorisation selon la loi fédérale sur la protection de la nature, la loi sur l’étude d’impact sur l’environnement (UVPG) ou selon les directives européennes, la compatibilité avec les zones protégées existantes, les espèces et les habitats doit être vérifiée. Il existe également une obligation particulière de compenser les interventions par des mesures compensatoires ou de substitution. Les infractions aux prescriptions de protection, telles que la destruction de biotopes protégés ou la mise à mort d’espèces strictement protégées, sont sanctionnées par des amendes administratives, voire des sanctions pénales.

Quels instruments juridiques existent pour sanctionner les pertes de biodiversité ?

En cas d’infractions aux règles de protection de la biodiversité, différents mécanismes de sanction s’appliquent. En droit allemand, ils vont de l’avertissement et des injonctions de restauration des surfaces endommagées à des amendes, voire à des sanctions pénales, en particulier en cas d’atteinte intentionnelle ou par négligence grave aux espèces ou habitats strictement protégés. Un projet peut également être interdit ou exproprié a posteriori en cas d’atteintes graves. Sur le plan international, les États parties peuvent faire l’objet de réprimandes et de mesures de sanction, notamment dans le cadre de la convention sur le commerce des espèces menacées. Il existe par ailleurs la possibilité pour les associations de protection de la nature reconnues d’introduire des actions collectives afin d’obtenir la révision juridictionnelle des décisions.