Lexique juridique

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Définition et explication du terme : double nationalité

Le terme double nationalité désigne une personne qui possède simultanément la nationalité d’au moins deux États. Le statut de double nationalité touche de nombreux aspects du droit national et international, en particulier en ce qui concerne le droit de la nationalité, le droit de séjour, le service militaire, les obligations de protection et les droits relatifs au statut juridique dans les différents États. Les réglementations et conséquences juridiques de la double nationalité varient selon les États concernés, les accords bilatéraux et les dispositions internationales.

Origine de la double nationalité

Acquisition d’origine de la double nationalité

La double nationalité résulte fréquemment de l’application de différents principes de nationalité tels que le droit du sol (ius soli) et le principe de filiation (ius sanguinis). Si, par exemple, un enfant naît de parents de nationalités différentes ou sur le territoire d’un État autre que celui de ses parents, il peut posséder dès la naissance plusieurs nationalités.

Acquisition par naturalisation

La double nationalité peut également résulter d’une naturalisation, lorsque l’État de naturalisation n’exige pas obligatoirement la renonciation à la nationalité antérieure ou si l’État d’origine n’envisage pas ou rend difficile la perte de l’ancienne nationalité.

Autres motifs d’acquisition

D’autres possibilités incluent l’acquisition par mariage, adoption ou recouvrement d’une ancienne nationalité. De même, ce que l’on appelle « l’obligation d’option » – par exemple en vertu de certaines réglementations allemandes – peut temporairement donner lieu à une double nationalité.

Bases juridiques de la double nationalité

Droit national

De nombreux pays disposent de réglementations spécifiques en matière de reconnaissance, de tolérance ou de refus de la pluralité de nationalités. Tandis que des pays comme l’Allemagne adoptent une attitude restrictive et n’autorisent la pluralité des nationalités qu’à titre exceptionnel, d’autres États comme la France ou la Suisse reconnaissent en principe le statut de double nationalité.

Accords internationaux

Des conventions internationales telles que la Convention européenne sur la réduction des cas de pluralité de nationalités (1963) et la Convention sur la nationalité dans le cadre du Conseil de l’Europe (1997) visent à réglementer les conséquences de la pluralité de nationalités ou à en éviter l’apparition. Les effets et la force obligatoire de tels accords dépendent de leur ratification par les États concernés.

Droit européen

Dans le contexte de l’Union européenne, la citoyenneté de l’Union joue un rôle important. Celle-ci ne remplace pas la nationalité nationale, mais vient s’y ajouter. Des droits tels que la liberté de circulation, le droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes ainsi que la protection consulaire par d’autres États membres concernent particulièrement les doubles nationaux au sein de l’UE.

Conséquences juridiques de la double nationalité

Service militaire et obligations militaires

Un aspect central concerne le service militaire : les doubles nationaux peuvent être astreints à la conscription dans les deux États. Les accords internationaux, tels que la « Convention européenne sur la nationalité » ou les traités bilatéraux, prévoient souvent des exceptions afin d’éviter une double charge. Cependant, en pratique, des intérêts nationaux divergents peuvent occasionnellement entraîner des conflits ou des doublons d’obligations.

Droits et obligations envers les deux États

Les doubles nationaux bénéficient des droits et sont soumis aux obligations des deux États. Cela inclut l’imposition, la sécurité sociale, le droit de vote et les devoirs civiques. Des conflits peuvent apparaître si les lois sont contradictoires, par exemple concernant le service militaire ou l’obligation de respecter certains comportements dans la fonction publique.

Protection consulaire et représentation diplomatique

Les doubles nationaux ont en principe droit à la protection consulaire des deux États. Cependant, de nombreux pays excluent la protection consulaire sur leur propre territoire pour les personnes possédant une autre nationalité. En ce qui concerne les pays tiers, la protection diplomatique s’avère également complexe, car il n’est pas toujours clair quel État est compétent pour la protection de ses doubles nationaux.

Perte et renonciation à la double nationalité

Perte automatique ou retrait

Certains États prévoient une perte automatique de la nationalité antérieure lors de l’acquisition d’une nouvelle. Le statut peut également être perdu par retrait de la nationalité, par exemple en cas de crimes graves. Les conditions préalables et les procédures de retrait sont généralement strictement réglementées et soumises aux normes internationales des droits de l’homme, afin d’éviter l’apatridie.

Renonciation volontaire

Les doubles nationaux peuvent généralement renoncer volontairement à l’une de leurs nationalités, si la législation du pays concerné le permet. Cette renonciation doit être formellement déclarée et approuvée par l’autorité compétente.

Doubles nationaux dans le contexte international

Apatridie et liens avec les États

Le statut de double nationalité vise à éviter l’apatridie, mais entraîne dans le contexte international de nombreux défis juridiques, notamment concernant l’expulsion, l’extradition et l’accomplissement des obligations civiques dans différents États.

Aspects fiscaux

Les doubles nationaux sont parfois au centre du droit fiscal international. Les conventions de double imposition déterminent à quel pays revient le droit d’imposer certains revenus ou patrimoines. La complexité peut survenir, par exemple, lors d’un changement de résidence ou d’activités économiques transfrontalières.

Conclusion – importance de la double nationalité dans le système juridique

Le statut juridique des doubles nationaux est caractérisé par une grande complexité, car il est influencé à la fois par le droit national, le droit international et les différentes configurations entre les États concernés. Les questions centrales portent sur les obligations militaires, la fiscalité, la protection diplomatique et la participation à la vie publique. Des lois en constante évolution et des accords entre États rendent le statut du double national flexible mais aussi complexe, surtout dans un monde de plus en plus interconnecté et mondialisé.

Questions fréquemment posées

Quelles obligations un double national a-t-il envers les États concernés ?

Un double national – c’est-à-dire une personne possédant la nationalité de deux États différents – est en principe soumis aux obligations légales des deux États. Cela signifie que les obligations légales telles que l’imposition, le service militaire, l’enregistrement ou des obligations de coopération auprès des institutions étatiques doivent être remplies dans les deux pays, à moins que des règles de droit international ou des accords bilatéraux spécifiques ne prévoient des facilités ou des exemptions. En matière de service militaire, des accords bilatéraux – tels que ceux conclus par l’Allemagne avec certains États – peuvent éviter une double conscription. La situation est particulièrement complexe lorsque les États concernés sont en conflit ou posent des exigences divergentes en matière de respect des règles. En règle générale, il n’est pas possible d’invoquer « l’autre » nationalité pour se soustraire à ses obligations dans l’un des deux pays. Des conflits de loyauté sont donc possibles, d’autant que le droit international ne prévoit pas de solutions universelles à de tels cas, s’en remettant plutôt à des accords entre États ou à des décisions au cas par cas.

Quelles sont les conséquences de l’acquisition d’une nouvelle nationalité sur la nationalité existante ?

L’acquisition d’une nouvelle nationalité peut avoir, selon le droit national du pays d’origine, diverses conséquences. Certains États prévoient la perte automatique de la nationalité d’origine lors de l’acquisition d’une nouvelle (« perte automatique »), tandis que d’autres tolèrent la pluralité ou subordonnent le maintien à une autorisation préalable. En Allemagne, par exemple, l’acquisition d’une autre nationalité entraîne en principe la perte de la nationalité allemande, sauf si une autorisation de conserver cette nationalité a été demandée et obtenue au préalable. L’Autriche ne reconnaît la pluralité des nationalités que dans quelques cas exceptionnels, tandis que de nombreux pays occidentaux – comme la France, le Royaume-Uni ou le Canada – tolèrent en principe la double nationalité. Pour les personnes concernées, il est essentiel de vérifier soigneusement les lois nationales des deux pays ainsi que les éventuelles exceptions ou obligations déclaratives, car une perte non intentionnelle de la nationalité peut avoir des conséquences lourdes (par ex. perte du droit de séjour ou de vote).

Les doubles nationaux peuvent-ils voter et occuper des fonctions publiques dans les deux pays ?

La possibilité d’exercer le droit de vote (actif ou passif) ou d’occuper une fonction publique (par exemple accéder à la fonction publique) dans les deux pays dépend des dispositions nationales applicables. Dans de nombreux cas, la législation relie le droit de vote à la nationalité et au domicile. En Allemagne, les citoyens allemands – et donc aussi les doubles nationaux – ont en principe le droit de participer à toutes les élections fédérales, régionales et communales ou d’occuper une fonction publique, sous réserve de remplir d’autres conditions (âge minimum, aptitude, etc.). D’autres États peuvent prévoir des restrictions, comme l’exclusion des doubles nationaux du service diplomatique ou des postes sensibles. Dans certains pays, le droit de vote à l’étranger est également limité ou exclu. Il est donc nécessaire de connaître les bases juridiques dans chaque État et de prendre en compte d’éventuelles incompatibilités.

Les doubles nationaux doivent-ils en cas d’urgence accomplir le service militaire dans les deux pays ?

L’obligation d’effectuer le service militaire pour les doubles nationaux dépend des lois en vigueur dans les pays concernés. Théoriquement, il est possible que les deux pays exigent le service militaire d’une même personne. Pour éviter une double conscription, certains États ont conclu des accords bilatéraux ou multilatéraux prévoyant soit la reconnaissance mutuelle d’un service déjà accompli, soit l’obligation militaire uniquement dans le pays de résidence. L’Allemagne, par exemple, a conclu de tels accords avec de nombreux pays (par exemple, les États-Unis, la Suisse ou la Turquie) protégeant les doubles nationaux d’une double obligation de service militaire. En l’absence de tels accords, l’obligation de servir dans les deux pays peut effectivement exister, ou des inconvénients peuvent être subis en cas de refus (par exemple, interdiction d’entrée, conséquences pénales).

Quelles sont les possibilités juridiques de renoncer à une nationalité ?

La procédure de renonciation à une nationalité varie selon les pays. En Allemagne, la nationalité peut être abandonnée sur demande par une sortie de l’association nationale, à condition que la personne concernée possède au moins une autre nationalité et qu’aucun obstacle particulier n’existe (service militaire, procédures judiciaires en cours ou dettes envers l’État, par exemple). Cette procédure implique de nombreuses obligations de preuve et, dans certains cas – comme pour une nationalité européenne – des vérifications supplémentaires. D’autres États peuvent prévoir des réglementations plus strictes, voire interdire la renonciation, notamment en cas d’intérêts liés à la sécurité ou à la fiscalité, ou si la renonciation conduit à l’apatridie. Il est conseillé de consulter un conseil juridique à un stade précoce et d’examiner attentivement la législation nationale afin d’éviter des désavantages juridiques ou sociaux.

Les doubles nationaux peuvent-ils invoquer la protection diplomatique des deux pays à l’étranger ?

En principe, selon le droit international, en particulier la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, les doubles nationaux bénéficient à l’étranger de la protection diplomatique de l’État dont ils possèdent la nationalité – avec une exception importante : s’ils se trouvent dans le pays de leur seconde nationalité, ils ne peuvent invoquer la protection diplomatique de l’autre État. Dans un pays tiers, ils peuvent revendiquer la protection des deux États, mais l’effectivité de cette protection dépend aussi de considérations politiques et pratiques. Beaucoup d’États excluent par ailleurs le soutien consulaire à leurs doubles nationaux lorsqu’ils se trouvent sur le territoire du second État d’origine. Dans certaines situations, la double nationalité peut ainsi entraîner une insécurité juridique ou limiter la portée de la protection, par exemple parce que les États tiers évaluent différemment le statut diplomatique.

La double nationalité entraîne-t-elle des conséquences fiscales ?

Les doubles nationaux sont en principe imposables selon les lois des deux États, en particulier si ceux-ci appliquent le principe de l’imposition sur le revenu mondial ou s’ils perçoivent des revenus sur le territoire national. Les conventions de double imposition (CDI) conclues entre la plupart des pays industrialisés déterminent à quel État revient le droit d’imposer, dans le but d’éviter la double imposition et d’apporter une sécurité juridique aux personnes concernées. Toutefois, des situations complexes – comme un changement de résidence, des successions ou des participations dans des entreprises – peuvent exiger la déclaration de certains revenus dans les deux pays ; l’impôt versé dans un État pourra alors être imputé sur la charge fiscale de l’autre (méthode d’imputation) ou, dans certains cas, certains revenus ne seront imposés que dans un seul État (méthode d’exonération). Il est donc indispensable pour les doubles nationaux d’accomplir correctement leurs obligations déclaratives et de prendre conseil auprès d’experts fiscaux, car des déclarations inexactes peuvent entraîner des poursuites ou des désavantages financiers.