Lexique juridique

Bière

Définition et protection juridique du terme « bière »

Le terme « bière » possède une définition précise en droit allemand et européen. Il désigne une boisson alcoolisée obtenue par fermentation alcoolique de malt (généralement d’orge), de houblon, de levure et d’eau. La composition et la fabrication de cette boisson sont soumises à des prescriptions légales strictes. En Allemagne, c’est notamment le « Reinheitsgebot » ainsi que la loi sur la taxe sur la bière (BierStG) qui s’appliquent, tandis qu’au niveau européen, le règlement (UE) n° 1308/2013 sur l’organisation commune des marchés des produits agricoles est déterminant.


Origines historiques et développement de la législation sur la bière

Les débuts du droit de la bière

Dès le Moyen Âge, des règlements de brasserie existaient en Europe centrale, fixant des prescriptions sur la composition et la qualité de la bière. L’exemple le plus connu est le Reinheitsgebot bavarois de 1516, qui prescrivait que la bière ne devait être brassée qu’avec de l’eau, du malt et du houblon.

Transposition dans le droit moderne

Avec la législation impériale de 1871 et plus tard la création de la République fédérale d’Allemagne, la réglementation de la bière a été codifiée par la loi sur la taxe sur la bière de 1923 et ses versions postérieures. Le droit allemand a été influencé et partiellement adapté par des directives européennes, tout en conservant ses spécificités concernant la définition de la « bière », afin de protéger les consommateurs et la culture brassicole.


Bases juridiques importantes pour la bière en Allemagne

La loi sur la taxe sur la bière (BierStG)

Définition (§ 1 BierStG)

La loi sur la taxe sur la bière définit la bière comme une « boisson obtenue par fermentation alcoolique de malt, houblon et eau ». D’autres substances ne peuvent généralement pas être ajoutées, à part certains ingrédients spécifiquement énumérés dans la loi, dans la mesure où ils sont technologiquement nécessaires et autorisés.

Bières dérogeant au Reinheitsgebot

Pour des bières spéciales et des bières provenant d’autres pays de l’UE, la loi sur la taxe sur la bière prévoit des exceptions. Certains additifs sont par exemple autorisés dans les bières importées, à condition qu’ils soient conformes à la réglementation alimentaire applicable.

Dispositions du droit alimentaire

Code allemand des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (LFGB) ainsi que règlement sur l’étiquetage des denrées alimentaires

Selon ces réglementations, la bière est considérée comme un aliment et doit répondre à de strictes exigences concernant sa composition, son étiquetage et les additifs autorisés. Toute dérogation à la définition traditionnelle doit être indiquée (par exemple pour les boissons mélange à base de bière ou les bières sans gluten).

Additifs et obligation de déclaration

Certains additifs comme les enzymes, conservateurs ou arômes ne sont pas autorisés dans la bière classique, si le produit doit porter l’appellation « bière ». Conformément au droit alimentaire de l’UE, toutes les substances utilisées doivent être correctement déclarées.


Protection de la dénomination « bière » et protection contre l’induction en erreur

Dénomination usuelle et protection du consommateur

Au sens du LFGB et des règlements de l’UE, la dénomination « bière » est une appellation usuelle. Cela signifie que seules les boissons qui répondent à la composition et la méthode de fabrication traditionnelle et prescrite par la loi peuvent être appelées « bière ».

Interdiction de l’induction en erreur

L’utilisation de l’appellation « bière » pour des produits ne remplissant pas ces conditions est interdite comme pratique trompeuse selon § 11 LFGB. Les concurrents et les consommateurs peuvent engager des poursuites selon la loi contre la concurrence déloyale (UWG) en cas d’infraction.


Aspects du droit européen concernant la fabrication et la dénomination de la bière

Harmonisation et réglementations nationales particulières

Le droit européen vise à équilibrer traditions nationales (telles que le Reinheitsgebot allemand) et règles du marché intérieur. Le règlement sur l’information des denrées alimentaires (LMIV) ainsi que le règlement (UE) n° 1308/2013 définissent les ingrédients et procédés de fabrication acceptés au sein de l’UE pour la bière.

Commerce transfrontalier (« principe Cassis de Dijon »)

L’arrêt « Cassis de Dijon » de la Cour de justice de l’UE a établi que des produits légalement fabriqués et commercialisés dans un État membre de l’UE ne peuvent pas être interdits dans d’autres États membres, sauf circonstances exceptionnelles. Ainsi, des bières fabriquées avec d’autres ingrédients dans d’autres pays de l’UE peuvent être mises sur le marché en Allemagne sous l’appellation « bière », à condition d’y être elles-mêmes légalement reconnues comme telles.


Réglementations fiscales autour de la bière

Taxe sur la bière et catégories fiscales

La bière, considérée comme un produit de plaisir, est soumise à la taxe sur la bière, dont le montant dépend de l’extrait primitif. La loi sur la taxe sur la bière régit le calcul, la perception et les exemptions en distinguant entre petits producteurs, microbrasseries et autres fabricants.

Redevables et déclaration d’impôt

Le responsable du paiement de la taxe sur la bière est généralement le fabricant ou l’importateur. Les irrégularités, telles que la mise sur le marché de bière non taxée, peuvent être poursuivies en tant qu’infraction administrative ou délit fiscal selon le code fiscal (AO).


Obligations d’étiquetage et dispositions de protection du consommateur

Mentions obligatoires sur l’étiquette de bière

Les bières sont soumises, en matière d’étiquetage, au règlement sur l’information des denrées alimentaires. Les informations suivantes doivent obligatoirement figurer :

  • Dénomination usuelle (« bière »)
  • Date de durabilité minimale
  • Quantité nominale
  • Nom et adresse du fabricant
  • Teneur en alcool (si supérieure à 1,2 % vol.)
  • Liste des ingrédients (en cas de dérogation au Reinheitsgebot)

Mentions particulières pour les bières spéciales et boissons mélangées

Pour les boissons à base de bière, la bière sans alcool ou les bières comportant des additifs, il existe des exigences élargies concernant les informations à porter sur l’étiquette et la description du produit.


Dispositions professionnelles concernant la fabrication et la commercialisation de la bière

Exigences pour les brasseries

La production commerciale de bière nécessite la déclaration d’une activité commerciale correspondante. Les brasseries sont soumises à la surveillance des autorités compétentes du contrôle alimentaire et fiscal. Les processus de production critiques doivent faire l’objet d’une analyse des dangers et de mesures HACCP appropriées (Hazard Analysis and Critical Control Points).

Réglementations d’hygiène

Les établissements doivent respecter les règles d’hygiène alimentaire et des aliments pour animaux pertinentes (par ex. règlement (CE) n° 852/2004) afin de garantir l’innocuité du produit.


Droits de protection et indications géographiques pour la bière

Indications d’origine géographique

Conformément au règlement (UE) n° 1151/2012, certaines sortes de bière sont protégées contre l’imitation par des indications telles que « indication géographique protégée » (IGP) ou « appellation d’origine protégée » (AOP). Des exemples sont « Kölsch » ou « Bayerisches Bier », qui ne peuvent être commercialisés que dans le respect de critères de production et de région spécifiques.

Protection au titre de la marque de l’Union

Les indications d’origine et les logos de certaines marques de bière peuvent être protégés en tant que marque de l’Union selon le règlement (UE) 2017/1001, à condition de remplir les exigences requises. Cela vise à lutter contre la contrefaçon et les risques de confusion de marque.


Particularités : bière sans alcool et boissons à base de bière

Définition et traitement juridique de la bière sans alcool

En Allemagne, la bière sans alcool – malgré sa dénomination – peut contenir des traces d’alcool jusqu’à 0,5 % vol. L’étiquetage « sans alcool » n’est autorisé que si le produit ne dépasse pas cette limite et qu’aucune allégation trompeuse n’est effectuée.

Réglementations sur les boissons à base de bière

Les boissons à base de bière sont soumises à des règles alimentaires spécifiques. Elles ne peuvent être commercialisées qu’en respectant certaines obligations d’addition et d’étiquetage. Le produit ne peut porter l’appellation « boisson à base de bière » ou similaire que si la proportion de bière est caractéristique.


Droit de la concurrence et de la publicité pour les produits de la bière

Restrictions publicitaires pour les boissons alcoolisées

Dans le cadre du droit de la concurrence, il existe des restrictions publicitaires spécifiques pour la bière, notamment afin de protéger les enfants et les adolescents contre la consommation d’alcool. Ces règles se trouvent dans le contrat d’État sur la protection de la jeunesse dans les médias (JMStV) ainsi que dans différents accords professionnels.


Conclusion : résumé du cadre juridique de la bière

Le terme « bière » est soumis en Allemagne et dans l’Union européenne à une réglementation exhaustive et détaillée, précisant la production, la composition, l’étiquetage, la commercialisation et la fiscalité. L’objectif est d’assurer à la fois la protection des consommateurs et de la concurrence, de préserver les méthodes de fabrication traditionnelles et de garantir un marché intérieur transparent. Le respect de la législation est obligatoire pour les producteurs, commerçants et importateurs, et fait l’objet d’un contrôle régulier par les autorités compétentes.

Questions fréquentes

Quelles sont les réglementations en vigueur pour la fabrication et la commercialisation de la bière en Allemagne ?

La fabrication et la commercialisation de la bière en Allemagne sont principalement soumises à la loi allemande sur la taxe sur la bière (BierStG) ainsi qu’à la loi provisoire sur la bière (VorlBierG). Le fameux Reinheitsgebot est également central car il régit les ingrédients autorisés pour la bière (malt, houblon, levure, eau). Toute personne souhaitant produire ou vendre de la bière à titre commercial doit obtenir une licence au titre de la loi sur la restauration et s’inscrire auprès du bureau du commerce compétent. S’y ajoutent des prescriptions du droit alimentaire, des obligations d’étiquetage selon le règlement européen sur l’information des denrées alimentaires (LMIV) et la loi sur la vérification des quantités, qui régit le volume de remplissage correct. Sur le plan économique, la détermination et la déclaration de la taxe conformément à la loi sur la taxe sur la bière sont centrales. La commercialisation est également soumise à la protection de la jeunesse et aux interdictions de vente conformément à la loi sur la protection de la jeunesse (vente seulement à partir de 16 ans). Pour la vente en ligne, des règles de vente à distance et des particularités pour l’expédition de boissons alcoolisées s’appliquent en plus.

Existe-t-il des prescriptions spéciales pour la distribution de bière lors d’événements ?

Pour distribuer de la bière lors d’événements publics, une autorisation de débit est obligatoire, délivrée par l’autorité administrative compétente. Dans le cadre de la loi sur la restauration, une autorisation temporaire (dite “Gestattung”) peut être demandée lorsque de l’alcool est servi à titre provisoire (ex. fêtes de rue, marchés, événements associatifs). Lors d’événements, l’organisateur doit en outre respecter la loi sur la protection de la jeunesse, c’est-à-dire effectuer des contrôles d’âge et poser des panneaux d’information adaptés. Les prescriptions de sécurité incendie, les règles d’hygiène de la Loi sur la protection contre les infections (IfSG) et, le cas échéant, les redevances GEMA pour l’accompagnement musical, doivent également être respectées.

La vente de bière est-elle soumise à des réglementations particulières en matière de protection des mineurs ?

Oui, la vente et la consommation de bière sont soumises à la loi sur la protection des mineurs (JuSchG). Selon § 9 JuSchG, la bière (ainsi que d’autres boissons dont la teneur en alcool est inférieure à 15 % vol.) ne peut être vendue à des mineurs qu’à partir de 16 ans. Dans les établissements, les points de vente et lors d’événements publics, le personnel doit vérifier l’âge des acheteurs si des doutes subsistent. Pour la vente à distance (vente en ligne), des systèmes de vérification d’âge doivent être mis en place pour empêcher la remise à des mineurs. Toute infraction expose les établissements concernés à des amendes et des sanctions pénales.

Quelles sont les obligations fiscales pour les brasseurs et les commerçants de bière ?

La taxe sur la bière est un impôt à la consommation selon § 1 BierStG. Tout producteur de bière à titre commercial doit s’enregistrer auprès du bureau principal des douanes compétent. L’impôt est exigible dès que la bière quitte le site de production (fin du régime de suspension). Les petites brasseries produisant jusqu’à 200 000 hl/an bénéficient de taux réduits (§ 2a BierStG). Les commerçants qui importent de la bière de l’étranger doivent s’acquitter de droits d’importation et effectuer une déclaration en douane. Une comptabilité correcte, la déclaration et le versement ponctuel des taxes sont des obligations légales strictes. Les notifications erronées ou tardives peuvent entraîner des redressements fiscaux ou des amendes.

Existe-t-il des particularités en matière de publicité pour la bière ?

La publicité pour la bière est légalement limitée par la loi contre la concurrence déloyale (UWG) et par le contrat d’État sur la protection de la jeunesse dans les médias (JMStV). La publicité ne doit pas contenir d’allégations relatives à la santé (§ 12 LFGB) suggérant à tort que la bière aurait des effets bénéfiques sur la santé. La publicité ne doit pas non plus cibler spécifiquement les enfants ou les adolescents, ni donner l’impression que la consommation d’alcool favorise la réussite sociale ou sportive. De plus, toute tromperie concernant la teneur en alcool ou la nature du produit est interdite. En cas d’infraction, des actions en cessation peuvent être engagées par des concurrents ou des associations de défense des consommateurs.

Quelles obligations doivent être respectées pour l’étiquetage de la bière ?

L’étiquetage de la bière est soumis aux prescriptions de la LMIV (règlement (UE) n° 1169/2011). Les mentions obligatoires comprennent : la dénomination de vente (bière), le nom/l’adresse du fabricant, la liste des ingrédients (notamment les additifs), la date de durabilité minimale, le volume net, la teneur en alcool (obligatoire à partir de 1,2 % Vol.), le numéro de lot et le cas échéant, des indications sur les allergènes (par ex. gluten). Pour les bières spéciales, les modes de fabrication ou ingrédients particuliers doivent également être indiqués. Les mentions fausses ou incomplètes peuvent être sanctionnées comme infraction ou même délit.