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Autorités de la concurrence

Notion et missions des autorités de la concurrence

Les autorités de la concurrence sont des institutions étatiques ou supranationales dont la mission principale consiste à faire respecter et à surveiller le droit de la concurrence. Elles veillent au respect des réglementations destinées à protéger la concurrence et à prévenir les abus de position sur le marché. Parmi leurs tâches figurent notamment la détection et la poursuite des ententes illicites, le contrôle des concentrations d’entreprises (contrôle des fusions) ainsi que la sanction des infractions au droit de la concurrence, telles que l’abus de position dominante.

Les autorités de la concurrence agissent dans le cadre de dispositions légales et disposent de vastes pouvoirs d’enquête et de sanction. Leur objectif est d’assurer une concurrence effective dans l’intérêt des consommateurs, de l’économie et de la collectivité.

Cadre juridique des autorités de la concurrence

Autorités nationales de la concurrence

En Allemagne, l’Office fédéral de lutte contre les cartels (Bundeskartellamt, BKartA) est l’autorité centrale de la concurrence au niveau fédéral. Il agit sur la base de la Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB). Outre l’Office fédéral, il existe dans certains Länder des autorités régionales chargées du contrôle des affaires présentant une importance régionale (autorités locales de la concurrence).

Office fédéral de lutte contre les cartels (BKartA)

L’Office fédéral poursuit notamment les missions suivantes :

  • Lutte contre les ententes : L’interdiction des accords anticoncurrentiels (§ 1 GWB) et la poursuite des cartels illégaux sont au premier plan.
  • Contrôle des concentrations : Les concentrations d’entreprises dépassant un seuil de chiffre d’affaires fixé par la loi (§§ 35-43a GWB) sont soumises à un contrôle. L’objectif est de prévenir ou d’éliminer des positions dominantes sur le marché.
  • Surveillance des abus : L’autorité contrôle les cas d’abus de position dominante ou forte sur le marché (§§ 19, 20 GWB).

L’Office fédéral agit d’office, mais également à la suite de plaintes de tiers ou sur demande, selon des dispositions particulières (par exemple, autorisation ministérielle).

Autorités supranationales de la concurrence

Commission européenne – Direction générale de la concurrence (DG Competition)

La principale autorité supranationale de la concurrence sur le marché intérieur européen est la Commission européenne, représentée par la Direction générale de la concurrence (DG Competition). Les articles 101 et 102 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui prohibent les ententes et les abus de position dominante, constituent la base de son action.

  • Pouvoirs d’enquête : La Commission peut mener des enquêtes, obliger les entreprises à fournir des informations, procéder à des perquisitions (dénommées « dawn raids ») et émettre des « communications des griefs » (Statement of Objections).
  • Pouvoirs de sanction : La Commission européenne peut infliger des amendes importantes et ordonner la cessation des infractions à la concurrence.

Coopération internationale

Les problématiques liées au droit de la concurrence ne se limitent souvent pas aux marchés nationaux. C’est pourquoi les autorités de divers États coopèrent, par exemple dans le cadre du International Competition Network (ICN), de l’OCDE ou via des accords bilatéraux. L’objectif est de coordonner les actions d’enquête et d’éviter des décisions contradictoires.

Organisation et procédures des autorités de la concurrence

Pouvoirs d’enquête

Les autorités de la concurrence disposent de larges pouvoirs d’investigation :

  • Perquisitions et saisies : Elles sont habilitées à perquisitionner les locaux professionnels et à saisir les documents pertinents.
  • Interrogatoire et demandes d’information : Les entreprises et leurs employés sont tenus de fournir des informations.
  • Droit de refus de témoigner : Certaines catégories de personnes peuvent invoquer un droit de refus de témoigner, notamment en ce qui concerne des informations privilégiées (p. ex. secret professionnel de l’avocat).

Les droits procéduraux des personnes concernées sont définis par la loi ; par exemple, des droits d’audition ainsi que le droit de consulter le dossier s’appliquent.

Pouvoirs d’ordre et de sanction

Les autorités de la concurrence peuvent sanctionner les infractions au droit de la concurrence par divers moyens :

  • Amendes : Les amendes peuvent atteindre des montants très élevés en fonction de la gravité de l’infraction – jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe en cas de violation particulièrement grave.
  • Injonctions de cessation : Les autorités peuvent ordonner aux entreprises de mettre un terme à des pratiques anticoncurrentielles.
  • Publicité : Les décisions et amendes peuvent être publiées, entraînant ainsi une perte de réputation supplémentaire pour les entreprises concernées.

Dispositif de clémence (Kronzeugenregelung)

Dans le cadre de la lutte contre les ententes, des mesures incitatives spéciales existent, comme la « règle du témoin à charge » (clémence). Les entreprises qui contribuent rapidement et pleinement à la découverte d’un cartel peuvent bénéficier d’une exonération ou d’une réduction d’amende. Les modalités sont définies à l’§ 81h GWB ainsi que par la réglementation européenne.

Protection juridique et contrôle

Voies de recours contre les mesures des autorités de la concurrence

Les entreprises concernées peuvent former un recours contre les mesures et décisions administratives (par exemple, décisions d’amendes, interdictions de concentration). En Allemagne, le contrôle juridictionnel est exercé de façon régulière par la Cour d’appel de Düsseldorf (§§ 63 sqq. GWB), au niveau européen notamment par le Tribunal de l’Union européenne et la Cour de justice de l’Union européenne.

Contrôle parlementaire et autres institutions

Des contrôles parlementaires et des instances indépendantes accompagnent parfois l’activité des autorités de la concurrence et vérifient la légalité et la proportionnalité de leurs actions.

Importance et rôle des autorités de la concurrence en droit de la concurrence

Les autorités de la concurrence occupent une place centrale dans la préservation de marchés fonctionnels. Elles assurent l’application effective du droit de la concurrence, préviennent les distorsions concurrentielles et contribuent à la stabilité des prix, à la garantie de la qualité et à l’innovation. Leur intervention protège tant les consommateurs que les acteurs économiques. Sur le marché intérieur européen, les autorités nationales et européennes coopèrent et se répartissent les tâches dans le cadre du « Réseau européen de la concurrence » (ECN).

Références bibliographiques et sources

Concernant les autorités de la concurrence, il est recommandé de consulter la littérature spécialisée, notamment :

  • Loi contre les restrictions de la concurrence (GWB)
  • Bases contractuelles : TFUE art. 101 et 102
  • Publications de l’Office fédéral de lutte contre les cartels et de la Commission européenne (DG Competition)
  • Commentaires et manuels sur le droit de la concurrence et des cartels

Grâce à l’étendue de leurs missions et de leurs compétences, les autorités de la concurrence figurent parmi les principaux acteurs garants du maintien et du développement d’une concurrence loyale dans les économies de marché modernes.

Questions fréquemment posées

Quand et dans quels cas les autorités de la concurrence interviennent-elles dans les activités commerciales ?

Les autorités de la concurrence interviennent dès lors qu’il existe des indices d’infractions au droit de la concurrence – notamment l’interdiction des ententes et l’abus de position dominante. Elles surveillent les regroupements d’entreprises (contrôle des concentrations), examinent les ententes anticoncurrentielles telles que les accords sur les prix ou les territoires, ainsi que les comportements concertés, et vérifient si des entreprises abusent de leur pouvoir de marché, par exemple par des pratiques d’éviction ou des obstacles à la concurrence. La transparence du marché ou l’échange d’informations entre concurrents peuvent également être vérifiés, si cela risque d’entraver la concurrence. Les autorités agissent aussi bien de manière réactive sur signalement d’acteurs du marché, de concurrents ou via des programmes de clémence, que de façon proactive par des enquêtes de marché ou des contrôles ponctuels.

Quels pouvoirs juridiques détiennent les autorités de la concurrence dans le cadre de leurs enquêtes ?

Dans le cadre des enquêtes, les autorités de la concurrence disposent de nombreux moyens pour élucider les faits. Elles peuvent adresser des demandes d’informations aux entreprises, consulter des dossiers, exiger la remise de documents d’entreprise et, dans certains cas, ordonner des perquisitions (dénommées dawn raids) dans des établissements. Ces mesures sont légalement encadrées par des règlements spécifiques, tels que les §§ 57 sqq. GWB (Loi contre les restrictions de la concurrence) en Allemagne ou l’article 18 sqq. du règlement européen sur les ententes (Règlement CE 1/2003). Les autorités peuvent interroger des témoins, saisir des moyens de communication électroniques et collecter d’autres éléments de preuve. Les droits fondamentaux, notamment le droit d’être entendu et la protection du secret des affaires, doivent être respectés. En outre, des astreintes peuvent être prononcées pour contraindre au respect des obligations de coopération.

Quelles sanctions et conséquences juridiques attendent les comportements illicites ?

En cas d’infractions avérées, les autorités de la concurrence peuvent infliger de lourdes amendes aux entreprises impliquées, et dans certains cas aux personnes physiques. Par exemple, le GWB prévoit des amendes atteignant jusqu’à dix pour cent du chiffre d’affaires annuel mondial de l’entreprise impliquée. Par ailleurs, des injonctions peuvent être prises pour mettre fin à des comportements contraires au droit de la concurrence ou pour dissoudre des concentrations illicites. Les infractions peuvent également ouvrir des droits à réparation civile pour les tiers lésés, conduire à la nullité des contrats illicites, et, en cas de violations graves, des poursuites pénales peuvent être engagées dans certains États membres. Les autorités publient régulièrement leurs décisions et avis d’amende, ce qui peut entraîner une importante perte de réputation.

Quels recours les entreprises peuvent-elles exercer contre les mesures ou décisions des autorités de la concurrence ?

Les entreprises disposent de voies de recours juridictionnel contre les mesures ou décisions prises par les autorités de la concurrence. Cela inclut les recours contre les ordonnances de perquisition, les demandes d’information ou les décisions d’amende. En droit allemand, un recours devant la cour d’appel compétente peut être formé contre les décisions administratives, avec la possibilité d’un pourvoi devant la Cour fédérale de justice par la suite. Au niveau européen, l’action peut être portée devant le Tribunal de l’Union européenne (TUE), puis, le cas échéant, devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Pendant la procédure d’opposition ou d’action en justice, une protection juridique provisoire ou un effet suspensif peuvent être demandés. Le contrôle porte tant sur le respect des règles procédurales (vices de procédure, compétence, obligation de motivation) que sur les questions de fond.

Comment s’organise la coopération entre les autorités nationales et européennes de la concurrence ?

En Europe, le droit de la concurrence est appliqué tant au niveau de l’Union qu’au niveau national. Dans le cadre du Réseau européen de la concurrence (European Competition Network, ECN), la Commission européenne et les autorités nationales coordonnent leur action, échangent des informations et coordonnent les enquêtes afin d’éviter les procédures parallèles et d’assurer une application cohérente du droit. La base juridique est notamment le Règlement européen sur les ententes (CE 1/2003). Les autorités nationales doivent informer la Commission européenne des mesures importantes et peuvent, dans certaines conditions, faire appel à des agents d’autres autorités en soutien. L’application des règles européennes peut aussi se faire via les autorités nationales, notamment si une infraction affecte le marché intérieur.

Quel rôle jouent les règles de clémence et les programmes de bonus ?

Les dispositifs de clémence constituent un instrument central des enquêtes des autorités de la concurrence. Ils permettent aux entreprises et personnes physiques impliquées dans des ententes d’obtenir une réduction ou une exonération des sanctions par une coopération active dans les enquêtes. La condition est généralement la révélation rapide et complète des informations sur le cartel, ainsi que la fourniture de preuves déterminantes. Les programmes de bonus sont prévus dans le GWB (§ 81h sqq.) ainsi qu’au niveau européen (Communication sur la clémence 2006/C 298/11). L’objectif est de favoriser la détection et le démantèlement des ententes par des incitations à la dénonciation spontanée. L’autorité examine et décide de l’octroi des réductions de sanctions selon des critères définis.

Quelles obligations de coopération et de participation incombent aux entreprises concernées ?

Les entreprises sont tenues à la coopération pendant une procédure d’enquête en droit de la concurrence. Cela inclut la réponse aux demandes d’informations, la remise de documents et le fait de permettre les visites sur place ou les perquisitions. L’obligation de coopération est assortie de menaces de sanction en cas de refus, d’indications incomplètes ou mensongères. Toutefois, il existe aussi des limites légales, notamment le droit de ne pas s’auto-incriminer ainsi que la protection de certains éléments internes et contenus de communication (par exemple, la correspondance avec un avocat, dite Legal Privilege). Les entreprises doivent organiser leur coopération avec soin, mais tout en veillant à préserver leurs droits, et, en cas de doute, solliciter un conseil juridique.