Assises : Définition, histoire et importance dans le système juridique
Définition du terme « Assises »
Le terme Assises désigne, dans le contexte juridique, une cour d’assises spéciale compétente pour les crimes graves. Ce terme est particulièrement répandu dans le droit pénal francophone, belge et luxembourgeois, tandis qu’il n’a qu’une signification historique dans les régions germanophones. La procédure d’assises se caractérise notamment par la participation de jurés et de juges non professionnels dans la prise de décision.
Développement historique des Assises
Origine et signification au Moyen-Âge
Les origines des assises remontent au Moyen-Âge. Le terme dérive du latin « assidere » (s’asseoir, siéger au tribunal). Dès l’Angleterre moderne, les « assizes » étaient des tribunaux itinérants (« circuit courts ») siégeant à intervalles réguliers dans les comtés pour juger des affaires pénales et civiles graves. Dans le droit français également, les assises jouaient, depuis la Révolution française, un rôle central dans la lutte contre la criminalité la plus grave.
Assises en Europe continentale
En France, avec l’introduction du Code d’instruction criminelle en 1808, ont été créées les Cours d’assises . La Belgique et le Luxembourg ont repris et développé ce modèle. La cour d’assises y est prévue comme la juridiction principale pour les crimes les plus graves, notamment les meurtres et autres infractions majeures.
Développement historique en Allemagne et en Autriche
Dans les pays germanophones, le modèle des assises, notamment inspiré du modèle français, a été intégré temporairement dans le système juridique. En Allemagne, des cours d’assises furent établies entre 1848 et 1851 lors de la révolution de Mars, mais rapidement abolies au profit des cours d’assises classiques. En Autriche, elles existèrent entre 1850 et 1873 avant d’être remplacées par d’autres juridictions.
Les assises dans les systèmes juridiques actuels
Assises en Belgique
La cour d’assises belge (Cour d’assises pour les régions francophones, Hof van Assisen pour les régions néerlandophones) est la plus haute juridiction composée de citoyens et compétente pour les infractions les plus graves, comme le meurtre, l’homicide et d’autres crimes non correctionnalisés. Elle se compose de trois juges professionnels et d’un jury de douze citoyens qui décident conjointement de la culpabilité et, le cas échéant, de la peine.
- Composition : Trois juges professionnels, douze jurés (au moins quatre femmes et quatre hommes).
- Compétence : Crimes les plus graves, notamment l’homicide et les crimes contre l’autorité de l’État.
- Déroulement de la procédure : Procédure publique et orale ; décision sur la culpabilité prise d’abord par les jurés, sur la peine, conjointement avec les juges professionnels.
Les jugements rendus par les assises en Belgique ne peuvent, en principe, pas faire l’objet d’un recours ; toutefois, un pourvoi en cassation est possible en cas de violation de la loi.
Assises en France
La cour d’assises française est une juridiction criminelle compétente pour les crimes passibles de plus de dix ans de réclusion, typiquement le meurtre, les homicides, les violences graves ou les infractions sexuelles. La formation comprend trois juges professionnels et six à neuf jurés, selon la procédure d’appel. Selon les réformes récentes, une procédure d’appel devant une nouvelle cour d’assises est désormais possible.
- Compétence : Crimes (crimes) passibles de lourdes peines – par ex. meurtre, viol, vol à main armée.
- Caractéristiques de la procédure : Procédure orale, large participation de jurés à la décision, absence d’obligation de motivation de la décision.
- Voies de recours : Depuis 2001, un appel sur les points de fait et de droit est possible, de sorte que l’affaire est à nouveau jugée devant une autre cour d’assises.
Assises au Luxembourg
Au Luxembourg, les cours d’assises représentent la plus haute juridiction pénale pour les crimes les plus graves. Le système, dans son essence, correspond au modèle belge, avec trois juges professionnels et neuf jurés.
Bases procédurales et déroulement devant les assises
Composition du tribunal
La particularité de la procédure d’assises est la participation de jurés (juges citoyens), aux côtés de juges professionnels. Le président du tribunal dirige l’audience, tandis que les jurés prennent pleinement part à la décision.
Ouverture de la procédure
Les crimes graves font l’objet d’une procédure préalable particulière menant à une mise en accusation devant les assises. En France et en Belgique, une chambre d’instruction ou chambre des mises en accusation examine la recevabilité de l’accusation et décide du renvoi de l’affaire devant la cour d’assises.
Déroulement de l’audience principale et décision
L’audience principale est publique et marquée par l’oralité. L’accusation (ministère public) et la défense exposent leurs arguments ; témoins, experts et le prévenu lui-même sont entendus. Les jurés se prononcent d’abord seuls sur la culpabilité, puis, dans une deuxième étape avec les juges professionnels, sur la peine.
Particularités de l’appréciation des preuves
Dans la procédure d’assises prévaut le principe de la libre appréciation de la preuve. Les jurés ne sont pas tenus de motiver leur décision. Ce n’est qu’avec les réformes récentes (notamment en France) qu’une motivation écrite du jugement est de plus en plus exigée.
Importance des assises pour le droit pénal
Les assises assurent une large participation des citoyens à la justice pénale et symbolisent le principe démocratique de la souveraineté populaire. L’intervention de jurés vise à éviter les erreurs judiciaires et la concentration du pouvoir chez les juges professionnels, et à renforcer la confiance du public dans la justice pénale.
Comparaison juridique et importance internationale
La procédure d’assises est étroitement apparentée à d’autres systèmes de cour d’assises, comme la cour d’assises allemande ou le jury trial anglais. Ces systèmes diffèrent dans les détails – notamment en ce qui concerne les droits de recours, la composition ou le déroulement – mais le principe fondamental de la participation de juges non professionnels leur est commun.
Bibliographie et sources (sélection)
- Code d’instruction criminelle (France, Belgique, Luxembourg)
- Constitution belge, art. 150 et 151
- Code de procédure pénale français
- Histoire du droit allemand, cours d’assises et jurys d’assises, notamment StPO (histoire)
- Manuel du droit français de la procédure pénale
Résumé : Le terme assises désigne un système juridictionnel historiquement significatif et encore pratiqué aujourd’hui, dans lequel les crimes graves sont examinés devant une cour composée de juges professionnels et de jurés citoyens. La procédure se caractérise par une large participation des citoyens, des débats oraux et des règles spécifiques. Alors que ce système n’a qu’une importance historique dans l’espace juridique germanophone, il joue un rôle central dans la répression de la criminalité la plus grave en France, en Belgique et au Luxembourg.
Questions fréquemment posées
Qui décide de la compétence des assises ?
La compétence des assises est, selon le droit en vigueur, déterminée en règle générale par le tribunal devant lequel la poursuite est engagée. Les codes de procédure pénale nationaux fixent clairement quels délits relèvent de la cour d’assises. Il s’agit généralement de crimes graves, tels que le meurtre ou d’autres atteintes à la vie. Par ailleurs, le juge d’instruction compétent peut également décider, en raison des circonstances particulières, du renvoi devant les assises. Cela nécessite une analyse détaillée des critères légaux et une appréciation des éléments constitutifs de l’infraction. Dans certains systèmes juridiques, il existe également la possibilité d’un recours en cas de contestation sur la compétence.
Comment sont sélectionnés les jurés lors d’une procédure d’assises ?
La sélection des jurés obéit à des règles légales strictes, destinées à garantir transparence et impartialité. Dans la plupart des juridictions européennes, les jurés potentiels sont tirés au sort à partir des listes électorales. Avant le début du procès, une opération de tirage ou de sélection a lieu, au cours de laquelle la défense comme l’accusation peuvent récuser certains candidats pour motif légitime (dites « récusations » ou « challenges péremptoires »). Il existe également des motifs légaux d’exclusion, par exemple des liens de parenté avec les parties, des antécédents judiciaires ou un intérêt professionnel dans l’affaire. L’objectif est de composer un jury aussi neutre et représentatif que possible.
Quelles règles de procédure particulières s’appliquent devant les assises ?
La procédure devant la cour d’assises est caractérisée par de nombreuses particularités. Par exemple, la collecte de preuves se déroule publiquement et avec la participation des jurés. La direction de l’audience appartient généralement à un ou plusieurs juges professionnels, assistés de jurés. Des règles spécifiques assurent le respect des droits de la défense, tels que la présence obligatoire du prévenu, la possibilité d’apporter un large éventail de preuves ou de présenter tous les moyens de preuve. La procédure d’assises est souvent organisée en deux étapes : d’abord l’examen de la culpabilité, ensuite éventuellement celui de la peine. Des règles spécifiques existent également concernant l’énoncé du jugement et les voies de recours.
Quelles voies de recours existent contre les jugements d’assises ?
Selon le code de procédure applicable, différentes voies de recours existent contre les jugements d’assises. Dans de nombreux pays, la révision ou le pourvoi en cassation est admis, principalement pour contester des erreurs de droit. Dans ce cas, le tribunal de recours ne réexamine pas l’appréciation des preuves, mais contrôle uniquement les erreurs de procédure ou les violations de la loi. Dans certains ordres juridiques, l’appel sur les faits est également possible sous conditions, ce qui signifie que le procès est alors rejugé totalement ou partiellement. Il convient de noter que les délais et les conditions d’admissibilité sont strictement réglementés et, en cas de doute, peuvent varier en fonction de règles spéciales.
Quel rôle joue la publicité dans la procédure d’assises ?
La publicité joue un rôle essentiel dans la procédure d’assises, servant de garantie pour la transparence et l’État de droit. D’après la plupart des codes de procédure, l’audience est en principe publique, sauf exceptions prévues par la loi (protection des mineurs, des témoins, des secrets d’État ou des victimes). Ce principe permet aux médias, aux observateurs et aux proches d’assister à l’audience, sous réserve d’éventuelles restrictions visant à protéger les droits des personnes concernées. Si nécessaire, la publicité peut être partiellement ou totalement exclue.
Comment les témoins sont-ils traités lors des procès d’assises ?
Les témoins jouent un rôle central dans les assises, la procédure de preuve étant souvent largement fondée sur leurs déclarations. Ils ont l’obligation légale de dire la vérité et bénéficient d’une protection particulière contre les intimidations ou traumatismes. Des règles spéciales existent également pour les témoins vulnérables, comme les mineurs ou les victimes de crimes graves. Tant la défense que l’accusation ont le droit d’interroger les témoins et de mettre en cause leur crédibilité. Dans certains cas, les témoins peuvent être entendus à huis clos ou bénéficier de mesures particulières (par exemple, anonymat).
Quelle est l’importance du principe de la libre appréciation des preuves dans la procédure d’assises ?
Dans la procédure d’assises, prévaut en principe le principe de la libre appréciation des preuves. Cela signifie que les jurés, avec les juges professionnels, évaluent de manière indépendante l’ensemble des preuves présentées lors de l’audience. Il n’y a pas de règles légales quant à la valeur de telle ou telle preuve ; il appartient au tribunal, suivant sa conviction, d’apprécier l’ensemble du dossier, sous la conduite des juges professionnels. Néanmoins, la motivation du jugement doit être intelligible et logique afin de rendre possible un contrôle juridictionnel, par exemple dans le cadre d’un recours.