Aspects juridiques des arbres
Les arbres ne sont pas seulement des éléments essentiels de l’environnement naturel, mais également des objets centraux de nombreux dispositifs juridiques. Du droit du voisinage à la protection des arbres, en passant par les questions de responsabilité et la prise en compte dans les projets de construction, les aspects juridiques relatifs aux arbres englobent une multitude de réglementations légales et de compétences. En particulier, dans le contexte du droit civil, du droit de l’environnement et du droit public, les arbres jouent un rôle prépondérant.
Définition et statut juridique des arbres
Au sens juridique, un arbre est généralement défini comme une plante vivace, le plus souvent ligneuse, constituée de racines, d’un tronc et d’une couronne. Les arbres sont considérés comme des composants essentiels d’un terrain au sens de l’article 94 du BGB, tant qu’ils sont solidement rattachés au sol. Ainsi, les arbres font, en principe, partie de la propriété foncière.
Appartenance au terrain
Selon la loi, les arbres appartiennent au propriétaire du terrain (§ 94 BGB et § 905 BGB). Lors d’une cession de la parcelle, un arbre est transféré à l’acquéreur, sauf disposition contraire convenue avec un tiers. En règle générale, les arbres en terre constituent une partie inaliénable du bien-fonds ; leur transfert autonome est exclu.
Dispositions relatives à la protection des arbres
Dans de nombreuses communes et Länder en Allemagne, il existe des arrêtés ou règlements spécifiques sur la protection des arbres, qui soumettent l’abattage ou les tailles conséquentes à une autorisation préalable.
Réglementations publiques et privées sur la protection des arbres
La base juridique est souvent constituée par des lois fédérales telles que la Loi fédérale sur la protection de la nature (BNatSchG), les lois régionales sur la protection de la nature et, en complément, les règlements communaux. Ceux-ci fixent par exemple :
- Circonférences minimales du tronc à des fins de protection
- Protection de certaines espèces ou d’âges particuliers
- Prescriptions pour les replantations après abattage
- Obligations d’autorisation et exceptions (par ex. sécurité routière, urgence en cas de danger)
- Obligations de replantation de compensation
Les infractions aux règles de protection des arbres peuvent être sanctionnées comme infractions administratives par des amendes.
Règles de voisinage et empiètement
Le BGB prévoit au titre du droit de voisinage des règles détaillées concernant les arbres, notamment en ce qui concerne leur plantation et leur entretien en limite de propriété.
Distances de plantation et empiètement
Selon l’article 903 BGB, le propriétaire peut disposer de son bien à sa guise, toutefois il doit respecter, lors de la plantation d’arbres, les dispositions régionales relatives aux distances à la limite, lesquelles sont fixées par les lois sur le voisinage des Länder et peuvent varier localement.
Les branches dépassant sur la propriété voisine et les racines pénétrantes (§ 910 BGB) peuvent, en règle générale, être coupées et conservées par le voisin, à condition qu’un délai raisonnable ait été imparti au propriétaire de l’arbre pour y remédier et que ce délai ait expiré sans résultat. Cependant, la fixation du délai et le droit de coupe sont soumis à d’autres restrictions légales, notamment en ce qui concerne la protection des espèces pendant la période de reproduction (loi fédérale sur la protection de la nature).
Chute des feuilles et immission
La chute des feuilles, fleurs ou fruits des arbres sur la propriété voisine est généralement considérée comme une immission à tolérer dans la localité, tant que les nuisances restent dans des limites acceptables. Au final, les circonstances de chaque cas particulier ainsi que, le cas échéant, les tribunaux sont déterminants quant à l’importance de la nuisance.
Responsabilité et obligations de sécurité
Les propriétaires ou détenteurs d’arbres sont soumis à des obligations particulières de sécurisation afin d’éviter que des tiers ne subissent des dommages dus à la chute d’arbres ou de branches.
Obligations de sécurité selon le BGB
La jurisprudence impose un contrôle et un entretien réguliers des arbres. Si le propriétaire manque à ces obligations et que des dommages corporels ou matériels surviennent, il est responsable en vertu des §§ 823 et suivants du BGB pour dommages-intérêts. Un contrôle attentif et l’élimination à temps des sources de danger visibles sont indispensables ; en cas de risques particuliers (par exemple en bord de route), les exigences en matière de contrôle sont accrues.
Arbres dans l’espace public
Les arbres appartenant aux communes, Länder ou à l’État fédéral sont soumis, en plus des règles civiles générales, à des dispositions de droit public spécifiques, notamment en matière de procédures d’approbation des projets, d’urbanisme ainsi qu’au titre du droit de la protection de la nature.
Arbres dans les plans d’urbanisme
Les plans d’urbanisme peuvent fixer des prescriptions concrètes quant à la préservation, à la protection ou à la plantation d’arbres. Les plans d’aménagement des espaces verts publics et les règlements de protection des arbres complètent ces mesures.
Arbres d’alignement
Les arbres d’alignement constituent régulièrement une partie particulière du domaine routier et appartiennent au maître d’ouvrage routier. Les obligations relatives à leur entretien, maintenance et remplacement découlent du droit routier ainsi que de dispositions spécifiques propres à chaque Land.
Arbres en location et bail
Les arbres présents sur des terrains loués ou pris à bail soulèvent des questions concernant les obligations d’entretien, d’utilisation et de tolérance.
Locataires et preneurs à bail
L’obligation de sécurité peut être transférée à l’utilisateur du bien dans le cadre du contrat de location, à condition qu’une telle disposition ait été expressément convenue. À défaut, elle incombe en principe au propriétaire.
Droits de plantation et suppression
La plantation ou l’abattage d’arbres par un locataire ou un preneur à bail requiert généralement l’accord du propriétaire. Sans cet accord, la plantation comme la suppression peuvent donner lieu à des demandes de dommages-intérêts ou à des obligations de remise en état.
Situations particulières
Protection des monuments naturels et des éléments du paysage protégés
Certains arbres ou groupes d’arbres peuvent bénéficier d’une protection particulière en tant que monuments naturels. Les autorités de la protection de la nature sont responsables et n’autorisent des interventions qu’à titre exceptionnel.
Pertinence pénale
L’abattage illicite d’arbres particulièrement protégés peut, dans certaines circonstances, revêtir une dimension pénale, notamment en cas de violation de la loi fédérale sur la protection de la nature ou au titre de dégradation de bien conformément à l’article 303 du StGB.
Résumé et perspectives
Les arbres sont des biens juridiques complexes, faisant l’objet d’une réglementation étendue en matière civile, publique et locative. Les principaux domaines réglementés concernent la propriété, le droit de voisinage, la protection des arbres, la sécurité et les prescriptions de droit public. L’obtention rapide des autorisations administratives, le respect des dispositions régionales et communales ainsi qu’un contrôle régulier des arbres sont indispensables pour éviter des litiges juridiques. Dans chaque cas concret, il est recommandé de vérifier scrupuleusement toutes les normes légales applicables ainsi que les règlements et arrêtés existants.
Questions fréquentes
Qui est responsable de l’obligation de sécurisation des arbres situés sur des terrains privés ?
Le propriétaire d’un terrain privé est en principe responsable de l’obligation de sécurisation des arbres qui s’y trouvent. Cela signifie qu’il est tenu, par des mesures raisonnables, de veiller à ce qu’aucun danger n’émane des arbres pour des tiers. Ceci comprend notamment un contrôle régulier de la stabilité, des risques de rupture de branches et des signes de maladies ou d’infestation parasitaire. La fréquence des contrôles dépend du type et de l’âge de l’arbre, ainsi que de son emplacement (par exemple en bord de route ou dans une partie peu fréquentée du jardin). Si le propriétaire ne s’acquitte pas de cette obligation et que des dommages surviennent, par exemple du fait de la chute de branches, il est civilement responsable conformément à l’article 823 du BGB. Dans certaines circonstances, une responsabilité pour blessures ou décès peut également exister. Le transfert de cette obligation à des tiers, tels que des locataires ou prestataires de services, n’est possible que si cela est clairement stipulé contractuellement et accompagné d’une surveillance appropriée.
Faut-il obtenir une autorisation pour abattre un arbre sur son propre terrain ?
L’abattage d’un arbre est soumis, dans de nombreux Länder allemands, à des réglementations spécifiques, notamment ancrées dans la législation locale sur la protection de la nature, dans les règlements municipaux de protection des arbres ou dans la loi fédérale de protection de la nature. Souvent, une autorisation est requise, notamment pour certaines espèces d’arbres, à partir d’une circonférence minimale du tronc ou selon la zone d’utilisation (par exemple en zone urbaine ou en zone protégée). L’obligation d’autorisation concerne généralement déjà les arbres dont la circonférence du tronc est comprise entre 60 et 80 cm, mesurée à une hauteur de 1 mètre au-dessus du sol. Des exceptions existent généralement pour les arbres de jardin de moindre circonférence ou pour les arbres fruitiers. L’abattage injustifié sans autorisation constitue une infraction administrative passible d’amendes importantes. En outre, une remise en état du site d’origine peut être ordonnée. Avant tout projet d’abattage, il est donc impératif de vérifier la réglementation locale applicable.
À quelle distance les arbres doivent-ils être plantés par rapport à la propriété voisine ?
Le respect des distances aux limites pour la plantation d’arbres est déterminé par les lois sur le voisinage propres à chaque Land et peut varier selon la région. D’une manière générale, les grands arbres (par exemple feuillus ou conifères) doivent être plantés à une distance minimale de 2 à 4 mètres de la limite de propriété. Pour les petits arbustes et haies, la distance requise est souvent seulement de 0,5 à 1 mètre. La distance décisive est celle entre le tronc et la limite au moment de la plantation. Si ces distances minimales ne sont pas respectées, le voisin peut, conformément au droit du voisinage, demander la suppression ou la réduction de l’arbre. Toutefois, les droits du voisin peuvent s’éteindre à l’expiration des délais de prescription légalement fixés (souvent 5 ans pour les arbres). Des particularités existent pour les arbres déjà en place et les accords amiables, qui devraient être consignés par écrit. Dans certains Länder, la commune peut adopter des règles complémentaires.
Quelles obligations juridiques existent en cas de branches ou de racines qui dépassent ?
Les branches surplombantes et les racines envahissantes des arbres, qui atteignent le terrain voisin, relèvent du droit de voisinage et, en particulier, de l’article 910 du BGB. Le voisin concerné dispose en principe du droit de supprimer les branches et racines qui dépassent la limite, si, après mise en demeure du propriétaire de l’arbre, ce dernier n’agit pas lui-même. La condition préalable est que le terrain concerné soit effectivement gêné par les dépassements. Il convient de toujours respecter la proportionnalité et, le cas échéant, d’annoncer à l’avance la coupe. Si les racines causent des dommages, par exemple aux canalisations ou aux murs, des droits à réparation supplémentaires peuvent exister. Toutefois, l’élagage complet ou la suppression totale ne sont admis que si la vitalité de l’arbre n’est pas menacée ou si l’arbre n’est pas soumis à une réglementation particulière de protection.
Qui est responsable des dommages causés par la tempête liés à la chute d’arbres ?
La responsabilité en cas de dommages causés par la tempête dépend principalement du degré d’accomplissement par le propriétaire de ses obligations de sécurité. Si la tempête constitue un cas de force majeure (vitesse du vent d’au moins 8 Beaufort, soit 62 km/h) et qu’aucun signe de défaut préalable de l’arbre n’était décelable, il n’y a généralement pas de responsabilité du propriétaire. Toutefois, si le propriétaire a négligé les contrôles réguliers et les mesures de précaution nécessaires (par exemple élagage, suppression de branches mortes) et que les dommages étaient prévisibles ou auraient pu être évités, il peut être tenu pour responsable. En cas de mise en cause, le paiement par l’assurance responsabilité civile privée ou l’assurance responsabilité foncière est possible, si le propriétaire en a souscrit une.
Ai-je le droit d’abattre un arbre sain pour des raisons esthétiques ?
L’abattage d’un arbre sain pour des raisons purement esthétiques est juridiquement très limité et soumis en principe à autorisation, tant qu’existent des règlements de protection des arbres ou la législation régionale sur la protection de la nature. Une dérogation est généralement accordée uniquement en cas de circonstances particulières, par exemple un danger pour des personnes ou des biens, ou s’il est prouvé que le maintien est économiquement insupportable. Le simple « manque d’attrait » ou l’insatisfaction personnelle ne suffit généralement pas. Les abattages sans autorisation peuvent entraîner des amendes importantes ou l’obligation de compenser par des replantations. Dans certaines communes, il existe également une obligation de replantation, ce qui signifie qu’un nouvel arbre identique ou équivalent doit être planté pour chaque arbre abattu.