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Amende d’entreprise

Notion et cadre juridique de l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise

L’amende administrative à l’encontre de l’entreprise est une forme particulière de sanction par laquelle une somme d’argent est infligée à une entreprise, en tant que personne morale ou association de personnes, en raison d’une violation de la loi. Elle sert à sanctionner les infractions et délits commis dans le cadre de l’activité commerciale et dont la responsabilité est attribuée à l’entreprise en tant que telle. Les amendes administratives à l’encontre de l’entreprise connaissent une application pratique majeure en droit allemand et européen et constituent un instrument essentiel de la mise en œuvre du droit et de la prévention.

Nature juridique de l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise

L’amende administrative à l’encontre de l’entreprise se distingue d’autres sanctions, telles que l’amende pénale, l’amende contraventionnelle ou la sanction administrative. Elle n’a pas de nature pénale, mais relève du droit administratif ou du droit des infractions administratives et vise principalement à assurer le respect des normes légales par l’incitation économique. L’entreprise est visée en tant que sujet de droit indépendant, indépendamment de l’identification d’une personne physique comme auteur ou responsable.

Bases légales en Allemagne

§ 30 OWiG – Amende administrative à l’encontre de l’entreprise selon la loi sur les infractions administratives

En République fédérale d’Allemagne, le § 30 de la loi sur les infractions administratives (OWiG) constitue le cadre légal central pour l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise. Selon cette disposition, une amende peut être infligée à une entreprise si

  • un dirigeant, dans le cadre de ses fonctions de gestion ou dans l’intérêt de l’entreprise, commet un délit ou une infraction administrative,
  • ou si un responsable de la surveillance manque à ses obligations de contrôle, permettant ainsi la réalisation d’un acte illicite.

Le montant de l’amende dépend de l’infraction commise et peut atteindre des sommes considérables. Pour les infractions intentionnelles, le plafond actuel est de 10 millions d’euros, pour les infractions administratives jusqu’à 5 millions d’euros, sachant que des montants nettement plus élevés peuvent être prévus dans des cas particuliers (par exemple en droit de la concurrence).

Autres bases juridiques

Outre l’OWiG, il existe de nombreuses dispositions spéciales réglementant expressément l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise, notamment en

  • droit de la concurrence (§ 81 GWB): disposition sur les amendes en cas de violation des règles de concurrence.
  • droit du commerce extérieur (§ 18 AWG): sanction des violations des dispositions relatives au commerce extérieur.
  • droit des médicaments (§ 97 AMG) et de nombreuses autres lois.

Dans le champ d’application du droit européen, il convient également de tenir compte des dispositions de sanction de l’Union européenne, notamment dans les domaines du droit de la concurrence, de la protection des données et de la protection des consommateurs.

Conditions pour l’infliction d’une amende administrative à l’encontre de l’entreprise

Conditions factuelles

L’infliction d’une amende administrative à une entreprise suppose notamment :

  • Violation de la loi par un dirigeant: Un membre de la direction ou une autre personne en position d’encadrement doit commettre, dans le cadre de la responsabilité de l’entreprise, un délit ou une infraction administrative.
  • Agir dans l’intérêt de l’entreprise: L’acte doit profiter à l’entreprise ou intervenir dans le cadre de son organisation.
  • Imputabilité selon le § 30 OWiG: L’entreprise doit répondre en tant que sujet de droit pour le comportement de ses responsables.

Principe de la faute et manquement au devoir de surveillance

L’amende administrative à l’encontre de l’entreprise peut également être infligée lorsqu’une responsabilité résulte d’une violation des devoirs de surveillance ou d’organisation (§ 130 OWiG). Dans ce cas, des lacunes dans la compliance ou le contrôle interne suffisent, dès lors qu’elles conduisent à la commission d’infractions ou de délits par des employés.

Procédure et exécution

Ouverture de la procédure

L’autorité de poursuite des infractions ou une autorité compétente ouvre une procédure pour infraction administrative selon l’OWiG. Cela intervient généralement dans le cadre d’enquêtes contre des personnes physiques, mais peut également être engagé indépendamment à l’encontre de l’entreprise.

Droit d’être entendu et possibilités de défense

Les entreprises disposent de leurs propres droits procéduraux dans la procédure d’amende, notamment le droit d’être entendues, d’accéder au dossier et de prendre position sur les accusations portées. À l’issue de l’enquête, un avis d’amende peut être délivré à l’encontre de l’entreprise.

Voies de recours et contrôle juridictionnel

Il est possible de former opposition contre un avis d’amende et de demander un contrôle judiciaire ultérieur devant le tribunal compétent. Tous les droits procéduraux et principes d’un procès équitable s’appliquent en principe également aux entreprises.

Montant et fixation de l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise

Le montant de l’amende est déterminé en fonction de la gravité économique de l’acte, de la gravité de la violation, ainsi que de la taille de l’entreprise et de sa capacité économique. Les aspects suivants sont notamment pris en considération :

  • Gravité de la violation de la loi
  • Statut de récidiviste ou de primo-délinquant
  • Coopération ou mesures d’aide à la clarification
  • Efficacité et ampleur des mesures internes de conformité à l’entreprise
  • Situation économique de l’entreprise

En droit allemand, dans certains domaines, par exemple en droit de la concurrence, le plafond des amendes est établi en fonction du chiffre d’affaires annuel (jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial selon § 81 al. 4 GWB).

Confiscation des gains illicites

En plus de l’amende infligée, une confiscation de l’avantage économique tiré de l’acte peut également être ordonnée selon § 17 al. 4 OWiG. Le législateur entend par cette disposition éliminer l’attrait économique des violations de la loi.

Amende administrative à l’encontre de l’entreprise en droit européen

Le législateur européen, en particulier la Commission européenne, utilise l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise de manière étendue pour sanctionner les infractions au droit de la concurrence (droit des ententes, art. 101, 102 TFUE ; contrôle des concentrations) et à la protection des données (RGPD, art. 83). Les entreprises peuvent se voir infliger des sanctions très élevées (jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial en cas de graves manquements au RGPD).

La Commission détermine le montant des amendes selon les principes de gravité et prend en compte le chiffre d’affaires mondial ou consolidé du groupe.

Conséquences juridiques et effet préventif

L’amende administrative à l’encontre de l’entreprise ne sert pas seulement à sanctionner des violations individuelles de la loi, mais aussi d’instrument général et spécial de prévention. Elle incite les entreprises à mettre en place des systèmes de conformité efficaces et des mesures organisationnelles afin d’éviter à l’avenir des violations similaires.

Outre les conséquences financières, une amende peut également entraîner des dommages réputationnels importants, des restrictions dans l’activité commerciale (marchés publics, retrait de licence) et un renforcement des obligations de surveillance.

Distinction par rapport à d’autres sanctions

L’amende administrative à l’encontre de l’entreprise se différencie fondamentalement d’autres sanctions en droit économique :

  • Amende pénale: Ne peut être prononcée qu’à l’encontre de personnes physiques dans le cadre d’une procédure pénale.
  • Frais administratifs: Sert à couvrir les coûts de l’action publique, sans visée répressive.
  • Indemnisation: A pour but de compenser financièrement les demandes civiles des victimes.

Importance et évolutions futures

L’importance de l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise a considérablement augmenté ces dernières années. Elle est devenue l’instrument central de la mise en œuvre du droit économique et continuera de gagner en importance au regard de l’évolution internationale (par exemple directives sur les sanctions à l’échelle de l’UE, obligations renforcées en matière de conformité). Législateur et autorités misent de plus en plus sur des mécanismes d’amende dissuasifs, associés à des obligations de transparence et à des registres internationaux.


En résumé l’amende administrative à l’encontre de l’entreprise est un moyen juridique d’une grande efficacité qui permet de rendre les entreprises responsables des violations commises dans un contexte économique. Elle est encadrée par des mécanismes de protection procédurale complets et évolue dynamiquement au gré de la jurisprudence nationale et internationale.

Questions fréquemment posées

Quand et sous quelles conditions une amende administrative à l’encontre de l’entreprise est-elle prononcée ?

Une amende administrative à l’encontre de l’entreprise est infligée, sur le plan juridique, notamment lorsqu’une entreprise, dans le cadre de ses activités, viole des dispositions du droit des infractions administratives ou certaines lois pénales. Les fondements juridiques se trouvent principalement aux §§ 30 et 130 de la loi sur les infractions administratives (OWiG). Il est requis qu’un dirigeant (par ex. gérant, membre du directoire, fondé de pouvoir) commette un délit ou une infraction administrative et, ce faisant, viole les obligations incombant à l’entreprise en tant que personne morale ou association de personnes, ou que l’entreprise ait retiré, ou aurait dû retirer, un avantage de cet acte. Il faut également que la violation soit objectivement imputable à l’entreprise et qu’une responsabilité organisationnelle existe, par exemple en raison d’un défaut de contrôle interne. L’autorité chargée de l’amende examine en amont, avec soin, si les conditions sont remplies dans chaque cas, en tenant compte notamment du degré de manquement, de la causalité de celui-ci pour l’infraction, ainsi que de la situation économique de l’entreprise.

Qui est compétent pour les enquêtes et la poursuite des amendes administratives à l’encontre de l’entreprise ?

La compétence pour l’enquête et la poursuite des amendes administratives à l’encontre de l’entreprise relève des autorités administratives ou des parquets. Si, en général, les infractions administratives sont poursuivies par les autorités spécialisées compétentes, les infractions assorties d’amendes et les infractions administratives importantes relèvent souvent de parquets spécialisés (par exemple des chambres pénales économiques). Au cours de la procédure, des investigations sont régulièrement menées afin d’éclaircir les faits, telles que des perquisitions, la saisie de documents, l’audition de témoins ou la demande de documents d’entreprise. La décision d’infliger une amende administrative doit cependant, dans tous les cas, être prise par l’autorité compétente via une décision formelle susceptible de recours judiciaire par l’entreprise.

Comment le montant d’une amende administrative à l’encontre de l’entreprise est-il déterminé sur le plan juridique ?

La fixation de l’amende obéit à des critères juridiques normalisés, définis notamment au § 17 OWiG et dans des lois spéciales sectorielles (par exemple droit de la concurrence, protection des données). Les critères pertinents pour la détermination du montant sont le degré de faute, l’importance du préjudice causé, la gravité de la violation, le montant de l’enrichissement pour l’entreprise, la récidive, et, le cas échéant, les circonstances atténuantes, telles qu’un système complet de compliance ou la révélation volontaire d’infractions (« auto-dénonciation »). Dans les cas particulièrement graves, l’amende, notamment en droit de la concurrence ou de la protection des données, peut être calculée sur la base du chiffre d’affaires mondial du groupe et atteindre des montants considérables. La capacité économique de l’entreprise doit être prise en compte, afin que la sanction ne mette pas en péril son existence.

Quels recours juridiques sont ouverts à l’entreprise contre une décision d’amende administrative ?

L’entreprise peut former un recours (Einspruch) contre une décision d’amende administrative selon § 67 OWiG. Le recours doit être déposé par écrit ou consigné auprès de l’autorité compétente dans un délai de deux semaines à compter de la notification de la décision. Après réception du recours, l’autorité vérifie une nouvelle fois les faits et peut soit annuler la décision, classer l’affaire ou transmettre le dossier au tribunal compétent pour examen complémentaire. Dans la procédure judiciaire, un juge statue sur le bien-fondé et le montant de l’amende ; la procédure est en règle générale publique et garantit à l’entreprise le droit à la défense, à l’audition et à la présentation de preuves. Un autre recours, tel que le pourvoi en cassation, est également possible contre le jugement du tribunal, sous réserve du respect des exigences légales.

Quelles mesures préventives les entreprises peuvent-elles adopter pour éviter les amendes administratives à leur encontre ?

Pour prévenir les amendes administratives, il appartient aux entreprises d’organiser leurs systèmes internes de conformité et de contrôle de manière à empêcher autant que possible les infractions commises par les dirigeants et les employés. En particulier, elles doivent, conformément au § 130 OWiG, mettre en œuvre des mesures organisationnelles appropriées (par exemple, des formations, des responsabilités transparentes, des mécanismes de contrôle interne, un code de conduite) afin de garantir une surveillance rigoureuse du respect du droit. Les entreprises sont tenues de mettre en place des canaux de signalement internes (systèmes d’alerte ou “whistleblowing”) pour détecter rapidement les violations et les sanctionner efficacement. En cas de violations constatées, il convient de mener une investigation interne rapide et de coopérer avec les autorités, ce qui pourra être considéré comme atténuant en cas de procédure d’amende. La mise à jour régulière et l’adaptation du système de conformité aux nouvelles exigences légales sont indispensables.

Quelles conséquences une amende administrative à l’encontre de l’entreprise peut-elle avoir, en dehors du paiement de l’amende elle-même ?

Outre la charge financière liée au paiement de l’amende, la condamnation à une amende administrative à l’encontre de l’entreprise peut entraîner de nombreuses autres conséquences juridiques et factuelles pour l’entreprise concernée. Il s’agit notamment d’un impact négatif sur la réputation et les relations avec les partenaires commerciaux, de l’exclusion des marchés publics (“interdiction de soumissionner”) ainsi que du classement en partenaire commercial non fiable dans certains secteurs. En outre, les entreprises doivent parfois rendre publiquement la décision de sanction (« naming and shaming »), ce qui accroît le préjudice d’image. Selon la branche, une amende peut également servir de fondement à des actions civiles en dommages-intérêts (poursuites ultérieures par les victimes). Dans certains secteurs – tels que la finance ou l’assurance – une sanction administrative peut également conduire à des mesures de surveillance complémentaires et à des contrôles accrus de la part des autorités compétentes.