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Action préventive en cessation

Notion et qualification juridique de l’action en prévention en cessation

Die action préventive en cessation est une notion du droit de la procédure civile. Elle permet au demandeur, par un jugement, d’obtenir l’interdiction d’une atteinte à un droit qui menace mais qui n’est pas encore survenue. L’objectif est de prévenir de manière proactive toute menace future, concrète et prévisible, d’atteinte à son bien juridique.

Alors que l’action en cessation classique vise généralement un comportement illicite déjà réalisé, l’action préventive en cessation a pour but de contrer un risque seulement imminent, c’est-à-dire non encore matérialisé. L’action préventive est surtout utilisée en droit de la responsabilité délictuelle, en droit de la concurrence, en droit de la personnalité ainsi qu’en propriété intellectuelle. Elle revêt une importance pratique considérable pour assurer une protection juridique efficace contre les violations futures.


Conditions de l’action préventive en cessation

Nécessité d’une atteinte imminente à un droit

La condition essentielle de l’action préventive en cessation est l’existence d’un risque sérieux, concret et objectivement identifiable d’atteinte à un droit. Il doit exister une possibilité réelle, et non seulement abstraite, que le défendeur adopte prochainement un comportement susceptible de porter atteinte ou de violer un droit du demandeur.

Ce danger imminent doit être justifié de manière compréhensible par des circonstances extérieures. Des indices concrets, comme des annonces, des préparatifs spécifiques ou des comportements du défendeur, jouent ici un rôle central.

Fondement juridique de la demande

Le droit à l’action préventive en cessation peut découler de différentes normes juridiques, notamment :

  • § 1004 al. 1 phrase 2 BGB (droit à cessation et à enlèvement en cas d’atteinte à la propriété)
  • § 823 BGB en liaison avec § 1004 BGB (pour d’autres droits absolus)
  • § 824 BGB (en cas d’allégation de faits erronés)
  • §§ 823 et suivants BGB en lien avec le droit général de la personnalité
  • §§ 8 et suivants UWG (droit à cessation en droit de la concurrence)
  • §§ 97, 98 UrhG (droit d’auteur), § 14 MarkenG (droit des marques) ainsi que des dispositions parallèles en propriété industrielle

Absence de prééminence d’autres moyens de recours

Une action préventive en cessation n’est recevable que si aucun autre moyen de recours, plus doux ou équivalent, n’est disponible. Par exemple, une procédure d’injonction provisoire peut être appropriée en cas d’urgence.

Risque de réitération et premier agissement

Dans l’action en cessation classique, on suppose le risque de réitération si une atteinte aux droits a déjà eu lieu. L’action préventive en cessation, en revanche, se fonde sur le risque de première commission, c’est-à-dire la menace initiale d’une atteinte.


Portée juridique et distinctions

Différence avec l’action préventive constatatoire

L’action préventive constatatoire vise uniquement à clarifier une relation juridique contestée (§ 256 ZPO), tandis que l’action préventive en cessation a pour objet la prévention concrète d’une atteinte imminente à un droit.

Aucun droit de défense en cas de risque purement hypothétique

L’action préventive en cessation exige un pronostic de probabilité suffisant. De simples craintes, qui ne reposent pas objectivement sur des faits concrets, ne suffisent pas. Cela distingue l’action préventive en cessation de simples indices de danger ou de soupçon.

Rapport avec les mesures administratives

Dans certains cas, notamment en droit public, le droit d’intenter une action préventive en cessation peut être exclu au profit de mesures administratives prioritaires. Cela doit être vérifié systématiquement.


Procédure de l’action préventive en cessation

Qualité pour agir

Peut agir toute personne dont un droit absolument protégé (par ex. propriété, santé, droit de la personnalité) est concrètement menacé par la violation redoutée. En droit de la concurrence, les concurrents ou certains groupements d’intérêt peuvent également être habilités à agir conformément au § 8 UWG.

Contenu de la requête

La demande doit indiquer avec précision et clarté le comportement à interdire. Des demandes générales ou imprécises sont irrecevables, le défendeur devant pouvoir reconnaître clairement l’étendue de son obligation.

Exigences en matière de preuve

Le demandeur doit exposer et prouver de manière substantielle les circonstances desquelles découle le risque de première commission. S’il existe une menace liée à un comportement illicite du fait de déclarations ou d’actes déjà commencés, tels que des mesures publicitaires ou des annonces, ceux-ci doivent être exposés de manière concrète.

Conséquences juridiques d’une action en cessation réussie

Si la demande est jugée fondée, un jugement de cessation est prononcé, interdisant au défendeur le comportement litigieux à l’avenir. En cas de violation ultérieure de cette décision, une amende, une détention ou d’autres mesures judiciaires peuvent être ordonnées (§ 890 ZPO).


Champs d’application et exemples pratiques

Droit de la concurrence et protection de la propriété industrielle

Dans le domaine du droit de la concurrence les actions préventives en cessation sont fréquentes, notamment en cas de publicité illicite ou d’autres pratiques commerciales trompeuses, annoncées ou concrètement préparées. Ce type d’action est également pertinent en droit des marques ou d’auteur, par exemple en cas de risque imminent de contrefaçon de produits juste avant une mise sur le marché.

Droit de la personnalité

Dans les cas où une publication de presse dommageable à la réputation ou la divulgation de données personnelles sensibles a été concrètement annoncée, il existe également la possibilité d’une action préventive en cessation.

Protection de la propriété intellectuelle

En droit de la propriété intellectuelle, l’action préventive en cessation sert à la protection préventive contre une atteinte imminente à des brevets, des marques, des dessins ou des droits d’auteur, par exemple en cas d’annonce de produits d’imitation lors de salons professionnels.


Particularités et limitations

Principe de subsidiarité

L’action préventive en cessation est subsidiaire par rapport à d’autres recours, par exemple lorsqu’une mesure administrative ou civile est déjà susceptible d’assurer une protection juridique effective.

Limites de la protection juridique préventive

Les tribunaux font preuve de retenue, afin de ne pas intervenir dans des situations purement spéculatives ou hypothétiques. Une probabilité suffisante doit être démontrée ; un éventuel renversement de la charge de la preuve, comme cela peut être le cas en cas d’atteinte déjà survenue (risque de réitération), ne s’applique pas ici.

Abus du droit à cessation

Le principe de la bonne foi (§ 242 BGB) s’applique également aux actions préventives en cessation. Si l’action est abusive ou vise uniquement à entraver les intérêts légitimes du défendeur, elle peut être rejetée.


Conclusion

Die action préventive en cessation est un instrument important de protection des biens juridiques menacés en droit civil allemand. Elle permet de parer de manière effective à un danger imminent de violation de droits avant la survenance d’un dommage. Pour réussir, il est toutefois nécessaire d’établir de manière substantielle une situation concrète de risque de première commission. Son champ d’application concerne notamment le droit de la concurrence, le droit de la personnalité et la propriété intellectuelle. Ses exigences procédurales et substantielles sont élevées et imposent une motivation juridique soignée ainsi qu’une présentation précise du comportement illicite redouté.

Foire aux questions

Dans quelles circonstances l’introduction d’une action préventive en cessation est-elle juridiquement recevable ?

Une action préventive en cessation est en principe recevable lorsqu’il existe un risque concret de première commission, c’est-à-dire lorsqu’une violation de droit est à craindre alors même que l’acte de violation n’a pas encore eu lieu. La condition est que le demandeur puisse exposer et rendre vraisemblable que le défendeur s’apprête sérieusement et de manière imminente à porter atteinte à ses droits, par exemple par des annonces, des actes préparatoires, des projets concrets ou par la mise en place d’un cadre juridique (par exemple par des mises en demeure ou des déclarations publiques). De simples peurs ou risques abstraits ne suffisent pas. Les domaines d’application typiques sont notamment le droit de la concurrence, le droit des marques ainsi que le droit général de la personnalité.

Quelles exigences la jurisprudence pose-t-elle à l’exposition du risque de première commission ?

La jurisprudence exige que le risque de première commission soit présenté de façon spécifique, tangible et objectivement compréhensible. Le demandeur doit exposer des faits concrets rendant indubitable le sérieux danger d’une violation redoutée. Les allégations générales ne suffisent pas ; il faut apporter des indices d’une atteinte effectivement imminente, tels que : publicités, investissements dans des canaux de distribution appropriés, requêtes administratives ou annonces en lien direct avec l’objet. Les juridictions apprécient la vraisemblance avec rigueur, notamment dans les litiges de concurrence.

Comment l’action préventive en cessation se distingue-t-elle de la défense contre une atteinte déjà réalisée ?

L’action préventive en cessation se différencie de la défense contre des atteintes déjà réalisées en ce qu’elle vise la première intervention du défendeur, et ne cherche pas à empêcher la répétition d’un acte déjà accompli. Si en cas de risque de réitération, le comportement illicite antérieur sert de base, l’action préventive requiert un pronostic que le comportement incriminé est susceptible de survenir. Il est donc décisif que le demandeur ne veuille pas faire cesser un trouble déjà réalisé, mais qu’il vise la protection contre un comportement futur non encore effectif.

Quelles sont les conséquences juridiques d’une action préventive en cessation couronnée de succès ?

Si l’action préventive en cessation est jugée fondée, un jugement d’interdiction est prononcé, interdisant explicitement au défendeur de commettre l’acte redouté. En cas de violation, des sanctions telles que des amendes ou la détention (§ 890 ZPO) sont encourues. La décision de justice a également un effet préventif : elle procure une sécurité juridique et protège le demandeur contre des violations dont la survenance était, du fait de la menace concrète, prévisible. Une condamnation dans le cadre d’une telle action oblige le défendeur à ne pas devenir « primo-délinquant ».

Qui supporte la charge de l’exposition et de la preuve dans l’action préventive en cessation ?

Dans l’action préventive en cessation, le demandeur assume en principe la charge de l’exposition et de la preuve quant à l’existence du risque de première commission. Autrement dit, il doit démontrer de façon substantielle qu’un tiers objectif, compte tenu de tous les éléments, constaterait la possibilité sérieuse d’une violation future. Le défendeur peut alors réfuter de façon circonstanciée les faits avancés ou présenter des éléments de fait de nature à écarter la menace alléguée.

Quel rôle jouent les mesures extrajudiciaires dans le contexte de l’action préventive en cessation ?

Les mesures extrajudiciaires, telles que les mises en demeure, peuvent contribuer à éliminer le danger lorsqu’il existe des indices concrets, mais elles n’excluent pas la possibilité d’une action préventive en cessation, dans la mesure où le risque de première commission n’est pas écarté de manière définitive. Si, par exemple, le perturbateur (potentiel) refuse de signer une déclaration d’engagement à cessation sous astreinte, ou si son comportement reste propre à entraîner une violation future, l’action en cessation reste recevable dans une perspective préventive. Toutefois, les juridictions vérifient régulièrement si la voie de la mise en demeure n’aurait pas été opportune et nécessaire.