Protection des vidéos mobiles par le droit d’auteur : Nouveaux critères posés par le tribunal régional de Francfort-sur-le-Main
Le 6 juin 2025, le tribunal régional de Francfort-sur-le-Main (réf. : 2-06 O 299/24) a rendu une décision de principe concernant la protection par le droit d’auteur des vidéos réalisées avec un téléphone portable. L’affaire illustre que même des vidéos apparemment simples et banales, telles que celles réalisées quotidiennement avec des appareils mobiles, ne sont pas automatiquement exclues du champ d’application du droit d’auteur. Le tribunal souligne également que la capacité à être protégée n’est pas liée à l’utilisation de techniques professionnelles ou à une intention artistique.
Contexte de la procédure
Au cœur du litige se trouvait l’utilisation non autorisée d’une vidéo réalisée à titre privé sur la page en ligne d’une entreprise médiatique. La vidéo montrait une scène de la vie quotidienne et n’avait été créée ni avec un effort technique ni artistique particulier. Le demandeur, auteur de la vidéo, a sollicité l’interdiction de toute exploitation ultérieure ainsi que le paiement d’une rémunération appropriée. La partie adverse a rétorqué qu’il s’agissait d’un simple « instantané » et que la hauteur créative nécessaire à la protection par le droit d’auteur faisait défaut.
Appréciation du droit d’auteur concernant les vidéos du quotidien
Critère de la « création intellectuelle propre »
Le tribunal a précisé que la condition, posée à l’article 2, paragraphe 2, de la loi allemande sur le droit d’auteur (§ 2 Abs. 2 UrhG), dite de la « création intellectuelle individuelle », ne suppose pas que les œuvres remplissent un certain standard artistique ou technique. Tout au contraire, toute expression de la personnalité individuelle de l’auteur suffit, même pour des prises de vue sans équipement particulier ou sans postproduction élaborée. Ce qui prime, c’est la reconnaissance d’un choix, d’une mise en forme ou d’une perspective personnelle. Cette décision confirme que pour les œuvres cinématographiques – dont font partie les vidéos réalisées avec des appareils mobiles – le seuil d’accession à la protection au sens de la loi sur le droit d’auteur est relativement bas.
Distinction entre contenus purement techniques et création humaine
Le tribunal a également différencié les contenus générés automatiquement (par exemple, des séquences vidéo produites sans intervention humaine) de ceux impliquant, au minimum, des choix personnels concernant le cadrage, le sujet ou la durée de l’enregistrement. De simples actions comme déclencher volontairement l’enregistrement ou sélectionner un sujet suffisent déjà à conférer la protection par le droit d’auteur.
Portée pour la pratique de l’utilisation des médias
Responsabilité lors de l’exploitation de contenus tiers
Pour les entreprises et les particuliers utilisant des contenus de tiers, les implications sont considérables. Il ne suffit pas de traiter une vidéo comme libre de droits du seul fait de son absence de professionnalisme apparent. Toute utilisation sans le consentement préalable du titulaire des droits peut entraîner des droits à cessation, information et dommages-intérêts. Bien souvent, des droits à information supplémentaires pour déterminer la diffusion et la portée sont également en jeu.
Licences et modèles de rémunération
Qu’il s’agisse de contributions journalistiques, de campagnes marketing ou d’actions sur les réseaux sociaux, l’obtention des autorisations nécessaires reste généralement indispensable. En l’absence de consentement explicite de l’auteur, une publication ou une diffusion ultérieure peut constituer une violation du droit. Une rémunération forfaitaire ou calculée individuellement peut alors être due, son montant dépendant de divers facteurs tels que la portée ou la nature de l’exploitation.
Cadre juridique et risques de responsabilité
Limites et exceptions au droit d’auteur
Le droit d’auteur prévoit effectivement des exceptions, notamment pour les citations, les reportages sur des faits d’actualité ou l’usage privé. Cependant, ces exceptions doivent être interprétées de manière stricte et ne s’appliquent pas dans tous les cas. Plus particulièrement, lorsqu’une vidéo est rendue accessible au public sur les plateformes Internet, c’est la principale application des droits à l’interdiction par le droit d’auteur qui est concernée.
Droits de la personnalité et co-auteur
Au-delà du droit d’exploitation proprement dit, les droits de la personnalité des personnes représentées peuvent également être concernés. Il convient également de noter que lors de la production et de l’exploitation de vidéos impliquant plusieurs participants (par exemple lors d’interviews ou de scènes de groupe), des situations de co-création peuvent survenir, impliquant des conséquences juridiques nécessitant une clarification supplémentaire.
Conséquences pour les entreprises et les particuliers
La décision du tribunal régional de Francfort-sur-le-Main renforce la sécurité juridique quant à la qualification des vidéos mobiles comme œuvres cinématographiques protégées par la loi sur le droit d’auteur. L’arrêt souligne que les entreprises et les particuliers doivent faire preuve d’une vigilance particulière lors de l’utilisation de vidéos sur des plateformes numériques. La distinction entre œuvre protégée par le droit d’auteur et contenu libre de droits doit toujours être évaluée avec attention, selon le cas d’espèce.
Remarque concernant la situation juridique actuelle
Il convient de noter que les procédures relatives au droit d’auteur sont soumises à un examen au cas par cas et que les décisions peuvent varier en fonction des circonstances. Les principes exposés ci-dessus reflètent l’état actuel de la réflexion du tribunal régional de Francfort-sur-le-Main dans l’affaire réf. : 2-06 O 299/24 (état au 06.06.2025).
Pour toute question concernant l’utilisation ou la protection de ses propres vidéos ou de celles de tiers, sur support numérique ou analogique, les Rechtsanwälte de MTR Legal sont à votre disposition pour vous accompagner. L’équipe conseille avec compétence entreprises, investisseurs et personnes privées fortunées sur toutes les questions juridiques relatives au droit d’auteur et aux domaines connexes.